Autrice et militante féministe LGBTQIA+, Joëlle Sambi interroge dans son travail l’identité, la norme et les situations d’impuissance. Elle sera cet été au festival d’Avignon dans le Théâtre des Doms pour son spectacle "Fusion". Rencontre.
Une après-midi de juin, nous retrouvons Joëlle Sambi pour un café en terrasse, à quelques pas de chez elle, à Schaerbeek. L’occasion de revenir sur son parcours, ses projets de spectacles, sa passion de toujours pour l’écriture, son engagement militant...
De chargée de com’ à artiste de la parole
"Je suis née en Belgique en 1979. Quand j’ai eu 5 ans, mes parents se sont séparés. Je suis retournée avec ma mère à Kinshasa où j’ai grandi. Puis, je suis revenue en Belgique pour faire mes études à l’ULB en 2001."
Après un cursus en journalisme, elle est engagée comme chargée de communication dans différentes structures non marchandes. Si elle apprend beaucoup dans ces positions, elle ne s’épanouit pas complètement dans le milieu institutionnel. 2015 est synonyme de tournant, après un burn-out, elle quitte son emploi et commence à animer des ateliers d’écriture. "J’ai donné un workshop d’une semaine à l’ERG [École de recherche graphique, ndlr]. Le vendredi, il y a eu une restitution au Bozar. Les étudiants sont montés sur scène, et moi aussi je suis montée sur scène, pour la première fois."
Ce soir-là, elle lit au public un texte intitulé "Congo Eza" sans se douter que de cet écrit naitra un spectacle. "Rosa Gasquet de Lezarts Urbains était dans la salle. Elle m’a vu sur scène. C’est elle qui nous a présenté tous les trois, la poétesse Lisette Lombé, le rappeur Badi et moi. Nous étions tous en train de travailler sur des questions d’appartenance entre le Congo et la Belgique."
Les trois artistes rassemblent leurs textes et écrivent à six mains. Joëlle Sambi décrit cette expérience comme une période riche en apprentissages. "Le travail de création demande une exploration intense. J’ai appris sur moi, sur l’intelligence que ça demande." Le résultat est à la hauteur des efforts puisque la performance slam/théâtre/hip-hop "Congo Eza" connait un grand succès et tourne trois années durant.
Quand je suis sur scène, c’est magique
"Je dis toujours que le slam m’a sauvé la vie. J’adore la scène, j’adore écrire et créer des formes libres... Je suis un peu timide, mais quand je suis sur scène, c’est magique", confie-t-elle.