Regions

Koekelberg : la maison de l’ancien bourgmestre Bossaert, bijou art déco classé, en vente pour 2,4 millions

La maison d’Oscar Bossaert, ancien bourgmestre, ministre, footballeur, est classée depuis l’année dernière.

© GOOGLE – IMMO LIERMAN

Un croisement parmi les plus fréquentés de la région bruxelloise. Et sur le coin, un immeuble parmi les plus délicats et les plus authentiques. Le bien situé à l’angle de l’avenue du Panthéon et de l’avenue de la Liberté, à Koekelberg, est en vente. Un bijou Art déco récemment classé mis à prix pour 2,45 millions d’euros.

En 1930, cet édifice n’a pas été conçu pour n’importe qui et par n’importe qui. Le propriétaire se nomme Oscar Bossaert (1887-1956), un homme aux multiples casquettes. Un touche à tout qui épousera d’abord une carrière de footballeur en tant que joueur au Daring Club de Molenbeek dans les années 1910 et même comme Diables rouges (12 sélections).

Après l’odeur du gazon, celle du cacao et du sucre. Au début des années 20, il reprend la direction de l’entreprise familiale Victoria, la célèbre biscuiterie-chocolaterie. Un fleuron au début du siècle dernier, un petit empire en Belgique. Suffisamment grand pour Bossaert ? En 1927, ce libéral se lance en politique et devient bourgmestre de Koekelberg (comme son père). Sa passion pour le foot n’est jamais loin : en 1928, il est désigné président du Daring, avant même de donner son nom au stade du club (futur Machtens).

Après la gestion de la chose publique au niveau local, Bossaert devient sénateur en 1939 et ministre des Classes moyennes en 1954, dans le gouvernement d’Achille Van Acker.

Une cheminée presque centenaire.
Un des éléments décoratifs de la maison.
La salle de bain avec ses sanitaires d’époque.

1100 mètres carrés, 10 chambres

Une carrière singulière qui pousse très tôt ce très riche industriel à se faire construire une prestigieuse demeure sur le plateau de Koekelberg, sur un terrain déjà occupé par une belle demeure, mais un peu moins imposante.

Bossaert fait appel à l’architecte Albert Callewaert. L’ancien footballeur se tourne vers celui qui a conçu le stade du parc Duden, celui de l’éternel rival du Daring, l’Union Saint-Gilloise. Une enceinte à la façade Art déco, le style architectural en vogue à l’époque. A l’admiration de la maison Bossaert, on distingue aisément l’inspiration dans l’utilisation de la pierre blanche et des éléments décoratifs. La maison est située à l’angle de deux avenues mais aucune plaque de rue traditionnelle n’est posée sur les deux façades concernées : les noms de deux axes sont carrément gravés dans la pierre.

Témoin du mode de vie bourgeois de l’entre-deux-guerres

La décoration intérieure, elle, sera confiée à Charles Stepman. Lors du classement du bien, en 2022, la Région bruxelloise vante les splendeurs des pièces réparties sur plus de 1100 mètres carrés habitables (cinq niveaux et 10 chambres).

"L’intérieur de la maison se caractérise par l’emploi de matériaux nobles et de grande qualité, dans le plus pur esprit du style Art Déco : mélange harmonieux et élégant de diverses essences de bois, divers marbres et ferronneries", note Urban.brussels, service régional de l’Urbanisme et du Patrimoine.

"Fait assez rare, la villa conserve son mobilier de cuisine d’origine, tout comme celui des salles de bain, des éléments qui participent à la valeur exceptionnelle de cette villa, témoin du mode de vie bourgeois durant l’entre-deux-guerres. On remarque également une certaine originalité dans l’agencement des baies en façades. En effet, elles ne sont pas toujours alignées en travée et ont diverses largeurs. La disposition répond directement à l’agencement intérieur de la villa. Le plan étant triangulaire, les pièces sont disposées de manière à recevoir la lumière nécessaire à leur usage. Ainsi, aux deux travées aveugles au rez-de-chaussée côté avenue de la Liberté correspondent les deux escaliers (principal et de service). L’escalier principal est éclairé par une large et haute baie à l’étage, qui permet d’avoir de la lumière naturelle jusqu’au hall d’entrée. Vers l’avenue du Panthéon, une plus large baie occupant deux travées éclaire le salon."

La maison compte également un jardin, disposé en triangle, classé comme le reste de la demeure.

Au décès d’Oscar Bossaert, en 1956, le bien accueillera d’autres occupants et sera même converti en bureaux dès 1987. La dernière vente connue date de 2014. Le lieu accueille régulièrement des tournages de films et de séries, dont actuellement l'équipe de la série flamande "Alter Ego".

C'est un joyau de la commune

Est-ce que la commune de Koekelberg est éventuellement disposée à casser sa tirelire pour acquérir le bien? "Nous aimerions bien", réagit Ahmed Laaouej (PS), bourgmestre. "C'est un joyau immobilier patrimonial de la commune, chargé d'histoires. Malheureusement, nous n'avons pas les moyens de l'acquérir, parce que nous sommes engagés dans d'autres projets de développement en faisant régulièrement l'acquisition de biens immobiliers. Nous serions cependant très heureux que d'autres pouvoirs publics, comme la Région bruxelloise, qui ont d'autres moyens que les nôtres, puissent faire l'acquisition de ce bien. Je crois qu'il aurait toute sa place dans le patrimoine public en général. Et ce serait l'occasion d'y développer pourquoi pas des activités culturelles ou d'une toute autre nature. En tout cas, de rendre le bien accessible au plus grand nombre."

 

 

Les intérieurs, tout en boiseries et ferronneries.
Les intérieurs, tout en boiseries et ferronneries.
Les intérieurs, tout en boiseries et ferronneries.
Oscar Bossaert, ancien bourgmestre, joueur de football, ministre, entrepreneur...
Oscar Bossaert, ancien bourgmestre, joueur de football, ministre, entrepreneur... © D. R.
Pas de plaque de rue mais des gravures sur la façade.
La maison Bossaert, après sa construction.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous