Belgique

Jeudi en Prime : la ministre Lahbib doit "prendre ses valises, partir en Iran", demande l’ami d’Olivier Vandecasteele

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Olivier Van Steirtegem était l’invité de l’émission Jeudi en Prime, ce jeudi, sur la Une. C’est l’ami d’Olivier Vandecasteele, ce Belge détenu en Iran depuis le 24 février. Olivier Vandecasteele a écopé de plusieurs peines pour une condamnation totale à 40 ans de prison et à 74 coups de fouet.

Le cas d’Olivier Vandecasteele, travailleur humanitaire, accusé d’espionnage par Téhéran, est en fait lié à celui d’Assadollah Assadi, diplomate iranien condamné en Belgique à vingt ans de prison pour terrorisme.

L’Iran exige un échange de prisonnier. Toutefois, un éventuel échange ne peut avoir lieu pour le moment. L’accord de transfèrement avec l’Iran a été bloqué par la Cour constitutionnelle qui en a suspendu les effets début décembre. La Cour devrait se prononcer au fond en février. En attendant, Olivier Vandecasteele reste en prison.

"C’est un scandale d’Etat !"

Pour Olivier Van Steirtegem, ami d’Olivier Vandecasteele, le fait que ce dernier soit encore emprisonné en Iran, sans que la Belgique n’ait trouvé une solution, si ce n’est attendre une décision de la Cour constitutionnelle fin février, c’est "un scandale d’Etat". "D’autres pays de ce monde ont le même problème avec la diplomatie des otages exercée par les autorités iraniennes et ne s’embarrassent pas de savoir dans quelle mesure il faut mettre en place des traités de transfèrement ou d’autres subtilités juridiques que j’ignore", réagit Olivier Van Steirtegem.

Ces pays "échangent, tout simplement parce qu’ils considèrent que la vie d’un de leur concitoyen prime sur le prix à payer, quel qu’il soit, même si on parle d’échange ou de transfèrement d’un terroriste", ajoute Olivier Steirtegem. Qui plus est un terroriste "qui n’a pas commis d’attentat et a déjà exercé 5 années de sa peine", explique l’ami d’Olivier Vandecasteele.

Pour Olivier Van Steirtegem, "il vaut mieux 100 terroristes en liberté qu’un innocent en prison". "Est-ce qu’on peut regarder son ami, son fils, son frère dans les yeux en lui disant 'on est vraiment désolé, prends-toi 74 coups de fouet. Peut-être que tu vas en mourir. Prends-toi 40 années de prison parce qu’il y a quelqu’un qu’on veut aimerait garder encore deux ans en prison ?", se demande Olivier Van Steirtegem pour qui le terroriste, diplomate iranien emprisonné en Belgique avec une peine de 20 ans de prison pourrait bénéficier d’une remise de peine et sortir dans deux ans.

Olivier Van Steirtegem souligne par ailleurs que, selon les contacts qu’il a eu avec le Premier ministre belge De Croo, le ministre de la Justice Van Quickenborne et la ministre des Affaires étrangères Lahbib qu’actuellement, aucune autre piste n’était envisagée par la Belgique que celle du traité de transfèrement avec l’Iran pour échanger le prisonnier iranien avec Olivier Vandecasteele.

Le gouvernement belge à la hauteur ? "Vraissemblablement non !"

Olivier Van Steirtegem rappelle d’abord le calvaire que traverse son ami en Iran. "Allez-vous mettre dans une cave, à l’isolement, pas de chauffage, pas de nourriture ou de la très mauvaise nourriture, pendant les cinq premiers mois, pas de mobilier, dormir à même le carrelage, avoir un trou dans sa cellule pour faire ses besoins et dépendre du bon vouloir de son geôlier qui s’exprime uniquement en farsi", interpelle-t-il. A cette liste, il ajoute le fait qu’Olivier Vandecasteele n’a pu être défendu par les avocats choisis par ses proches, mais par "un avocat qui ne pipe pas un mot pendant toute l’audience".

Après tout cela, et la liste n’est pas exhaustive, Olivier Van Steirtegem estime qu'"il faut qu’on fasse quelque chose et qu’on soit à la hauteur".

Et comme le traité de transfèrement est bloqué par la Cour constitutionnelle, c’est, selon Olivier Van Steirtegem, à la ministre des Affaires étrangères d’agir. Selon lui, avoir des contacts avec l’ambassadeur d’Iran en Belgique ne suffit pas. "Il faut prendre ses valises, partir en Iran, exiger de rencontrer Olivier Vandecasteele, exiger qu’il ait accès à un médecin, au minimum", réclame l’ami d’Olivier Vandecasteele.

Que la ministre belge des Affaires étrangères parte en Iran, "ça serait un message fort que la Belgique pourrait envoyer, non seulement à Olivier Vandecasteele, mais aussi aux autorités iraniennes […] pour discuter d’hommes à femme de la question de notre ressortissant", estime Olivier Van Steirtegem.

Echanger un prisonnier avec l’Iran, sans attendre ?

Pour Olivier Van Steirtegem, la Belgique ne devrait pas attendre l’éventuelle issue du dossier "traité de transfèrement" devant la Cour constitutionnelle. "On pourrait considérer qu’il y a une contrainte irrésistible qui s’exerce à l’encontre du gouvernement belge qui pourrait dire, 'écoutez, il y a la vie d’un de mes ressortissants qui est en jeu", explique Olivier Van Steirtegem.

A titre d’exemple, l’invité de Jeudi en Prime rappelle le cas récent de la basketteuse américaine arrêté en Russie. "Cette basketteuse est condamnée. Au bout de deux mois, ils (les Etats-Unis, ndlr) décident de libérer un trafiquant d’armes qui, pour le coup, est responsable de la mort de plus de personnes que le terroriste dont on parle, en l’occurrence", explique l’ami d’Olivier Vandecasteele.

Le portrait d’Olivier Vandecasteele par son ami : "quelqu’un d’une intégrité absolue"

Olivier Vandecasteele, "c’est un homme qui est drivé par ses valeurs", explique Olivier Van Steirtegem, son ami. Après ses études, il est parti travailler en Afghanistan, "pour les héroïnomanes de Kaboul", raconte Olivier Van Steirtegem. "Ensuite, il s’est pris de passion pour cette région du Moyen-Orient", ajoute-t-il. L’homme a ensuite, en 2015, travaillé pour une importante ONG d’aide aux réfugiés en Iran, comme "directeur de pays, où là il travaillait pour l’accueil, l’accès aux soins, à l’éducation et à l’eau de la communauté afghane", en Iran.

"C’est quelqu’un qui est extrêmement investi dans son travail, qui peut travailler jour et nuit", estime Olivier Van Steirtegem. "C’est quelqu’un d’une intégrité absolue et son innocence n’est remise en cause par personne", ajoute l’ami d’Olivier Vandecasteele.

Selon Olivier Van Steirtegem, ce qui est ensuite arrivé à Olivier Vandecasteele est "un mauvais film". Il explique qu’après six ans, son ami décide de rentrer en Belgique définitivement, mais doit "aller fermer son contrat, son bail à Téhéran et aller récupérer ses affaires". Olivier Vandecasteele était ainsi retourné en Iran pour quelques jours. "Il organise, avant son retour en Belgique, une soirée d’adieu avec quelques amis dans un appartement", raconte Olivier Van Steirtegem. "On commande des pizzas et au moment où le livreur arrive, ce n’est pas le livreur de pizzas. Ce sont des jeunes sans uniformes qui séparent les femmes et les hommes d’un côté, qui mettent Olivier à genoux, dans une salle de bains, menotté. On lui demande ses codes d’accès au téléphone, à son ordinateur et qui on dit qu’il ne peut pas appeler son ambassade et sa famille", poursuit Olivier Van Steirtegem qui voit dans cette affaire, "un coup monté".

Et puisque c’est actuellement la seule piste envisagée pour espérer une libération d’Olivier Vandecasteele, son ami, comme sa famille, ont les yeux tournés vers la Cour constitutionnelle. Celle-ci devra, en février, se prononcer au fond sur le traité de transfèrement pour le moment suspendu. "On a d’excellents avocats qui nous accompagnent", réagit Olivier Van Steirtegem qui espère que les juges comprendront que "le seul otage", c’est Olivier Vandecasteele.

Jeudi en Prime

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