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Je veux aider les demandeurs d’asile à la rue, que puis-je faire ?

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Depuis plus d’un an et demi, la Belgique traverse une crise de l’accueil. En 2022, près de 37.000 demandes d’asile ont été déposées dans notre pays d’après le Commissariat aux réfugiés et aux apatrides (CGRA). Ces personnes viennent essentiellement d’Afghanistan, de Syrie, de Palestine ou encore d’Erythrée.

Notre pays est incapable de loger tous ces demandeurs d’asile : les 96 centres coordonnés par l’agence fédérale Fedasil sont saturés. Pendant des mois, ces êtres humains se retrouvent le long du canal de Bruxelles à dormir dans des tentes de fortune et sous des températures glaciales. D’autres demandeurs d’asile investissent des bâtiments vides, des squats dans des conditions sanitaires catastrophiques comme au " Palais des droits " à Schaerbeek, évacué par les forces de l’ordre au mois de février.

Au cas par cas, des solutions d’urgence sont trouvées comme pour les 70 demandeurs d’asile du futur centre de crise à Saint-Josse – un bâtiment qu’ils occupaient depuis trois semaines. Ce lundi, ils ont été relogés dans deux hébergements temporaires de la capitale. Mais plus de 2000 demandeurs d’asile seraient toujours à la rue d’après le Ciré, l’association qui défend les droits des personnes exilées avec ou sans titre de séjour.

Or, des demandeurs d’asile à la rue ou dans des squats, c’est contraire à la loi belge et européenne ! La Belgique doit normalement accueillir, loger, nourrir ces demandeurs d’asile jusqu’à la fin de leur procédure d’asile. Notre pays a d’ailleurs été condamné à des milliers de reprises par des tribunaux belges et la Cour européenne des droits de l’homme. Elle a été contrainte de payer des astreintes qui grimpent déjà à près de 300 millions d’euros.

Peut-être cette situation vous met en colère et vous indigne comme d’autres citoyens et citoyennes déjà mobilisés dans cette crise ? Peut-être, vous voulez agir, mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Voici des actions concrètes que vous pouvez accomplir dès aujourd’hui pour aider les demandeurs d’asile sans logement, et donc sans place dans un centre d’accueil de Fedasil.

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Pour des personnes à la rue, l’urgence absolue est de trouver un logement. Les citoyens et citoyennes peuvent donc décider d’accueillir ces personnes à leur domicile (ou dans une résidence secondaire), même si cette aide est évidemment la plus contraignante. " C’est le premier besoin, mais ce n’est pas le plus simple. Des demandeurs d’asile arrivent chez nous. Ils n’ont pas forcément de proches ou de connaissance en Belgique chez qui loger. Ils sont démunis, ils ne savent pas à qui s’adresser et se retrouvent à dormir sur un carton dans la rue. Les citoyens qui seraient suffisamment armés et sereins pour les accueillir, peuvent le faire, en dehors du dispositif légal ", explique Sotieta Ngo, directrice générale du Ciré.

En 2017, des citoyens ont déjà hébergé des migrants. Certains ont été poursuivis pour complicité d’un trafic d’êtres humains, avant d’être acquittés en 2021. Ici, la situation est différente : il n’y a pas de risque de poursuite judiciaire d’après Sotieta Ngo. " Sauf si des infractions sont commises, évidemment. Quelqu’un qui logerait 40 personnes dans un 9 m2 et leur demanderait 50 euros par jour, pourrait être assimilé à la traite et au trafic d’êtres humains. Mais un citoyen qui héberge une ou plusieurs personnes pour les mettre à l’abri des intempéries, surtout si ce sont des demandeurs d’asile, ne court aucun risque. "

Faire des dons et s’investir comme bénévole

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Outre des dons financiers, vous pouvez faire des dons matériels à des associations comme Serve the City ou la Plateforme citoyenne BELRefugees et dans leurs points de collecte, mais aussi directement au Hub Humanitaire : des produits d’hygiène, des vieux GSM, des vêtements, des chaussures, des sacs de couchage, des couvertures ou même des tentes.

L’association Serve The City coordonne les énergies citoyennes et bénévoles et gère des activités très concrètes pour aider ceux et celles dans le besoin. Depuis 2015, la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés poursuit le même objectif et a mis en place des dispositifs de logement comme le centre "La Porte d’Ulysse" à Schaerbeek. Créé par plusieurs associations, le Hub humanitaire, est situé près du Canal à côté de Tour & Taxis : ce centre d’accueil et d’orientation accueille les demandeurs d’asile pour leur permettre de se mettre à l’abri, de se doucher ou de profiter d’un repas pendant la journée. Ils peuvent également obtenir des soins médicaux, un soutien psychologique ou des conseils juridiques.

Avec ces associations et ces centres, vous pouvez participer à la préparation des repas distribués par Serve The City aux demandeurs d’asile à la rue ou dans les squats. Au Hub humanitaire, vous pouvez aider au tri ou à la distribution des vêtements, préparer les kits d’hygiène, orienter les migrants et leur transmettre des informations.

Sans oublier les compétences linguistiques. " Des dialectes sont très recherchés. Avoir des connaissances en anglais et en arabe, ça reste intéressant, mais nous recherchons par exemple des personnes qui maîtrisent le tigré ou le perseLes demandeurs d’asile ont toujours besoin de comprendre des équipes médicales et associatives. Toute aide pour la traduction est donc la bienvenue. "

 

Soutenir et s’indigner

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Parfois, une simple présence humaine apporte déjà du réconfort. Se rendre auprès des demandeurs d’asile, échanger quelques mots avec eux, partager des moments ensemble, tout ça contribue à améliorer leur santé mentale. " Ces personnes sont terriblement démunies et désespérées. Elles apprécient très fortement quand des citoyens belges viennent leur dire : je vous comprends, je suis là à vos côtés, je ne vous considère pas comme indésirable et je ne suis pas d’accord avec ce que fait mon pays avec vos droits. C’est un rapport direct, d’humain à humain. "

Enfin, s’indigner. Sur les réseaux sociaux. Dans la rue. Devant les squats ou aux côtés des demandeurs d’asile. " C’est symbolique, mais le symbolique peut vite devenir du concret. Quand les citoyens sont très nombreux à s’indigner et à exprimer cette indignation, ça exerce une véritable pression sur nos autorités. "

Pour Sotieta Ngo, vous ne devez pas non plus hésiter à interpeller les autorités locales. La migration, matière fédérale, concerne toute la Belgique, mais dans les faits, la pression se concentre surtout dans les communes bruxelloises où se trouvent les principales institutions fédérales. " On peut très bien habiter en Hesbaye et en Ardenne, aller trouver son bourgmestre, son président du CPAS ou encore le propriétaire d’un bâtiment vide et lui demander si la commune ne peut pas s’impliquer dans cette situation d’indignité humaine en proposant des solutions de logement. Toutes les communes peuvent volontairement proposer des places d’accueil. "

D’ailleurs, la campagne " Commune Hospitalière ? " s’inscrit dans ce mouvement et regroupe des initiatives locales portées par des citoyens et des associations. Ensemble, ils déposent par exemple des interpellations à leur commune. " Une commune hospitalière s’engage à améliorer l’information et l’accueil des personnes migrantes, quel que soit leur statut. Elle facilite les démarches pour tous les migrants. Elle s’engage a minima à deux niveaux : sensibiliser sa population aux questions migratoires et améliorer concrètement l’accueil des migrants dans le respect des droits " peut-on lire sur le site internet de cette campagne. La carte interactive ci-dessous rassemble tous les groupes actifs en Wallonie et à Bruxelles.

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Pour conclure, Sotieta Ngo nous le rappelle : oui, nous pouvons être solidaires et aider les demandeurs d’asile en améliorant leurs conditions de vie, mais la réponse doit surtout être politique et structurelle. " C’est une responsabilité des autorités, de l’État fédéral avant tout. Car, pour un citoyen, ce n’est pas rien d’encadrer un demandeur d’asile en détresse, qui a fait un long parcours, qui vit depuis longtemps à la rue, qui a subi des traumatismes. Malgré tout, nous, citoyens, nous avons assurément un rôle à jouer. "

Vous retrouverez d’autres idées sur le site internet du Ciré, même si toutes ces initiatives ne sont plus forcément d’actualité. Vous en connaissez d’autres ? N’hésitez pas à nous les faire parvenir via contact@vivreici.be

 

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