Retardés, désorganisés, menacés, contestés : les Jeux de Tokyo resteront à jamais dans les annales.
Les Jeux de Tokyo ne resteront pas forcément dans les annales en raison de leur bilan sportif. En effet, la chaleur écrasante et le taux d’humidité très élevé qui caractérisent la météo estivale japonaise vont mettre les athlètes à rude épreuve.
Aussi, d’ici au 8 août, beaucoup moins de records pourraient-ils être battus qu’en 1964, quand Tokyo avait une première fois accueilli les JO – mais ils avaient eu lieu à automne, une saison beaucoup plus clémente.
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Il n’empêche : au-delà de leur bilan sportif, ces Jeux resteront à coup sûr dans l’histoire olympique.
Etant donné leur contexte sanitaire hors-norme, ils se tiennent avec un an de retard et vont se dérouler en grande partie dans des stades déserts, ce qui est sans précédent. Les 11.000 athlètes qui concourront seront sous étroite surveillance afin d’éviter que l’événement dégénère en cluster géant.
Autre mesure de précaution : dans la capitale japonaise, le relais de la flamme olympique s’est déroulé en catimini et à huis clos. C’est du jamais vu dans une ville hôte. Une ville où tous les événements festifs et culturels liés aux Jeux ont été annulés. Faute de la moindre "fan zone", les Tokyoïtes en seront réduits à suivre ces JO à la télé.
Cinquième vague et fiasco de la vaccination
Pas sûr qu’ils s’en désoleront. Tous les sondages, depuis des mois, indiquent que ces Jeux sont très impopulaires dans l’opinion. Même la décision récente de les faire se dérouler à huis clos n’a pas infléchi les Japonais : d’après les dernières enquêtes d’opinion en date, ils s’opposent toujours en majorité à leur tenue.
"Le nombre de cas de Covid augmente jour après jour à Tokyo. Des JO dans un tel contexte, c’est de la folie", argumente une opposante qui, haut-parleur à la main, harangue les passants au centre-ville.
La jeune femme redoute que les Jeux "mettent encore plus de pression sur les hôpitaux et les soignants alors qu’ils sont déjà débordés".
Tout cet argent qu’on a jeté par les fenêtres pour les JO, il aurait fallu l’investir dans les budgets sociaux
Elle s’indigne aussi de la facture des Jeux de Tokyo : plus de 13 milliards d’euros. "Cela fera d’eux les Jeux d’été les plus chers de l’histoire olympique. Or, des millions de Japonais ont perdu leur emploi, voire ont basculé dans la pauvreté, à cause de la pandémie. Tout cet argent qu’on a jeté par les fenêtres pour les JO, il aurait fallu l’investir dans les budgets sociaux."
Plus de 10.000 volontaires qui s’étaient engagés à encadrer les Jeux ont démissionné, en grande partie par peur de contracter le virus pendant leur bénévolat.
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Cette hantise s’explique par le taux de vaccination très peu élevé au Japon. Ainsi, seuls 15% des Tokyoïtes ont reçu les deux doses de vaccin.
Or, explique un épidémiologiste, "la compétition majeure de ces Jeux, en fait, elle ne figure pas au programme officiel des épreuves. Ce sera une course contre la montre entre, d’une part, le variant Delta et, d’autre part, la campagne de vaccination. Au vu de la lenteur et de la désorganisation de celle-ci, il n’y a pas photo : c’est le variant qui va remporter la course…"