JO d'hiver - Pékin 2022

JO Tokyo 2020 : Naomi Osaka veut retrouver le sourire chez elle

La Japonaise espère frapper fort aux JO.

© AFP

Époustouflante sur les courts de terrain, moins en conférence de presse. Intraitable avec une raquette à la main mais fragile mentalement. Naomi Osaka est de retour, chez elle. Pour le plus grand plaisir des fans de la petite balle jaune.

Multiple lauréate en Grand Chelem et toujours présente lorsqu’il faut dénoncer certaines dérives de la société ou du monde du tennis, Naomi Osaka détonne sur un circuit WTA à la recherche de figures de proue et effectue son retour après plusieurs semaines d’absence pour l’Olympiade japonaise.

Une ascension sportive fulgurante

Nous sommes le 8 septembre 2018, Naomi Osaka affronte son idole de toujours : Serena Williams. Pour quelle occasion ? La finale de l’US Open, tout simplement. Classée à la 20e place à la WTA et avec seulement un huitième de finale en Grand Chelem au compteur, la Japonaise surprend et ne s’arrête pas là puisqu’elle s’impose en deux sets face à la championne américaine au terme d’une finale remplie de polémiques d’arbitrage.

La machine semble lancée. Seulement quelques mois plus tard, Osaka enchaîne en remportant l’Open d’Australie face à Petra Kvitova. Par la même occasion, elle s’installe sur le trône du tennis féminin en étant la numéro un mondiale la moins titrée de l’histoire avec trois titres.

Depuis, la Nippone a ajouté deux autres Majeurs à son palmarès en remportant un Australian Open et un US Open supplémentaires, coinçant toujours à Roland-Garros et à Wimbledon, où elle ne s’est jamais qualifiée pour la deuxième semaine.

Avec quatre victoires en Grand Chelem, Osaka possède un palmarès impressionnant malgré son jeune âge.
Avec quatre victoires en Grand Chelem, Osaka possède un palmarès impressionnant malgré son jeune âge. © AFP

Une championne engagée

Née d’une mère japonaise et d’un père haïtien-américain, Osaka, du nom de sa ville natale, passe sa jeunesse aux États-Unis et n’hésite pas à faire entendre sa voix lorsqu’il le faut. L’année dernière, après la mort de George Floyd à cause d’un policier américain, elle s’envole pour Minneapolis afin de participer aux manifestations contre les violences policières.

Lors du Masters 1000 de Cincinnati, la Japonaise déclare forfait pour la demi-finale du tournoi face à Elise Mertens pour protester contre les tirs de la police sur l’Afro-Américain Jacob Blake. "En tant que femme noire, j’ai l’impression qu’il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis" avait-elle expliqué avant de finalement accepter de disputer la rencontre après une décision avec les instances qui ont proposé de décaler d’un jour la rencontre. À l’US Open, elle fait une nouvelle fois entendre sa voix en montant sur le court avec un masque portant à chaque fois le nom d’une personne noire injustement tuée par la police.

Le racisme, il faut dire qu’elle le connaît. La famille de sa mère n’a jamais accepté sa relation avec un homme noir, ce qui a poussé toute la famille à traverser le Pacifique pour se rendre au pays de l’Oncle Sam. Sa notoriété grandissante n’a pas permis d’échapper aux clichés. Il y a deux ans, la marque japonaise Nissin l’a représentée dans un spot publicitaire avec la peau blanche. Accusée de whitewashing, Nissin a dû s’excuser et a retiré son spot.

L’entreprise japonaise est loin d’être la seule à faire des affaires avec la joueuse. Osaka aurait plus d’une vingtaine de sponsors et commanditaires, parmi lesquels de très grandes entreprises mondialement connues qui font la queue pour utiliser son image. Avec des revenus estimés par le magazine Forbes à plus de 60 millions en 2020, la numéro 2 mondiale devançait dans ce classement les stars que sont Rafael Nadal et Novak Djokovic. Sa force médiatique a même tapé dans l’œil de Netflix qui lui a consacré une mini-série documentaire.

Un mental fragile

La joueuse japonaise aimerait que le système des conférences de presse change.

La notoriété et les performances grandissantes, la joueuse japonaise doit affronter certaines épreuves pour lesquelles elle n’était pas préparée telles que les nombreuses conférences de presse pendant les tournois. Ça, elle n’y arrive pas toujours et cela ne plaît pas forcément. Avant Roland-Garros, la numéro deux mondiale avait même annoncé qu’elle avait tout simplement décidé de ne pas participer aux conférences de presse d’après-match, pourtant obligatoires. Après avoir reçu une amende pour ne pas avoir été à celle qui a suivi son premier tour, Osaka a finalement décidé de jeter l’éponge et de quitter la Porte d’Auteuil.

Si cette saga a fait énormément de remous dans le monde du tennis, la joueuse s’est défendue en expliquant "souffrir de dépression depuis l’US Open 2018 et avoir énormément de mal à gérer cela", ajoutant toujours ressentir "une vraie peur de parler à la presse". Depuis, Osaka n’est pas revenue sur les courts, faisant l’impasse sur Wimbledon, et reviendra donc sur le devant de la scène dans son pays.

De retour avec de l’ambition

Après plusieurs semaines d’absence, la championne japonaise va donc revenir sur les courts pour disputer les Jeux Olympiques au Pays du Soleil-Levant. Dans une tribune publiée il y a deux semaines dans le magazine Time, la joueuse s’était dite très "impatiente" et "enthousiaste" à l’idée de disputer le tournoi olympique dans son pays d’origine.

À Tokyo, la Japonaise sera l’une des grandes favorites dans la course au titre alors que plusieurs grandes joueuses comme Simona Halep et Serena Williams ne seront pas présentes. L’objectif sera d’abord de retrouver le plaisir et la joie de jouer pour, peut-être, écrire l’une des plus belles pages de sa vie.

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