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José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux"

Sur le Gril

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José Jeunechamps (Seraing) en mode selfie
José Jeunechamps (Seraing) en mode selfie © Tous droits réservés

On le disait oiseau pour le chat mais Seraing s’accroche, emmené par son coach aux fameux états de service… comme T2. Il évoque Florent Malouda, les courses inutiles, Frankie Vercauteren, la verticalité, Michel Preud’homme, les journées de vingt heures, Laszlo Bölöni, le VAR et les “migraines” de Dieumerci Mbokani. Mais aussi Marius Mouandilmadji, les datas, Enzo Scifo, les “salopards”, Sadio Mané, la ruse des adjoints, Khalidou Koulibaly, le coeur de l’Union et le 4-4-2 “façon camping”. Et surtout… les ronflements de Tomislav Ivic. José Jeunechamps (Seraing) passe “Sur Le Gril”.

 

On le retrouve au Pairay, lendemain de courte défaite à Gand… et veille de suspension confirmée de 3 matches, suite à son expulsion lors du match face au Cercle. Ses joueurs ont deux jours de congé… mais lui pas.

Entraîneur, c’est une autre vie que joueur: joueur, vous arrivez à 8h30 pour l’entraînement… et à 14 h, vous êtes chez vous…” explique José Jeunechamps, le T1 serésien. “Entraîneur, vous faites des journées de 10, 15… parfois 20 heures. Ça ne vous quitte pas… Moi, j’ai raté la soirée de mon mariage… car j’avais match le lendemain. Pareil avec la naissance de mes enfants… On peut trouver ça excessif, mais je suis comme ça… Le foot est un sport de pression et d’émotion: je ne conteste pas ma carte rouge du Cercle, j’ai un peu pété les plombs, je le reconnais. Mais ce qu’on nous demande, garder le contrôle en permanence, est surhumain: nous sommes des compétiteurs… donc un petit dérapage de temps en temps, je trouve ça normal. Le nombre de procès qu’on a faits à Michel Preud’homme à l’époque, c’est totalement exagéré… Cela dit, montrez -moi l’image où je touche le kiné du Cercle: cherchez, il n’y en a pas… car je ne l’ai jamais touché. Alors vous savez, moi le VAR, je déteste ça: ça dénature le foot, ça casse le rythme…. et ça n’augmente même pas la justice. Mais c’est vrai: arbitrer est un métier très difficile… encore plus que celui d’entraîneur! (clin d’oeil)”

José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux"
José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux" © BELGA

"Notre terrain principal est en pente..."

José Jeunechamps laisse vagabonder son regard sur le terrain principal du Pairay. Ce terrain où Seraing affiche cette statistique hors du commun: 1 petit point seulement pris en 6 rencontres à domicile… pour 10 unités (sur son total de 11!) glanées en déplacement ! Hors de ses bases, les Serésiens campent la sixième meilleure équipe du pays...

On ne se l’explique pas trop, on cherche surtout des solutions... En fait, notre terrain principal est d’une autre consistance que notre terrain d’entraînement, qui est très dur: sur le Terrain A, le sol se dérobe et on n’arrive pas à developper notre jeu... De plus, notre terrain d’entraînement fait… 90 mètres de long, 15 à 20 mètres de moins donc! Quand on travaille la profondeur ou nos centres en semaine, les repères sont différents le week-end! Il y a aussi plus d’un mètre de relief entre les deux buts : notre terrain est en pente! Mais j’ai connu ça aussi à Mouscron, et on fait avec... Mon groupe est animé d’une état d’esprit très positif: il est travailleur, il est à l’écoute et veut en permanence progresser. C’est ce qui fait que je ne suis pas trop inquiet pour la suite: on nous annonçait comme relégué certain… et on est en train de gagner le respect des autres clubs. A Gand, Peter Ballette disait encore dimanche passé que nous étions un adversaire parmi les plus coriaces: ce sont des compliments qui font du bien. Même si je reste un peu sur ma faim pour ce premier tiers de championnat : on aurait déjà dû compter quelques points de plus! Mais on progresse : on a commencé par le jeu défensif, le plus aisé à mettre en place… mais c’est essentiel, c’est comme les fondations d’une maison. On travaille maintenant notre jeu de possession et nos relations offensives: c’est le plus complexe, le jeu avec ballon, même le Standard et Anderlecht ont du mal… Je suis un adepte de la verticalité, de joueurs présents entre les lignes et d’attaquants qui participent au jeu… avec toujours le désir de se projeter vers l’avant. Je ne veux pas de joueurs qui font du camping devant (sic) en attendant les ballons! On a commence la saison avec rien, on a transféré 16 joueurs juste sur nos carnets d’adresses… et aujourd’hui, on est à 50% du chantier foot que j’ambitionne.”

José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux"
José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux" © BELGA

"J'en ai vu certains sombrer dans la déprime après un limogeage..."

Avec ses 11 points, Seraing partage l’une des trois dernières places du classement en cette saison de transition (vers le retour à 16 clubs) qui verra… trois relégués. Bonjour le stress…

Vous savez, la pression, je connais: j’ai déjà 310 matches sur des bancs de D1… même si j’étais T2. La pression, on se la met d’abord soi-même car on est tous des compétiteurs. Je ne me fais pas d’illusions: je sais bien que si j’enchaîne 5 ou 6 défaites, ma position deviendra délicate… Mais je sens aussi qu’à Seraing, direction, joueurs et staff, tout le monde regarde dans la même direction: ce n’est pas toujours le cas partout... Je ne crois pas du tout au choc psychologique: les premières semaines, vous avez un petit mieux… mais après, les soucis ressurgissent. C’est le mercato qui résoud les problemes de qualité, rien d’autre. Je connais bien Felice Mazzù, et ce qui lui arrive est désolant car je sais combien c’est un bosseur: comme entraîneur, vous est tributaire d'une situation… et de la matière première dont vous disposez, j’entends là le noyau par rapport aux ambitions du club. Même chose pour Edward Still… Le problème en Belgique, c’est que le métier d’entraîneur n’est pas du tout protégé comme il l’est par exemple en France: quand j’étais à Metz, je savais qu’en cas de limogeage, mon contrat de deux ans serait honoré… quoi qu’il arrive. Mais un limogeage reste un traumatisme psychologique: vous bossez 12, 14, 16 heures par jour… et du jour au lendemain, vous n’avez plus rien. C’est le trou noir, j’en ai connus qui sombraient dans la déprime… C’est une passion qui devient une obsession… d’où l’importance de se ménager des plages de récupération. Même si je suis très mal placé pour le dire: je dors football, je mange football, je bois football… Je suis tellement plongé dedans qu’à un moment donné, je ne vois même plus la tasse de café qui est là, devant moi, sur la table...”

José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux"
José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux" © BELGA

"La réussite, c'est la faculté de manger de la merde..."

Ex-adjoint de Frankie Vercauteren (OHL, Cercle Bruges, Antwerp), de Laszlo Bölöni (Standard), d’Albert Cartier (Metz), de Michel Preud’homme (Standard) et d’Enzo Scifo (Mouscron), coach chez les jeunes à l’Académie rouche sous feu Tomislav Ivic, de passage aussi dans le Charlton de Roland Duchâtelet, José Jeunechamps a côtoyé les plus grands noms en Belgique.

J’ai observé, j’ai absorbé, j’ai pris un vrai pied auprès de ces grands messieurs. (sic) Mon grand plaisir, c’est de voir progresser des joueurs au quotidien: des joueurs qui en veulent, qui restent sur le pitch quand la séance est terminée… et sans qu’on ne leur demande de le faire. Alors quand le dimanche, vous allez gagner au Standard en appliquant exactement le plan de jeu prévu, je peux vous dire que vous savourez…. A Mouscron aussi, et malgré les problèmes financiers, on avait ce même plaisir à être ensemble, à progresser et à cueillir les fruits… Des joueurs à l’écoute, vous en avez partout, dans les grands et les petits clubs… Et le point commun entre ceux qui réussissent au sommet, c’est leur volonté et leur determination. A Metz, j’ai connu le jeune Sadio Mané, Kalidou Koulibaly qui débutait et Florent Malouda qui avait déjà 34 ans. Malouda arrivait chaque jour le premier, se mettait au premier rang pour la causerie… et sans ses écouteurs sur la tête (sic). Koulibaly répétait les séances, prenait les conseils… et aujourd’hui, à Chelsea, il est l’un des meilleurs défenseurs du monde. Au Standard, Dante Bonfim nous disait: ‘Un jour, je jouerai pour la Seleçao.’ On se disait: ‘Il est fou, ce mec...’ (sic). Mais il y est arrivé, le con. (sic) Même chose pour Eliaquim Mangala, qui visait l’Equipe de France… et qui l’a fait! Tout ça est à la portée de chacun: ce qui fera la différence, c'est l’attitude face au travail, face aux déconvenues et la capacité à rebondir. Tous ces gars avaient dans les yeux une grinta à déplacer des montagnes. Laszlo Bölöni avait une exception qui résumait tout : ‘La clé pour réussir, c’est la capacité à aller manger de la merde !(sic)Es-tu capable d’en manger une heure, deux heures… ou dix heures par jour?’ C’est ce qui fera la différence…”

Avec Laszlo Bölöni au Standard.
Avec Laszlo Bölöni au Standard. © BELGA

LES PETITS PAPIERS

Le moment venu des petits papiers : parmi une quinzaine de papiers-mystères, il en choisit 5 au hasard. Et commente.

PAPIER 1 : DIEUMERCI MBOKANI. “Ah, Mbokani, l’un des trois meilleurs attaquants que j’ai connus dans ma carrière, avec Sadio Mané et Didier Lamkel Zé. Mais je peux ajouter aussi Christian Benteke, Michy Basthuayi ou encore Yaya Sanogo, un joueur de Charlton en prêt d’Arsenal. Mbokani, c’était la classe à l’état pur, et même encore aujourd’hui, malgré son âge. Un vrai monstre! Avant de signer à Beveren, son nom a été cité ici à Seraing: il y a eu, en effet, des discussions mais je n’en sais pas plus. Je n’aurais pas dit non, évidemment, mais il y avait sûrement des contingences financières… À son âge, il veut aussi se mettre à l’abri. Mbo, il est un peu Peace and Love (sic), il aime vivre tranquille et sans tracas. Mais c’est clair qu’avec un peu plus de mentalité, il aurait fait une carrière à la Didier Drogba. Comme je le disais, le truc, c’est la capacité à reculer le curseur de la souffrance et de l’investissement. Mbokani, c’était un peu quand il voulait, ça dépendait des jours… Je me souviens, il avait amené deux de ses amis en test à l’Académie, mais comme on ne les a pas recrutés, il a brossé la séance suivante en prétextant une migraine… J’ai rarement vu Bölöni aussi furibond!”

PAPIER 2 : DATAS. Je m’y intéresse, mais en leur donnant la juste place: c’est un ingrédient parmi d’autres pour analyser nos matches, mais ce n’est pas le principal. Dans le staff d’ailleurs, je n’ai pas d’analyste datas: c’est le préparateur physique qui cumule… On a souvent réduit Edward Still aux datas, et c’est vrai que les Still, que je connais bien, ont ouvert la voie. Mais Edward a de vrais principes de jeu que je respecte… même si on n’a pas les mêmes. (clin d’oeil) Il a sa personnalité et sa manière de gérer son groupe. Mais la vraie question à Charleroi, c’est de nouveau si le groupe est suffisamment armé pour les ambitions de la direction. Trop de clubs aujourd'hui ont des objectifs démesurés en regard de leur recrutement… Nos datas à Seraing démontrent que nos joueurs courent beaucoup sans ballon, encore plus que ceux de l’Union… qui sont pourtant une référence en Belgique. J’aimerais qu’on ait davantage le ballon et qu’on courre moins. Un joueur comme Marius Mouandilmadji, je l’appelle ‘L’Animal’ (sic) : il a une moteur énorme, il nous marque des buts importants mais il ne court pas toujours à bon escient. Avec les datas, j’essaie de l’aider à améliorer son jeu.”

José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux"
José Jeunechamps (Seraing) sur le Gril : "Les Diables Rouges ne feront rien au Qatar... car en Belgique, on ne forme que des agneaux" © BELGA

Avec le VAR, Albert, Renquin et Van Tiggelen ne feraient plus 5 matches..."

PAPIER 3 : VAR. Une horreur ! Je déteste l’arbitrage vidéo... Pour moi, l’erreur d’arbitrage fait partie du foot… même si elle me coûte une descente en D2. Il y a 10 ans, il n’y avait pas de VAR… et on devait bien accepter les choses: parfois ça tourne pour vous, parfois contre, c’est le foot. Quand j’étais au Cercle, on est monté grâce à un penalty qui était très moyen (sic). A OHL, on s’est fait virer entre les deux finales de barrages… qui n’ont finalement servi à rien puisque le format de la competition a changé. C’est comme ça… Vous trouvez que le VAR amène plus de justice? Moi pas… Parce que ça reste un humain qui prend la décision dans une cabine… sauf qu'il est dans une camionette! (sic) Ca casse le rythme du jeu : contre Zulte, on a joué une mi-temps de 53 minutes, vous imaginez l’horreur? Le prochain pas, ce sera quoi ? Des joueurs comme les motards, avec des caméras sur la tête ? (sic) Mais on s’en sert aussi de ces coupures, quand on est acculés ou qu’on prend l’eau. Nous, les adjoints ou les kinés, on nous demandait de mettre le feu sur le 4e arbitre, histoire que le T1 passe pour le bon samaritain… mais tout cela est orchestré. Il faut arrêter avec toutes ces hypocrisies: c’est ce que j’appelle la totoille (sic) du foot… et ça existe aussi dans le foot amateur… Non, pour moi, le foot, c’est de l’émotion… en ce compris ses dérapages. On faisait des procès à Sergio Conceiçao… mais quand tu es un compétiteur, tu peux parfois disjoncter. Ceux qui ne comprennent pas ça… ne pigent rien au foot: même Zinedine Zidane, le meilleur joueur de l’Histoire, a donné un coup de tête!  Quand j’étais à Charlton, le niveau d’engagement était monstrueux… mais après le match, on se respectait : le staff adverse venait manger sa pizza après une défaite 3-0, il savait faire la part des choses… Les hors-jeu en 3D, la goal-line technology, je suis contre tout ça… Avec le VAR, des joueurs comme Adrie Van Tiggelen Philippe Albert ou Michel Renquin ne faisaient pas 5 matches d’affilée… Laszlo Bölöni choquait quand il disait qu’il fallait onze “salopards” pour gagner des titres… mais il avait raison! Tu ne gagnes pas des trophées avec des agneaux… et c’est pour ça que la Belgique ne gagnera jamais rien ! Si notre génération dorée avait l’esprit de competition de la cuvée 86, elle ferait des malheurs… Mais là, pour le Qatar, je n’y crois pas du tout. J’espère évidemment me tromper…”

Avec Enzo Scifo (à droite) à Mouscron
Avec Enzo Scifo (à droite) à Mouscron © BELGA

"Scifo et moi n'étions pas faits pour bosser ensemble"

PAPIER 4 : ENZO SCIFO. Je n’ai qu’une chose à dire: Enzo Scifo est un grand Monsieur, chapeau pour sa carrière. Mais on n’était pas fait pour travailler ensemble à Mouscron: on s’est dit les choses, on ne s’est pas tirés dans le dos. Il m'a expliqué ce qu’il me reprochait, je lui ai expliqué mon point de vue et c'était mieux de se quitter ainsi. Mais je n'ai absolument rien à reprocher à Enzo… et je suis toujours très admiratif du joueur qu’il a été. Qui suis-je pour le juger comme coach? Entraîneur et joueur sont deux métiers très, très différents… et c’est très difficile de briller dans les deux. C'est d’ailleurs notre chance à des gens comme moi ou Felice Mazzu… parce que s'il fallait avoir été un grand joueur pour être un grand coach, nous, on n'existerait pas, hein? (clin d’oeil) Mais d’autres ont réussi, comme Bölöni et Vercauteren… qui sont avant tout d’énormes bouloteurs. (sic) Sergio Conceiçao a aussi réussi à basculer d’un monde à l’autre. Je le dis toujours: si tu pars avec des qualités moyennes mais que tu t’investis et que tu te documentes, tu vas réussir. Alors si, en plus, tu as des qualités supérieures au départ, tu vas toucher les sommets.”

  Dominique D'Onofrio et Tomislav Ivic
Dominique D'Onofrio et Tomislav Ivic © BELGA

"Monsieur Ivic était mon Dieu..."

PAPIER 5 : TOMISLAV IVIC. (Son visage s’éclaire) “Monsieur Ivic, c’est Dieu pour moi. J’ai toujours adoré le foot, j'ai toujours été abonné à Foot-Magazine et Tomislav Ivic, pour moi, c’était la grande époque d’Anderlecht. Donc quand on m’a dit que j’allais travailler avec lui à l’Académie du Standard, j’ai cru rêver... Lors des stages, on dormait dans la même chambre… et oui, c’était terrible comme il ronflait! (Il éclate de rire) Mais quelle passion! Quelle vision! Il chapeautait les coaches de jeunes et leur apprenait le métier: c’est comme si aujourd’hui on vous mettait José Mourinho pour vous aider… Ivic, à l’époque, il avait déjà 72 ans… mais il avait une énergie terrible et il préparait ses matches de jeunes comme un match de Champions League! Il était très dur, mais les jeunes l’adoraient car ils voyaient qu’il les faisait progresser. Comme Raymond Goethals, il pouvait passer des heures sur une feuille à preparer un exercice. Il connaissait toutes les équipes, tous les systèmes, tous les joueurs… même s’il estropiait aussi les noms (sourire). C’était une Bible! J’ai toujours son numéro dans mon téléphone avec celui de Dominique D’Onofrio, jamais je ne les effacerai! Il avait une attention pour tout le monde: un jour, un 1er janvier, mon téléphone sonne et je vois son nom s’afficher. Il avait quitté le Standard depuis quelques mois car son épouse était malade… mais il a pensé à moi le Jour de l’An! Quelle classe! On est toujours restés en contact jusqu'à ce jour de 2011, où il est décédé… Monsieur Ivic était Dieu pour moi, mais Frankie Vercauteren est tout aussi central. Frank donne de lui une image carrée et fermée, mais c’est juste pour se protéger: en interne, il est brillamment intelligent, très méthodique et reconnaissant du travail de ses adjoints. Il est tout, sauf froid comme vous le pensez: on s’appelle chaque semaine, même s’il est en Russie, et je ne prendrai jamais une décision importante sans le consulter. Je trouve dommage que des gens comme lui ou Michel Preud’homme se retrouvent inactifs, alors qu’ils pourraient tant nous apporter, à nous, jeunes entraîneurs…”

Frankie Vercauteren lors de son passage à l'Antwerp
Frankie Vercauteren lors de son passage à l'Antwerp © BELGA

"Un 8 sur 10... et un 2 au match suivant, c'est catastrophique"

Et José Jeunechamps de s’en repartir vers son prochain challenge: tenter de faire trembler, ce dimanche, cette Union Saint-Gilloise qui, de retour de Malmö, continue de marcher sur l’eau européenne.

J’adore cette équipe, son énergie et l’intelligence de ses joueurs : on sait tous comment elle joue… et pourtant, elle continue de nous surprendre! Son gardien Anthony Moris, qui est un ami, est le prototype du gardien moderne. J’aimerais bien les accrocher pour bousculer nos statistiques à domicile et récompenser nos supporters qui ramènent un peu l’ambiance serésienne de l’époque des Brésiliens, dans les années 90. Pour le maintien, je suis confiant : je nous donne 7 chances sur 10 de nous maintenir. On doit juste continuer à travailler, à progresser et à être régulier. Comme dit souvent Vercauteren, un jeune peut être à 7 ou 8 sur 10 un jour, et le match suivant à 6… mais pas à 2 sur 10, ça c’est catastrophique! (sic) C’est comme Sebastiano Esposito à Anderlecht: on voit qu’il a des qualités… mais il doit être plus constant. Dans un championnat belge qui est très athlétique, il faut pouvoir répéter ses performances, sinon on flanche. C’est ce que je dis à mes jeunes. Mais je crois au projet : j'ai toujours dû me battre dans ma vie, j’ai eu des coups de blues comme tout le monde… mais je n’ai jamais abandonné. Et cette faculté à ‘manger de la merde’, comme disait Bölöni, je la connais particulièrement... Donc ce n'est pas moi qui vais lâcher. Je sens dans ce groupe cette faculté à déplacer des montagnes. Donc moi, j'y crois. Et je ne doute pas un seul instant qu'on va le faire...”

 

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