L’augmentation de ces déplacements via des vols privés relance le débat de la taxation. Les déplacements en jets privés des personnalités font l’objet de critiques ou de dénonciations sur les réseaux sociaux. Le "flight tracking", cette pratique qui consiste à repérer les mouvements des jets privés des milliardaires et autres personnalités est à la mode.
Cela donne aussi de l’eau au moulin à ceux qui voudraient taxer ces vols ou, à tout le moins, taxer le kérosène.
C’est en effet une particularité de l’aviation, le kérosène est l’un des rares carburants à n’être pas taxé. C’est un avantage concurrentiel que les Américains ont obtenu pour le secteur aérien en 1944, dans le cadre de la Convention de Chicago. À l’époque, on voulait encourager le développement des liaisons internationales et, par ce biais, faire tourner les usines américaines de production d’avions.
Près de 80 ans plus tard, cet avantage est toujours là et les tentatives d’aboutir à une réelle taxation du kérosène ne sont jamais allées bien loin.
Au niveau européen, depuis 2003, une directive européenne concerne la taxation de l’énergie, mais laisse le kérosène tranquille. C’est l’été dernier, en 2021, que l’Europe, à la demande de plusieurs Etats, est revenue avec une proposition pour réformer la taxation des produits énergétiques dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Cette fois, dans les cartons de la Commission, il était bien question du kérosène que la Commission envisageait de taxer à partir de 2023 pour tous les vols au sein de l’Union européenne. Jusqu’à présent ce projet de réforme n’a pas encore abouti. Il a suscité la grogne du secteur aérien, notamment. La réforme de la directive n’en est aussi encore qu’au stade de discussion.
Cela dit, dans le projet européen de réforme de la taxation des produits énergétique, rien ne dit que tous les avions seraient logés à la même enseigne. Les avions privés pourraient encore y échapper.
En Belgique existe, malgré tout, une taxe à l’embarquement pour tous les vols y compris privés, de 2 euros jusqu’à 10 euros par passager dont la destination est située à moins de 500 km.
Quant à une taxation spécifique des vols des jets privés et autres avions d’affaires, certains, comme la co-présidente de Groen, Nadia Naji, proposent une taxe de 3000 euros par vol de ce type au départ de Belgique.