Izu, trois lettres pour une ville connue mondialement dans l’univers du keirin. C’est ici, à 150km au sud de Tokyo que se trouve le ‘Japan Institute of Keirin’. C’est le centre de formation de cette discipline du cyclisme sur piste créée au Japon en 1948. Près de 3 heures de route au départ de la capitale nipponne. Le cadre est verdoyant. Les infrastructures vieillissantes. Certains bâtiments nous replongent dans un décor de l’ère soviétique. C’est ici que le Japon forme ses futurs champions.
"Avant, je jouais au hockey sur glace aux USA" nous raconte Jo Osaka, l’un des étudiants. "J’ai commencé à rouler à vélo il y a un an seulement. J’essaye maintenant de devenir un coureur professionnel de keirin. Pour moi, le keirin, c’est bien plus qu’un sport individuel. C’est une manière pour moi de montrer ma personnalité".
Chaque année, une centaine de candidats intègre le centre de formation. Ils sont 89 cette année. (70 garçons, 19 filles). Et pendant un an, ils sont coupés du monde. Pas de téléphone, pas d’accès à internet, port de l’uniforme obligatoire. Des conditions strictes, une discipline de fer et des journées intenses entre les entraînements, les cours théoriques et la mécanique.
"On se lève tous les matins à 6h30" explique Jo Osaka, 25 ans. "On doit faire notre lit, suivre des règles. C’est un peu comme à l’armée. Par exemple, si mon maillot est un peu ouvert, les professeurs me rappellent à l’ordre. Ils me disent… ‘Eh qu’est-ce que tu fais ?’ Ce sont des règles strictes. On doit aller se coucher à 10h le soir. C’est assez fou, mais je pense que toute cette discipline est nécessaire pour devenir un coureur professionnel de keirin".
Jo Osaka consent tous ces sacrifices dans l’espoir de faire carrière au Japon. Le keirin est bien plus qu’un sport au pays du soleil levant. Dans ce pays où les jeux d’argent sont interdits, le keirin fait figure d’exception. C’est l’un des rares sports sur lesquels les paris sont autorisés. Les Japonais parient sur les courses de keirin comme on parie sur les courses hippiques en Europe. Les meilleurs coureurs peuvent gagner des fortunes dans les 45 vélodromes de l’archipel. La majorité des coureurs japonais préfère rester au pays plutôt que de rouler sur le circuit international. Raison pour laquelle aucun Japonais n’a gagné le titre olympique dans cette discipline depuis l’introduction du keirin aux JO en 2000.
"J’aime la vitesse" conclut Jo Osaka. "Dans le keirin, on peut courir de manière agressive. Les contacts sont autorisés entre les coureurs. Je veux essayer de devenir le coureur numéro 1 au Japon. C’est vraiment ça. Je veux devenir le numéro 1. C’est mon ambition".