La franchise est-elle l’avenir des supermarchés ? C’est non pour Myriam Delmée du Setca. "Je lis dans la presse que 600 supermarchés, dont des franchisés, sont au bord de la faillite et qu’un indépendant sur trois serait dans des difficultés financières", argumente-t-elle. "Donc je ne sais pas si c’est l’avenir", ajoute-t-elle.
"Vous ne me ferez pas dire que l’avenir, ce sont les habitudes du consommateur sans qu’on y mette jamais aucune limite", poursuit Myriam Delmée en faisant référence aux heures et jours d’ouverture différents pour les franchisés que pour les supermarchés intégrés, notamment l’ouverture de ces magasins le dimanche.
Mais, dit-elle, "si demain on a les mêmes conditions dans le commerce, qu’on a une représentation collective partout, que tout va bien dans le meilleur des mondes, que ça s’appelle Delhaize ou que ça soit le franchisé du coin, pour moi, c’est égal".
En face, Pierre-Frédéric Nyst défend la manière dont les franchisés traitent leurs salariés. "Je rencontre aussi des travailleurs qui ont travaillé dans des magasins intégrés, qui travaillent maintenant chez des franchisés et qui disent qu’il y a beaucoup d’avantages", explique-t-il.
Et de citer, selon lui, les avantages des magasins franchisés. "Vous avez un patron qui est un chef d’entreprise, que vous pouvez rencontrer. Il y a une proximité qui est beaucoup plus importante", argumente Pierre-Frédéric Nyst. "Cela permet de désamorcer beaucoup de problèmes, beaucoup de conflits quand on travaille dans des petites équipes", ajoute-t-il.
Pour le patron de l’UCM, les travailleurs des magasins franchisés n’ont pas un statut précarisé. "Il y a des témoignages qui disent nous avons également un treizième, voire un quatorzième mois", explique-t-il. "Il faut arrêter de dire que c’est une régression. Ce sont des procès d’intention", ajoute Pierre-Frédéric Nyst.
"Qu’il y ait des indépendants qui payent un treizième mois, qu’il y ait des indépendants qui mènent leur barque convenablement, qui sont de vrais entrepreneurs, vous ne m’entendrez pas dire le contraire", se défend Myriam Delmée. Mais pour elle, par rapport à la problématique de Delhaize, il faut "aligner les arguments qui sont objectifs et juridiques". Et pour elle, objectiver les choses, c’est rappeler que chez Delhaize, il y a "une tradition de concertation sociale, où des avantages ont été négociés et qui peuvent disparaître moyennant un préavis de six mois".