Belgique

Jeudi en Prime : Zakia Khattabi (Ecolo), ministre de l’Environnement, met la pression sur la Flandre pour réduire les émissions de Co2

Zakia Khattabi, la ministre fédérale Ecolo de l’Environnement, du climat, du Green Deal et du développement durable, était l’invitée de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé.

La Belgique aura-t-elle un plan climatique national avant la COP26 ? Le Fédéral est prêt

Le gouvernement fédéral et les entités fédérées sont toujours occupés à négocier un plan climatique national. L’objectif est d’aboutir avant la COP26, la conférence de Glasgow sur le changement climatique, qui se tiendra du 1er au 12 novembre.

D’ici là, les entités belges doivent se mettre d’accord pour se partager l’effort de réduction des émissions de CO2, ce qu’on appelle dans le jargon le "burden sharing", le partage du fardeau. "Les discussions sont en cours sous la présidence de la Région Wallonne", explique Zakia Khattabi. Elle rappelle que le dernier accord pour se partager l’effort à fournir avait été obtenu à la dernière minute, au bout de six ans de négociations. Les négociations en cours cette fois-ci n’ont débuté qu’il y a un an…

Du côté du gouvernement fédéral, on est déjà prêt. La ministre Khattabi présentera prochainement les détails au gouvernement. Elle explique que les efforts qui seront réalisés dans le cadre des compétences fédérales permettront "de diminuer de -55% les émissions". Pour y parvenir, les leviers de politique fédérale qui seront activés sont "la fiscalité", "l’enjeu énergétique" et "l’enjeu de la mobilité", explique Mme Khattabi sans toutefois donner plus de précisions, laissant la primeur au gouvernement.

Dans les discussions pour réduire les émissions, c’est surtout en Flandre qu’on rechigne

Si le Fédéral se dit prêt à présenter ses mesures de réduction des émissions, il n’en va pas de même dans les régions. Et c’est surtout en Flandre que cela semble coincer. La ministre fédérale Zakia Khattabi se montre critique envers la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir (N-VA). "Je ne dirais pas qu’elle me tire dans les pattes. Elle tire dans les pattes de la Flandre", a estimé Mme Khattabi. "Quand Mme Demir ne souhaite pas voir rehausser des ambitions climatiques, c’est au nom de son économie. Je voudrais dire à Mme Zuhal Demir et aux Flamands que l’enfer est pavé de bonnes intentions", déclare Zakia Khattabi.

Elle rappelle que l’objectif de l’Europe est d’atteindre la "neutralité carbone" en 2050. Même chose pour les Etats-Unis en 2050 et la Chine en 2060. "Le terrain de jeu économique est donc celui de la transition", estime Zakia Khattabi. "Si Mme Demir continue à freiner et à ne pas accompagner ses entreprises dans la transition, on risque de voir ce qui s’est passé en Wallonie", ajoute-t-elle.

En Wallonie, "pensant sauver une industrie et des emplois wallons, on a raté le chemin de la reconversion et on se retrouve sans emploi et sans industries dans certaines régions", poursuit la ministre fédérale de l’Environnement pour qui "le risque aujourd’hui pour la Flandre est le même". Pour elle, "la Flandre est de plus en plus isolée".

Et les citoyens, comment vont-ils devoir limiter leurs comportements polluants ?

"Il y a un changement de comportement, mais il doit être accompagné par le politique", souligne Zakia Khattabi. L’idée est que "les choix les plus vertueux en matière environnementale soient facilités", ajoute-t-elle. Et pour cela, il ne faudrait commettre les mêmes erreurs que dans le passé. "Sous le précédent gouvernement, on a augmenté les accises sur le diesel. En même temps, on a fermé des gares", rappelle Zakia Khattabi. Il y avait "un souci de cohérence"

"Sur la mobilité, je ne peux pas dire aux citoyens faites un effort et laissez votre voiture de côté si le Fédéral n’assume pas un investissement massif dans le train". On ne pourrait donc pas attendre de changements individuels sans avoir "posé un cadre collectif qui permet de poser ces choix de manière confortable", estime Mme Khattabi.

Quant à la proposition du Président du PS, Paul Magnette d’investir dans la gratuité des transports, Zakia Khattabi est d’accord "sur le besoin d’investissement", car "tout ce qu’on n’investit pas aujourd’hui, ce sont les déficits de demain", mais pour elle, il faut "commencer par cibler les publics qui en ont le plus besoin, en priorité".

En novembre : confirmer la fermeture des centrales nucléaires ou prolonger deux réacteurs ?

C’est en novembre que le gouvernement doit trancher s’il maintient la décision prise de fermer tous les réacteurs nucléaires en 2025 ou s’il préfère prolonger deux réacteurs.

D’ici là, le gouvernement a lancé des enchères pour convaincre des investisseurs de construire des centrales électriques au gaz pour combler le déficit de production électrique lié à la fin des réacteurs nucléaires. "Très honnêtement, je ne connais pas les propositions qui sont sur la table", déclare Zakia Khattabi. "Je ne sais pas si les offres qui sont sur la table en matière de centrales à gaz seront suffisantes, j’ai l’espoir que oui", ajoute-t-elle.

Par rapport à la flambée des prix de l’énergie : investir

Interrogée sur la flambée des prix de l’énergie, la ministre fédérale de l’Environnement soutient la proposition de sa collègue ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, de prolonger le tarif social. "C’est du court terme", précise Zakia Khattabi. Mais pour elle, "on doit continuer à répéter que l’énergie la moins chère, c’est celle qu’on ne consomme pas".

Pour Zakia Khattabi, à moyen et à long terme, il faut de l’investissement massif dans l’efficacité énergétique des bâtiments et de l’investissement dans les énergies renouvelables "pour créer une indépendance énergétique européenne".

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