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JO Tokyo 2020 : Qui est Marcell "Crazy" Jacobs, l’improbable successeur de Usain Bolt sur le 100 mètres ?

Athlétisme : Finale du 100m Hommes

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Par Antoine Hick

Qui pour succéder à Usain Bolt sur le 100 mètres olympique ? Depuis le début des Jeux, c’était LA question qui taraudait tous les observateurs. Les spikes du grand échalas jamaïcain rangés au placard pour de bon, nombreux étaient les candidats qui espéraient marcher dans ses pas.

Mais cet essaim de candidats autoproclamés a finalement dû s’avouer vaincu, terrassé par la ligne droite presque parfaite d’un certain Lamont Marcell Jacobs Jr, dit Marcell "Crazy" Jacobs.

L’homme que personne n’attendait. L’homme sur qui personne n’aurait misé. Quel merveilleux clin d’œil du destin pour succéder à Usain Bolt… l’homme qui aimait, lui, tant accaparer les regards.

Une absence paternelle qui forge le caractère du colosse

Marcell Jacobs, vainqueur du 100m messieurs.

Le parcours de Lamont Marcell Jacobs, Italien mais dont le nom aux consonances américaines porte le sceau de sa jeunesse, est alambiqué. Né à El Paso aux Etats-Unis, il ne fait pas de vieux os au pays de l’Oncle Sam. Et pour cause, son papa, un militaire américain, est réaffecté en Corée du Sud. Ses deux parents séparés, Marcell retraverse l'Atlantique avec sa maman italienne qui veut rentrer au pays.

Orphelin de son papa, l’hyperactif Marcell, surnommé "Crazy" par ses proches, se prend de passion pour le sport. "Il a tout essayé, de la natation au basket. Je voulais qu’il découvre une passion. Je voulais aussi qu’il se fatigue, parce qu’il n’arrêtait jamais de bouger, même quand il dormait" confiait sa mère au Corriere della Sera.

Des débuts difficiles… avant un déclic mental

Marcell Jacobs, vainqueur du 100m.

Cette fameuse passion, il la puise finalement dans l’athlétisme… et le saut en longueur. Une destinée logique pour ce jeune gamin qui idolâtre un certain Carl Lewis. Son début de carrière professionnel est prometteur, il franchit même la barre des 8 mètres à plusieurs reprises en salle. Mais des réticentes blessures le poussent à changer d’horizon. Il opte donc pour le sprint.

Mais rentrer dans ce redoutable royaume de la ligne droite n’est pas donné à tout le monde. Le 100m se cherche certes un successeur à Bolt mais Jacobs, malgré d’évidentes qualités physiques en est loin du compte. La faute à un blocage psychologique né du divorce avec son père. Les années passent et les résultats ne suivent toujours pas. Grâce à une préparatrice mentale, Jacobs renoue finalement le contact avec son paternel. Une délivrance après de longues années sans se voir : "L’énergie qui vous envahit quand vous abattez un tel mur est incroyable. Je l’ai haï pour son absence, j’ai changé de perspective : il m’a donné la vie, des muscles puissants, la vitesse. Je le jugeais sans rien savoir de lui", explique-t-il avec le recul, toujours au micro du Corriere della Serra.

Ses démons derrière lui, le colosse tatoué, et enfin libéré, signe son tout premier chrono sous les 10 secondes (9'95). Il reste loin des meilleurs puisque ce n’est que le 25e meilleur temps de l’année mais on sent qu’il se rapproche du Graal. La preuve, quelques semaines plus tard il dépoussière le record d’Europe avec un temps record de 9.84 avant de devenir le Champion d’Europe indoor du 60 mètres.

Un quasi no-name à l’assaut de l’Olympe

Mais quand il se présente sur la ligne de départ à Tokyo, Jacobs ne fait toujours pas partie des favoris, voire même des outsiders. La preuve, son adversaire Fred Kerley avoue à peine le connaître et les bookmakers ne lui donnent que 3% de victoire. Mais Jacobs s’en accommode très bien puisqu’il n’avait même pas prévu participer aux Jeux : "Le but de ma saison était de descendre sous les 10 secondes et de passer à autre chose. Mais j’ai les JO à l’esprit depuis que j’ai 9 ans. […] Je vais à Tokyo pour gagner une médaille : il n’y a pas de Bolt, pas de Coleman, pas de favori numéro un. Ce sera une bataille."

Une bataille qu’il a donc finalement remportée. Magistralement d’ailleurs, en 9'80". Les quelques favoris qui restaient, il les a matés. Pour signer une ligne droite quasiment parfaite et entrer, avec fracas, dans le panthéon des sprinteurs olympiques. Et dans le sillage de cet ovni subitement propulsé sur le toit de l’Olympe, le sprint s’est sans doute trouvé son vainqueur le plus improbable. Un Italien (au nom américain) de 26 ans qui ne comptait aucune grande finale à son palmarès. 

 

La carte d’identité de Marcell Jacobs

Nom Lamont Marcell Jacobs Jr
Date de naissance 26 septembre 1994
Lieu de naissance El Paso (Etats-Unis)
Nationalité Italien
Taille et poids 1m88 / 79 kilos
Marcell Jacobs, l’improbable successeur d’Usain Bolt.
Marcell Jacobs, l’improbable successeur d’Usain Bolt. © Belga

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