Belgique

Jeunes LGBTQIA + en refuge : un réseau européen pour mieux prendre en charge

Des refuges pour aider les jeunes issus de la communauté LGBTQIA + rejetés par leurs proches se mettent en réseau pour être plus efficaces.

© AFP or licensors

Par Maïté Warland

Selon les chiffres d’Unia, ces dernières années, les agressions homophobes ou transphobes n’ont pas diminué. En France, ils ont même augmenté de près de 30%. Dans ce contexte, il n’est pas rare que des jeunes issus de la communauté LGBTQIA+ soient encore forcés de quitter leur domicile suite à des menaces de leurs proches.

Face à cette réalité, les associations d’aide ouvrent des refuges pour accueillir ces jeunes. Chez nous, un refuge a été créé à Liège mais aussi à Bruxelles, à la mi-juin, c’est la ville de Charleroi qui accueillera un hébergement de 6 places. Le but est d’en voir arriver un peu partout : "Nous sommes partenaires du refuge qui ouvre à Charleroi à la mi-juin", nous explique Dimitri Verdonck, cofondateur du refuge de Bruxelles, "mais nous allons aussi en ouvrir un prochainement à Gand, en collaboration avec le réalisateur Lukas D’Hondt (réalisateur de "Girl" ou encore "Close")."

Les demandes d’hébergement sont bien supérieures aux places disponibles :"Nous devons aussi travailler avec des demandeurs d’asile qui ont fui leur pays en raison de leur homosexualité et qui risquent leur vie. Pour le moment, notre refuge compte 14 places, nous sommes en train d’essayer de l’agrandir, notamment pour les demandeurs d’asile. Il nous faut 20 places supplémentaires. Là aussi, on sait que ça ne sera pas suffisant", ajoute Dimitri Verdonck.

L’idée de ces refuges pour jeunes issus de la communauté LGBTQIA + entre 18 et 25 ans est de leur offrir un toit, un soutien psychologique mais aussi une aide pour se reconstruire. Et cette reconstruction passe aussi parfois par un besoin de quitter sa ville : "Il arrive que des gens de Charleroi doivent couper les ponts avec leur vie, leurs proches. Venir à Bruxelles peut donc être une bonne idée. Le souci c’est que, pour l’instant, vu que tout le monde vient à Bruxelles, nous n’avons plus de place. Avec l’ouverture de ces nouveaux refuges on va pouvoir accueillir des gens qui ont besoin de couper les ponts, mais on va aussi pouvoir les laisser dans leur environnement, si c’est leur choix", explique le cofondateur du refuge Bruxellois.

Un réseau européen pour une meilleure coordination

Pour partager les expériences, mais aussi pour éviter les mauvaises pratiques, c’est tout un réseau européen qui a vu le jour :"Cela fait trois ans que nous travaillons avec des refuges français, espagnols, italiens ou suisses", explique Dimitri Verdonck. "On s’est rendu compte qu’il y avait un véritable manque de structure d’accueil de ce type, les besoins sont immenses."

L’accueil des jeunes doit se faire dans des conditions particulières : "Ce n’est pas si facile de prendre en charge ces jeunes victimes de violences, d’homophobie ou de transphobie. Il faut que le personnel soit formé, accompagné", ajoute Dimitri Verdonck.

Pour l’instant, ce réseau compte 5 pays participants mais l’objectif est aussi d’aller dans des pays où les conditions sont particulièrement difficiles pour les personnes LGBTQIA +, comme la Pologne et la Hongrie notamment : "L’idée de ce réseau européen est donc de renforcer aussi des initiatives déjà mises en place. Nous travaillons notamment en Pologne avec une structure qui fait des trucs super ! Pour le moment on essaie d’aller identifier des initiatives et de les aider. On est aussi actifs en Afrique, au Burkina Faso par exemple, où les droits des LGBTQIA + sont souvent bafoués."

Unia : "Les chiffres de plaintes ne sont que le sommet de l’iceberg"

En 2022, Unia, organisme fédéral en charge de la lutte contre le racisme et l’homophobie, a clôturé 137 dossiers relatifs à l’orientation sexuelle. 57 d’entre eux portent sur des discours de haine. "Malgré les avancées juridiques, les personnes LGBTI+ sont encore victimes de préjugés, d’insultes, voire même de propos haineux au quotidien, comme en témoigne l’actualité de ces dernières semaines dans le monde du foot. Elles se font aussi injurier et menacer sur internet", explique le communiqué de presse. 

Et ces chiffres ne seraient que le sommet de l’iceberg, Marie Luisi, de chez Unia : " Nous savons que les personnes qui viennent porter plainte auprès de nous ne sont pas toutes les personnes victimes de discriminations. Pourtant, un cadre législatif existe et est clair. Et les tribunaux condamnent de plus en plus souvent à des peines lourdes, les auteurs d’homophobie ou de transphobie."

Pour signaler une discrimination, rendez-vous sur le site d’Unia ICI

Pour trouver de l’aide auprès du refuge de Bruxelles cliquez ICI

Sur le même sujet : Extrait JT (16/05/2023)

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