La Toussaint est une période chargée pour les marbriers et tailleurs de pierre. Les tombes doivent être réparées avant le jour-j, "et certaines familles se rendent compte de défauts ce jour-là. Les bons de commande se démultiplient durant cette période", confie Éric Spinnoy de la Marbrerie Laloux à Namur.
Si de petites réparations peuvent être réalisées dans des délais relativement brefs, c'est une autre histoire pour ce qui est de la pose de monuments complets. "Depuis le Covid, il faut compter entre quatre, cinq, six mois... et parfois, c'est pire ! On ne s'avance plus... Avant cette période, le tout pouvait être réalisé entre deux et trois mois."
Mais comment expliquer ces retards généralisés alors que la crise sanitaire paraît si loin ? "Il faut se rendre compte que l'exploitation du marbre et du granite a été à l'arrêt dans le monde entier durant des mois. Dans le même temps, les gens continuaient à mourir et ce sont des commandes qui ont été postposées."
Aujourd'hui, toutes les activités ont repris. Mais les stigmates persistent. À la reprise, la demande a été telle que la production n'a pu suivre. "Si vous vous mettez à l'arrêt un jour, il vous en faut quatre pour le rattraper. On estime qu'il faudra encore du temps pour que ces quatre mois d'arrêt soient résorbés. Nous travaillons à flux tendu. Il n'y a pas de stock chez nous. Nous sommes obligés de nous plier à ces contraintes horaires", analyse le marbrier.
Mais ce n'est pas tout. Si les délais ont explosé, les prix ont suivi la tendance. "C'est la loi de l'offre et de la demande. Au vu des retards, une forte pression s'est créée sur ce marché. Ces dernières années, le prix des matières premières a augmenté de 25% en moyenne. À cela, il faut ajouter le coût du transport qui lui aussi s'est envolé. Nous importons nos matériaux d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud. Mais tout le transport maritime est congestionné et ce sont à nouveau les prix qui augmentent. Dans le contexte actuel, trouver un conteneur libre et à un prix décent, cela rend les choses vraiment compliquées."