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"Je ne suis pas gay", ou comment l’homophobie se déchaîne dans une téléréalité russe

© Capture d’écran

Par Lavinia Rotili

Elle a fait des centaines de milliers de vues sur Youtube : c’est une émission russe appelée "Я не гей", à savoir : "Je ne suis pas gay". 

Le concept de départ est celui des téléréalités : on prend huit hommes et on les emmène dans une villa à la campagne. Ensuite, commencent les épreuves. Nos confrères de France Info ont bien analysé l’émission : par exemple, ils doivent toucher un fessier à l’aveugle et dire s’il s’agit de celui d’un homme ou d’une femme, ou, encore, ils sont mis face à des strip-teaseurs.

L’objectif ? Tester la virilité de chaque candidat et son orientation sexuelle. Sur les huit candidats, sept sont censés être hétérosexuels : leur "mission" est de trouver le candidat homosexuel. S’ils y arrivent, ils remportent une somme qui équivaut à 27 mille euros, sinon, la somme est pour le candidat gay.

Si le concept suscite la polémique et fait l’objet de nombreux articles chez nos confrères en Europe, c’est que le concept évidemment pose question : "Trouver un homosexuel dans ce pays, c’est comme trouver un McDonald’s qui marche. Il y en a certainement, mais pas beaucoup et peu de gens les connaissent" est la phrase qui accompagne le début de l’émission.

Un député d’extrême droite et homophobe dans l’émission

A cela ajoutez la participation d’un député d’extrême droite, Vitaly Milonov, qui, faisant son apparition sur le plateau affirme : "Chaque jour, j’essaierai d’aider les participants à identifier le maillon faible."

Les plus informés n’oublieront pas que le député est également à l’origine d’une loi promulguée en 2013 et qui est "contre la propagande gay". Nous vous l’expliquions à l’époque, le mot "homosexuel" avait été remplacé par "relations sexuelles non traditionnelles" sans que cela ne change le contenu de la loi.

Nos confrères du Mirror rappellent également que dans un documentaire de la BBC, ce même député avait affirmé, en parlant des personnes homosexuelles, que "de la merde, ce n’est pas dangereux, mais ça reste quand même désagréable à voir dans les rues." 

Ses propos homophobes ont été encore plus loin — si possible – lorsqu’il a affirmé que "L’homosexualité est dégoûtante. L’homophobie est naturelle et belle."

© AFP or licensors

Officiellement, l’homosexualité n’est plus un crime depuis 1993 et n’est plus considérée comme une maladie, ce qui a été le cas jusqu’en 1999. Cependant, le pays reste très peu tolérant : les violences de nature homophobes ainsi que les incarcérations s’y multiplient. Vladimir Poutine est farouchement opposé aux mariages entre personnes du même sexe.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a d’ailleurs condamné la Russie en 2021 parce qu’elle n’offre aucun moyen aux couples du même sexe de faire reconnaître leur union, que ce soit par le biais du mariage ou d’un autre cadre légal.

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