Santé & Bien-être

Journée mondiale des Solitudes : près d’un million de Belges se sentent la plupart du temps seuls, des aides existent

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Ce mercredi 23 janvier marque la Journée mondiale des Solitudes, une initiative lancée en 2018 par l’association française Astrée afin d’apporter un éclairage sur les différentes formes de solitudes, mais également de lutter contre ce fléau que peut être l’isolement. Car l’être humain est par nature un animal social.

Si la solitude choisie présente de nombreux bénéfices, l’absence prolongée d’interactions peut par contre avoir des effets directs sur la santé. La personne isolée sur le long terme finira par tourner en boucle et ressasser ses souvenirs. Le risque de développer une démence augmente alors.

Et force est de constater que la solitude ne touche pas que les personnes âgées, mais bien tous les âges et classes sociales, comme l’indique le dernier sondage en date (troisième trimestre 2022) de Statbel sur le bien-être personnel et les conditions de vie auprès de 5000 personnes.

Parmi celles-ci, 8,2% disent se sentir seuls "la plupart du temps". Rapporté à la population belge, cela représente près d’un million de personnes (949.889). Parmi les 16-24 ans, ils sont 3,5% à être dans le cas (léger déclin par rapport à la même période en 2021), contre 10,8% chez les 65-74 ans. Du côté du statut professionnel autodéfini, cela représente 6% des travailleurs sondés, 17,4% des personnes sans emploi, 10,1% des pensionnés, et 22,1% des personnes en incapacité de travail de longue durée due à des problèmes de santé.

A contrario, la plus grande proportion à ne jamais se sentir seuls concerne les travailleurs avec 38,8%, contre 18,1% du côté des personnes sans emploi.

Des lieux de rencontres

Pour lutter contre l’isolement forcé, plusieurs initiatives ont été mises en place en région bruxelloise comme en Wallonie. Petit tour d’horizon non exhaustif.

À Bruxelles, le Babbelkot accueille depuis plus de 40 ans les personnes qui souffrent d’isolement ou de solitude forcée afin de leur offrir un lieu où elles pourront trouver écoute et contact humain. Jeux de société et discussions autour de boissons et d’une petite restauration à prix modique au programme.

Toujours dans la capitale, plus précisément à Forest, Uccle et Anderlecht, mais également à Nivelles, Ottignies Louvain-la-Neuve, Walhain et Rixensart, l’asbl Bras dessus Bras dessous a pour mission de rompre l’isolement des personnes âgées. Des voisins bénévoles prennent ainsi un peu de leur temps pour créer un réseau d’entraide de quartier, intergénérationnel et multiculturel. Plusieurs centaines de binômes composés d’un(e) "voisiné(e)" (comprenez la personne âgée isolée) et d’un(e) "voisineur/euse" (la personne bénévole) ont déjà été mises en place depuis le début de l’aventure en 2015.

La Région wallonne a sélectionné 15 organismes, pour la plupart des CPAS, chargés de créer des "espaces communautaires" destinés à proposer des moments de convivialité et des rencontres aux aînés et personnes en situation d’isolement social.

Parmi ces 15 structures, figure l’Espace 9 du CPAS de Gembloux, effectif depuis le 7 novembre dernier. Des activités ludiques et préventives y sont proposées. Ouvert les lundis et mercredis en après-midi, et le vendredi en matinée, c’est la journée du jeudi qui affiche chaque semaine complète. "Car on propose un déjeuner à 1 euro et un repas à 4 euros, ainsi que des jeux de cartes", indique la responsable du centre. En fonction des jours, le public est composé de 5 à 45 personnes, aussi bien aînées que des trentenaires en situation d’isolement.

Une écoute proposée aux personnes qui en ressentent le besoin

Lieu d’écoute anonyme et gratuit, La Porte Ouverte accueille à Liège quiconque ressent le besoin de s’exprimer librement. Et ce, quels que soient les sujets abordés : solitude, dépression, maladies, deuil, suicide, addictions… Le projet, porté par des bénévoles, se veut aussi compréhensif que discret.

Pour les personnes qui ne peuvent se déplacer ou qui ne préfèrent pas une rencontre physique, il est toujours possible de contacter Télé-Accueil, accessible 24 heures sur 24 via le numéro 107. En plus d’être gratuite, cette ligne d’écoute est anonyme, confidentielle et ponctuelle. Elle est assurée par une équipe de bénévoles formés et encadrés par des professionnels. Parler et écouter peut aider à surmonter une étape difficile, trouver les ressources utiles et sortir de l’isolement.

Pour les personnes âgées et leur entourage, un autre numéro peut être composé : le 0800/303.30. Il s’agit de la ligne d’appel gratuite et anonyme de l’asbl Respect Seniors. L’agence wallonne de lutte contre la maltraitance des aînés a également pour mission de mener des actions, d’informer et de sensibiliser à la thématique à destination du public.

La solitude peut également être choisie

Si certaines personnes subissent la solitude, d’autres la choisissent, et ce malgré les injonctions à la sociabilité. Il importe donc de distinguer les deux formes d’isolement.

"Notre culture ne valorise pas la solitude. Parce qu’elle s’oppose à l’illusion de partage entretenue par les réseaux sociaux, elle renvoie pour beaucoup à la tristesse, aux épreuves de l’existence, et semble révéler chez celui ou celle qui l’aurait choisie un déficit de vie, une inaptitude à aimer, à ressentir et à agir", peut-on lire sur la quatrième de couverture du livre "Préciseuse solitude" écrit par l’auteure Monique Castelain-Foret.

"La peur d’affronter son quotidien en solo trouve aussi des racines dans l’amalgame qui est fait entre deux notions différentes : l’isolement physique, l’absence concrète de relationnel autour de soi, et le ressenti psychologique. Ces deux aspects peuvent d’ailleurs cohabiter et dans notre société, ils concernent plus particulièrement les personnes âgées", explique la psychologue clinicienne et psychothérapeute.

Sans toutefois minimiser les souffrances profondes associées à l’isolement, à la solitude physique ou psychologique, Monique Castelain-Foret a souhaité montrer "en quoi la solitude temporaire ou non, acceptée et non subie, peut ouvrir à une meilleure connaissance de soi et même à une découverte de capacités ignorées". Car l’expérience de compter davantage sur soi offre, et peut-être plus particulièrement pour les personnes introverties, "une existence qui n’en sera que plus équilibrée".

Sur le même sujet : Extrait JT (23/01/2023)

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