On constate une différence importante entre ton premier EP Petit Chien et ton album Ready to Heal, notamment en écoutant “Mal Barre”. C’est plus frontal, plus subtil. Est-ce que tu as eu envie d’aller plus loin, tant dans la recherche de sonorités que dans la portée de tes textes ?
C’est très bien vu, j’ai voulu plus ouvrir mon coeur avec Ready To Heal. Je ne pense pas que je n’étais pas sincère dans Petit Chien, mais c’était un peu une collection de tous les sujets qui me passaient par la tête de façon spontanée. Je parlais de mon chien, je parlais du fait d’être fauchée en tant qu’artiste, je parlais déjà d’homosexualité mais de manière un peu déguisée dans "Fly Away", etc. Pour l’album, j’ai un peu flippé au niveau des paroles parce que j’avais l’impression d’avoir déjà tout dit. Mais au bout d’un moment, j’ai capté que c’était OK de se répéter et de reparler des mêmes choses. Certaines personnes chantent des break-up songs toute leur vie, et en fait les gens ne se désintéressent pas forcément. Je me suis dit “Oh mon dieu, tout le monde a déjà compris de quoi j’allais parler” (rires). Alors qu’on s’en fout ! Du coup, j’aborde les mêmes choses mais plus en profondeur. C’était quand même une période plus intense, il n’y avait pas autant l’insouciance d’écrire ses premières chansons et de découvrir que c’est genre “haha trop fun, je fais des chansons”. Non, maintenant c’est malgré tout devenu un nouveau métier même si j’essaye de cultiver un maximum de légèreté en le faisant. Je veux effectivement dire un peu plus qui je suis, et c’est donc plus intime. Et plus émo (rires).