Premier thème abordé, celui de l’énergie. Que faire dans ce contexte de crise et de flambée des prix ?
Interrogé en premier sur ce sujet, Raoul Hedebouw demande d’abord "qu’on bloque les prix". Ensuite, pour le leader du PTB, il faut viser "Engie/Electrabel et ses 25 à 30 euros/MWh de prix de production", alors qu'"Engie nous vend ça 200 euros du MWh", estime Raoul Hedebouw. "C’est inacceptable. Le politique doit intervenir en bloquant les prix de l’énergie", plaide l’homme fort du PTB.
Il faut ensuite, pour le PTB, "aller chercher les surprofits. "Il y a 9 milliards de surprofits jusqu’en 2024 chez Engie", assure Raoul Hedebouw qui s’est dit "content avec le chiffre de 4,7 milliards d’euros" de surprofits à aller capter dans les entreprises du secteur énergétique, selon les estimations de la ministre e l’Energie, Tine Van der Straeten (Groen).
Au passage, Raoul Hedebouw rappelle le point de vue de son parti sur la libéralisation du marché de l’électricité. "Le marché de l’électricité est problématique en Belgique", estime-t-il. "Les partis, comme celui de Georges-Louis Bouchez, mais aussi le PS et Ecolo nous ont tous vendu la même fable dans les années 2000, on va libéraliser le secteur et les prix vont baisser. Pas du tout, la libéralisation du secteur, ça a fait que les grandes sociétés ont mangé les petites. En Europe, il reste sept multinationales qui dominent tout notre marché énergétique", explique Raoul Hedebouw, qui plaide pour "reprendre le contrôle public du marché".
Du côté du MR, Georges-Louis Bouchez ne partage pas le même avis. Sur la question des surprofits, il précise que tous les acteurs du secteur en Belgique ne sont pas à loger à la même enseigne. "Il y a des revendeurs d’électricité qui sont dans de graves difficultés financières", explique Georges-Louis Bouchez. Et de donner l’exemple d’un fournisseur ayant des clients sous contrat fixe. "Ce distributeur va acheter l’électricité à 300, 400€/MWh et la revend dans le cadre de contrats fixes à 80, 90€". "Ceux qui gagnent de l’argent, c’est essentiellement Engie, parce qu’ils produisent de l’électricité nucléaire", explique le Président du MR.
Quand il s’agit de taxer les surprofits, et donc ceux d’Engie, le Président du MR veut s’en tenir à l’accord européen. "La hauteur du montant a été fixée dans le cadre européen", explique-t-il. "Aujourd’hui, chaque euro gagné au-delà de 180 euros/MWh fera l’objet d’une fiscalité. C’est le cadre européen", précise George-Louis Bouchez.
Dans sa proposition de taxation des surprofits, la ministre de l’Energie, Tine Van der Straeten (Groen) souhaite abaisser le seuil à 130 euros/MWh. Ce montant n’est pas celui qui a les faveurs du Président du MR qui rappelle qu’il y a aussi des négociations en cours avec Engie pour prolonger des réacteurs nucléaires. "Je veux bien qu’on aille plus loin, mais à un moment donné, il faudra négocier l’ensemble des enjeux", estime Georges-Louis Bouchez. "Notre sécurité d’approvisionnement est fondamentale. On a besoin d’argent pour également prolonger le nucléaire". Alors, par rapport à une taxation des surprofits qui serait plus élevée que ce que l’Europe a prévu, "ça ne sert à rien de se faire plaisir pendant deux mois et après de se retrouver sans centrales, sans électricité ou de l’électricité plus chère", estime Georges-Louis Bouchez.
Pour le Président du MR, la taxation des surprofits et les négociations avec Engie sur la prolongation des réacteurs sont deux dossiers liés. "Dire qu’ils ne sont pas liés, c’est n’importe quoi. Donc, la ministre de l’Energie essaie de faire croire des choses aux gens qui sont fausses", estime George-Louis Bouchez. C’est donc pour lui "dans le cadre européen qui a été fixé qu’Engie doit être taxée". "Vouloir tenter des choses en dehors de ce cadre, c’est mettre en échec la prolongation du nucléaire", estime le Président du MR. Pour le Président du MR, la prolongation du nucléaire belge est essentielle pour assurer l’approvisionnement en électricité du pays et réduire la dépendance aux énergies fossiles, notamment le gaz et le pétrole russes, une dépendance à l’origine, selon Georges-Louis Bouchez, de l’augmentation des prix de l’énergie.
Enfin, pour le Président du MR, "Engie prolongera le nucléaire, certainement plus de deux réacteurs, et en plus, nous aurons une taxation des surprofits". "Je peux vous le garantir", a-t-il affirmé.