Jurassic Park : il y a 30 ans les dinosaures revenaient sur terre

J’ai dépensé sans compter !

Milliardaire excentrique, John Hammond n’est pas peu fier de sa création, de son invention, de son rêve devenu réalité, de son ouverture. Celle de son parc jurassique. Un parc à ciel ouvert où brachiosaures, stégosaures, vélociraptors et autres tyrannosaures se disputent, en toute liberté, le bout de gras pour les uns, un peu d’herbe pour les autres. Et nous aussi, nous aurions voulu tant dépenser pour pénétrer dans ce parc et profiter de ce beau (et ancien monde) monde. Mais…

Mais reprenons tout depuis le début. De quoi ça parle "Jurassic Park" ? Réalisé par Steven Spielberg, ce film nous emmène ailleurs, là où l’impossible est possible. Il nous fait croire que les dinosaures sont plus vivants que jamais. Véritable prouesse technique avec des effets spéciaux inédits pour l’époque, Spielby nous transporte surtout sur une île au large du Costa Rica. Là, plusieurs jeeps s’arrêtent dans une prairie. Le professeur Grant (Sam Neill) assis derrière l’une d’elles tourne machinalement la tête. Il est soudain bouche bée. Il ôte son chapeau, se lève et enlève ses lunettes. Le paléontologue n’en croit pas ses yeux (nous non plus), là devant lui, un brachiosaure est en train de brouter dans les arbres à quelques dizaines de mètres. Et là, Hammond, le propriétaire de l’île se lance dans quelques explications et autres vantardises du genre…

Nous avons chronométré la course du Tyrannosaurus-rex à 40 km/h !

Cette scène-là, elle vous donne à chaque fois des frissons. Et des frissons, les quelques privilégiés qui ont assisté à l’avant-première du film "Jurassic Park", ils en ont encore. C’était le 9 juin 1993. Il y a donc 30 ans jour pour jour, à Washington DC (USA), ce film incroyable fût projeté pour la première fois.

Alors, évidemment, on sait que c’est du cinéma mais on y croit quand même. D’où cette question, certes un poil naïve : "Est-ce que l’ouverture d’un parc Jurassique est possible dans la vraie vie ?" Oups, quitte à vous décevoir, la question est "vite répondue" comme dirait l’autre : non, ce n’est pas possible ! En gros, quelle est la thèse de départ de la saga ? Des scientifiques reconstituent l’ADN de dinosaures à partir de sang retrouvé dans l’estomac d’un moustique. Des séquences d’ADN étant manquantes, les généticiens décident de le compléter avec de l’ADN de grenouille, ce qui constituera la cause de leur perte de contrôle, puisque ce sont ces mêmes séquences d’ADN qui permettront aux reptiles de se reproduire. L’idée semble tout aussi belle que géniale. Oui mais voilà, l’ADN ne reste pas intact indéfiniment… même bien préservé. Dans un article paru dans le magazine Proceedings of the Royal Society (c’était en 2012), des scientifiques ont évalué la demi-vie d’une molécule à 521 ans. Bref, l’ADN deviendrait donc illisible après 1 million et demi d’années. Or, les fossiles de dinosaures les plus récents ont été estimés vieux de 65 millions d’années. Il est donc génétiquement impossible de récupérer de l’ADN de dinosaure exploitable.

À l’heure actuelle, les techniques de clonage sont loin d’être aussi parfaites que dans la saga imaginée par Steven Spielberg. Juste comme ça, pour la brebis Dolly en 1996, sur 277 essais, seuls 29 ont abouti au développement d’un embryon.

Heureusement, il nous reste cette incroyable saga pour y croire. Une saga à lire également car "Jurassic Park", à la base, c’est le titre d’un livre écrit par Michael Crichton et publié en 1992. Crichton est réellement un auteur intéressant et à (re)découvrir. D’abord, il a écrit de nombreux romans adaptés au cinéma comme "Congo", "Sphère" ou "Le mystère Andromède". Il a aussi imaginé pour le Cinéma "Westworld" avec Yul Brynner où des robots à l’apparence humaine servent à amuser les visiteurs d’un parc à thème. Ce film, c’est l’ancêtre de "Terminator". On lui doit encore la série télé "Urgences". Michaël Crichton, c’est donc l’un des pionniers d’un genre littéraire et culturel très particulier qu’est le techno-thriller voire le bio-punk. Alors non, un bio-punk ce n’est pas un punk à chien qui mange du boulgour. Les romans de techno-thriller sont des bouquins teintés de science et de fiction, ce sont des polars de science-fiction. Bref, voilà un mélange des genres qui rend les propos publiés extrêmement crédibles et prenants. Et ce livre "Jurassic Park", c’est exactement ça. Quand on lit le roman, on y croit plus que jamais car tout nous est expliqué et justifié via des formules mathématiques. Il y a même dans ce livre des pages entières de relevés ADN. Bon ok, c'est parfois indigeste à la lecture car Crichton, il va souvent trop loin mais qu’importe, ça renforce le récit. En plus, ce livre est beaucoup plus sombre, plus cruel, plus dense (trop même) que le premier film de la saga. Un livre qui développe des idées vues dans les autres opus siglés "Jurassic Park" !