Belgique

Jean-Marc Nollet (Ecolo) sur le dossier énergétique : "L’acteur étatique doit être davantage présent"

L'invité de Matin Première : Jean-Marc Nollet

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Temps de lecture
Par Ambroise Carton sur la base d'une interview menée par François Heureux et Thomas Gadisseux

Le gouvernement fédéral et Engie ont conclu un accord ce lundi 9 janvier. C’est décidé : les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 seront prolongés pour dix ans, à partir de novembre 2026, sous la responsabilité d’Engie et de l’Etat fédéral.

Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, était ce mardi l’invité de Matin Première pour faire le point sur ce dossier. Il a répondu aux questions de Thomas Gadisseux.

L’écologiste met en avant le contexte international pour justifier cet accord. "Jusqu’à fin 2021, début 2022, tous les signaux nous conduisaient à faire le choix de la sortie complète du nucléaire en 2025". Et puis il y a eu la guerre en Ukraine, un "événement totalement imprévisible" qui a entraîné des menaces sur l’approvisionnement en énergie et une explosion des prix.

Jean-Marc Nollet rappelle qu’il y avait deux options dans l’accord de gouvernement : soit une sortie complète du nucléaire en 2025, soit "une option au cas où les prix étaient trop importants et où il y avait un risque sur la sécurité d’approvisionnement de prolonger deux réacteurs pour dix ans".

Dans ce contexte, "nous avons fait le choix de prendre le plan B qui était prévu dans l’accord de gouvernement". Cependant, "il fallait entamer une négociation avec Engie parce que cela ne pouvait pas se faire à n’importe quel prix".

Le 100% renouvelable à l’horizon 2050

Sur le fond, le coprésident d’Ecolo estime que cela ne change rien sur "le combat historique" de son parti, qui "envisage à l’horizon 2050 un système de production d’énergie 100% renouvelable".

Restait à faire un travail sur la phase de transition, un point sur lequel les gouvernements précédents ont pris du retard, estime Jean-Marc Nollet. Celui-ci rappelle que, selon les termes de l’accord avec Engie, "l’Etat ne devient pas l’exploitant. l’Etat va intervenir comme actionnaire de cette structure qui va gérer les deux réacteurs pendant 10 ans".

L’écologiste ajoute que "ce gouvernement travaille sur la transition complète, pas seulement le regard sur le nucléaire, qui est nécessaire dans cette phase de transition, mais aussi sur l’hydrogène et sur la réduction de la consommation. L’acteur étatique doit être davantage présent sur tout ça, oui, c’est assumé".

Il poursuit : "Il y a un enjeu important pour que l’autorité publique reprenne la main un peu à la fois sur le secteur énergétique qui a été délaissé au seul secteur privé".

Contribuer aux "solutions nécessaires"

Concernant les détails de l’accord entre le Fédéral et Engie, les réacteurs vont fermer en 2025. Il est ensuite prévu d’en relancer deux en novembre 2026. Il y a donc un trou d’un an. Que va-t-il se passer durant cette année de transition ?

"Dans l’accord convenu avec Engie, Engie s’est engagé à ce que pour cette période de transition d’un an ou deux, deux hivers en fait, ils contribuent aux solutions nécessaires", répond Jean-Marc Nollet. Il détaille différentes propositions d’Ecolo : "Il y a différentes possibilités, notamment dans le secteur des batteries, dans la prolongation de centrales qui existent aujourd’hui, nucléaires ou non nucléaires, qui permettraient à Engie de combler cette année-là en prolongeant d’un an ou de deux ans."

L’écologiste estime que "la Belgique a de nombreux atouts. Quand on regarde ce qui se passe en France, à ce point dépendant du vieux nucléaire, quand on voit qu’aujourd’hui c’est la Belgique qui alimente la France, on peut être fier d’avoir une ministre de l’Énergie et un Premier ministre qui s’occupent déjà de ce qui va se passer dans trois et quatre hivers." Il tacle au passage : "En 2018, quand la ministre Marghem s’occupait du secteur, on a eu une situation où il n’y avait plus aucun réacteur qui fonctionnait en Belgique."

Quid des déchets nucléaires ?

Pour autant cet accord ne marque pas la fin de l’histoire. "Avec le secteur du nucléaire, on n’est jamais à l’abri de problèmes. C’est évident et on le voit bien en France. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nous ne voulons pas avoir une politique énergétique qui soit basée exclusivement, pendant les 10 ans à venir, sur le nucléaire."

Il faudra aussi régler la question des déchets nucléaires. Selon Jean-Marc Nollet, "la facture totale sera envoyée à Engie, plus une marge de garanties et d’assurances. Celle-ci est encore à déterminer. L’accord n’est pas encore conclu là-dessus, mais il n’y a pas de facture qui est envoyée au contribuable ou à l’État. La facture totale du démantèlement et de la gestion des déchets est envoyée à Engie. On est en train de chiffrer cette facture et on ajoutera un complément lié à une prime de risques".

On croise les doigts

Le montant n’est donc pas connu, mais "la facture sera établie sur la base du scénario du pire, plus une marge de garanties, explique Jean-Marc Nollet. Donc, on ne peut pas aujourd’hui prétendre qu’il y a une clé de répartition en disant que l’État va prendre une partie à sa charge et Engie va en prendre une autre. Non, la totalité de la facture, plus une marge d’assurances, sera transférée à Engie. En 2024, l’argent arrivera cash dans les caisses de l’État. Je préfère personnellement avoir de l’argent en cash en 2024 qu’attendre 2055-2060 de voir si Engie existera encore à ce moment-là et acceptera de payer".

Le coprésident d’Ecolo conclut : "On croise les doigts, mais surtout on travaille juridiquement et on travaille depuis déjà des mois à obtenir une solution qui convertisse ce principe essentiel pollueur-payeur."

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous