Brabant wallon

Jodoigne (D3 acff) : un étonnant démarrage

Jodoigne

© RAS

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Par Philippe Bughin

Après deux victoires sans encaisser à l’extérieur de ses terres et un partage face à la grosse cylindrée qu’est Mons, la RAS Jodoigne partage la tête de sa série nationale en compagnie de Tournai, Onhaye et le Crossing. Le noyau A est reparti d’une feuille blanche à la mi-juillet et une alchimie semble déjà opérer.

Être centenaire, c’est ce qui est arrivé aussi en 2022 à la RAS Jodoigne, club de D3 acff série A, le plus à l’est du Brabant wallon et, dans sa série un des plus proches de deux frontières linguistiques.

L’événement a déjà été fêté lors de la première partie de l’année, notamment lors d’un match amical face aux voisins de Nationale 1 du KVK Tienen (Tirlemont), mais d’autres agapes comme un fan day d’une belle envergure ce prochain week-end seront autant d’autres occasions de se dire que l’ancien, chaleureux et familial cercle sportif maison a toujours de bien belles heures devant lui. Il ne doit pas avoir peur, par exemple de la montée en puissance pas bien loin de là du RFC Perwez.

Mieux, à considérer le très bon début de championnat de l’équipe fanion, actuellement co-leader de la D3A, les plus chauds partisans du matricule 199 se prennent même à rêver : et pourquoi ne viserions nous pas une tranche pour participer au tour final vers la D2 en fin de championnat ?
A Jodoigne, tout se peut, mais rien ne doit", tranche Jean Winnepenninckx, président de la RAS depuis 2009, après des expériences in fine plus malheureuses comme dirigeant principal au FC Tirlemont, au CF Lumay et même à l’Union Namur, où il partageait encore en D2 le projet du patron-mécène Jean Claude Baudart, avant que les Merles ne mettent la clé sous le paillasson.

"Nos installations, notre bel organigramme tant pour les équipes séniores hommes et dames que pour les jeunes, nos moyens financiers sous contrôle, tout cela m’autorise à dire que nous pouvons évoluer en D3 acff comme en D2 sans souci majeur. Oui, nous sommes dans les clous pour la licence à ces niveaux. Rejoindre la Nationale 1 sera peut-être seulement possible le jour où notre Commune aura finalisé le projet de nouveau centre sportif, projet consécutif à la fermeture du hall omnisports de Jodoigne, démoli voici six ans par une grosse tempête.

Si centre sportif il y a, nous pourrions y déplacer notre école des jeunes. Le synthétique et le terrain en herbe du site de Cabouse pourront alors être réservés aux seules équipes premières dames et hommes et au SC Jodoigne, des anciens de chez nous qui ont créé leur propre entité, active en deuxième provinciale.
Vingt-six équipes et pas loin de trois cents affiliés se partageant Cabouse un week-end sur deux, cela demande une sacrée organisation notamment en gestion des vestiaires."

Les Wilmots, Johan Grommen, Fabrice Silvagni, Christophe Kinet et… Jérôme Terwagne

Jérôme Terwagne, un entraîneur fernelmontois passé par les U16 élites du Standard
Jérôme Terwagne, un entraîneur fernelmontois passé par les U16 élites du Standard © D.R

Notre promoteur immobilier à la retraite se réjouit d’avoir un bon contact avec un bourgmestre comme Jean-Luc Meurice, qui est aussi un ancien joueur de la RAS Jodoigne.

La famille Michel, hommes politiques bien connus de la Ville est aussi régulièrement invitée sur place, mais son agenda et sans doute son intérêt relatif pour le foot local explique qu’on ne l’y voit quasi jamais. En son temps, notre ancien sélectionneur national Marc Wilmots était très présent à Cabouse puisqu’il y entraînait ses enfants Maarten et Reno, avant que ceux-ci ne deviennent pros à l’étranger et aboutissent à Visé.

Actuellement, la RAS donne de l’occupation à Johan Grommen, entraîneur principal de l’équipe B et directeur sportif de l’école des jeunes.

Johan, champion avec Visé et Berchem a également évolué en D1 sous les couleurs d’Alost. Et puis ces dernières années, l’ancien défenseur central du Sporting de Charleroi Fabrice Silvagni et l’ancien attaquant d’Ekeren, de Strasbourg et de Milwall, Christophe Kinet ont aussi eu entre leurs mains la direction de l’équipe première de la RAS Jodoigne.

"J’ai beaucoup apprécié travailler ces dernières saisons avec l’ancien coach de Tilleur et Liège, reprend le président. Nous avons connu quelques sueurs lorsqu’il nous a annoncé le 17 juin dernier qu’il allait répondre positivement à l’offre de Dison, en D2 acff. Même si son contrat prévoyait qu’il pouvait partir pour une formation de niveau supérieur, nous n’avons pas pour habitude d’empêcher un de nos joueurs ou entraîneurs de monter dans la hiérarchie. Nous avons fait un appel à candidatures dans les médias pour trouver son successeur.

Nous avons reçu quarante offres de service ! Une fois écartés ceux qui n’étaient pas diplômés Uefa A ou ceux qui étaient de " faux -Uefa A " en travaillant en binôme, il y avait déjà moins de monde au balcon. Certains étaient déjà en fonction dans un club de D2 ou D3 mais offraient quand même leurs services. Nous ne voulions pas débaucher un coach déjà en place. Un jour, je me suis souvenu du nom d’un jeune prometteur, coach en P1 namuroise à Naninne ou Fernelmont par le passé. Entretemps, il a aussi dirigé les U16 élite du Standard de Liège durant deux ans. Ce n’est pas si banal. Le dimanche 17 juillet dernier, nous engagions Jérôme Terwagne pour conduire notre noyau A."

Faire le choix chaque semaine parmi vingt-six joueurs

Un noyau bien large dans lequel piocher chaque semaine.
Un noyau bien large dans lequel piocher chaque semaine. © -

Le président n’a pas envie de brûler les étapes. Si la RAS arrive à faire mieux que la huitième place obtenue en D3 acff série B la saison passée, ce sera une belle victoire. Avec les Tirlemont, mais surtout les Saint-Trond et OHL tout proches, il sait que ses meilleurs éléments seront toujours susceptibles d’être vite repérés et courtisés. " C’est le jeu, admet-il. Ce que j’ai plus de mal à accepter, c’est lorsqu’un de mes bons éléments comme le Colombien Alberto Uhia, déniché à l’Union St Gilloise en son temps nous dise à trois reprises, durant les derniers mois de la saison dernière qu’il poursuivait avec nous. Avant de manger cette parole en signant à Rochefort, aussi en D3 acff. "

Du passé récent, Jérôme Terwagne, professeur d’éducation physique dans le secondaire à Andenne et nouvel entraîneur namurois du club brabançon avoue ne pas y prêter attention.

Avec lui aux commandes, la RAS Jodoigne a soigné la préparation de cette saison en partant d’une feuille plus blanche que blanche. Si le noyau paraît être un cran mieux armé que voici douze mois auparavant, il a tout de même été sorti à domicile dès le deuxième tour de la coupe de Belgique par Herstal (2-3).

Douze mois auparavant, Christophe Kinet avait emmené le même Jodoigne jusqu’au cinquième tour de la Croky Cup. " Comparaison n’est jamais raison, reprend l’entraîneur établi à Cortil-Wodon. En préparation, nous avons très bien joué et battu Tirlemont, le RWDM, Solières avant de partager aussi contre la D2 de Jette. J’ai immédiatement vu que j’avais un beau potentiel à ma disposition. Le plus grand souci, cela va être de bien le gérer car je vais devoir faire chaque semaine des choix entre vingt-six éléments d’un niveau globalement similaire. Les déçus sont forcément nombreux à chaque sélection et je dois faire attention à tous les détails en semaine déjà."

Une moyenne d’âge de 23 ans

Jean Winnepenninckx est président de Jodoigne depuis 2009
Jean Winnepenninckx est président de Jodoigne depuis 2009 © RAS

En trois sorties de championnat, Jodoigne a déjà montré de très jolies choses. Vainqueurs à Manage (0-1) et Tertre-Hautrage (0-5), les Brabançons ont aussi accroché à domicile la grosse équipe de Renaissance Mons. " Nous menions encore 1-0 à dix minutes du terme, et nous avions manqué une ou deux grosses opportunités durant la première période, mentionne encore l’entraîneur. Dans l’ensemble, le nul s’est avéré logique, les Dragons seront du lourd dans ce championnat, vous verrez ! "

A quelques jours de recevoir Onhaye, un autre des ténors et des invaincus de la série, Jodoigne fait donc connaissance de la meilleure manière qui soit avec des adversaires qui sont pour la plupart autant de totales découvertes.

"Ce n’est pas plus mal, enchaîne, Jérôme Terwagne. En dehors du Crossing que Jodoigne côtoyait en provinciales et le duo Aische-Onhaye joué ces dernières saisons, il y a peu de repères chez l’adversaire. De mon côté, j’apprends encore pas mal de mon noyau. La moitié de mon onze de base n’évoluait pas au club en 2021-2022. Le capitaine Romain Puttemans, défenseur central est un de mes leaders. Comme le numéro six Jérémy Mbolo ou le vice-capitaine Tanguy Beaupain, qui étaient déjà là par le passé. L’attaquant Badreddine Azzouzi, passé par Meux et Tubize n’est plus à présenter.

Le jeune Olivier Cassange (ex-RWDM) ou Yanis Akkal (ex-Solières) font un bon début de compétition, mais il y en a d’autres. La moyenne d’âge est de 23 ans. C’est intéressant déjà d’un point de vue récupération. "

L’entraîneur namurois dira encore de son groupe qu’il est physiquement, techniquement et tactiquement au point. Tout juste consentira-t-il à lâcher qu’il doit encore améliorer sa concentration, surtout lors de la reprise, juste après la mi-temps. On ne dévoile pas les failles et les forces d’une formation qui " tourne ".

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