Julian Alaphilippe, la "saison du come-back" qui tourne au vinaigre

Les origines du mal ont pour racine le 18 octobre 2020. Aux prises avec Mathieu van der Poel et Wout van Aert dans un Tour des Flandres épique, il manque de vigilance en heurtant une moto. Cette chute marque la fin d’un momentum formidable, lui qui avait terrassé la concurrence quelques semaines auparavant lors de championnats du monde restés dans la mémoire. C’est la première d’une série de chutes qui vont faire douter ce crack permanent.

L’année 2022 lui permet de parader pour la seconde fois consécutive avec le maillot arc-en-ciel. A son programme, les Strade Bianche qu’il rêve d’accrocher pour la deuxième fois à son palmarès. Mais un soleil impressionnant en plein secteur gravel lui fait perdre tous les espoirs. Il termine vaille que vaille la course mais en ressort meurtri et fait l’impasse sur le début du printemps.

D’autant qu’un mois et demi plus tard, il est victime d’une nouvelle chute dans la plus prestigieuse des Ardennaises. A 60km de l’arrivée, il termine dans le décor et passe une nouvelle fois à côté de son rêve de Doyenne. Un an après avoir été déclassé à la suite d’un mouvement dangereux dans le sprint final, le voilà à nouveau contrarié avec une classique qu’il adore. Sa chute, lourde de conséquences, avorte pour ainsi dire le reste de sa saison.

Patrick Lefevere, jamais avare en remarques cyniques, en a assez de voir Alaphilippe ne plus lui rendre l’investissement placé en lui. "Il peut nous quitter s’il est fatigué de notre environnement", a déclaré le boss de l’équipe belge. Depuis des mois, les remarques désobligeantes se multiplient autour de l’Andorran, créant un climat peu propice à la confiance. Et les résultats en berne de Soudal Quick Step sur les classiques du début de saison ne sont pas de nature à réchauffer l’atmosphère. En stage en Espagne, il avait pointé le Ronde comme son objectif du début de saison. Pas de chance : il a traversé les 280 kilomètres dans les Flandres sans jamais espérer rivaliser. Atteint par la chute dévastatrice, il n’a jamais pesé. C’est résigné qu’il s’est présenté aux micros. "Me concernant, j’étais un peu déçu de tomber mais c’était une grosse chute, donc difficile à éviter. Je suis toujours convaincu que c’est une course que j’aime, que je rêve de gagner", a-t-il déclaré aux micros. D’autres leaders, comme Wout van Aert, ont fait nettement mieux que les 8 minutes de retard sur Pogacar à l’arrivée…

Encore sous contrat jusque 2024, Julian Alaphilippe facture le septième plus gros contrat du peloton. Doit-il quitter Soudal Quick-Step pour vivre une nouvelle aventure ? Philippe Gilbert, qui a bien connu Alaphilippe et s’est retrouvé confronté aux mêmes choix, plaide en faveur d’un départ : "cela fait presque dix ans qu’il est là et peut-être que c’est bien de voir d’autres choses". Nul doute que des formations françaises attendent de pied ferme une éventuelle mise sur le marché. En attendant, il lui reste plusieurs objectifs : le premier sera de retrouver un top 10 dans une grande course (voir tableau ci-dessus). Le triptyque ardennais devra lui permettre de tourner ce bouton.