On a appris ce lundi le décès de Paul Furlan à l’âge de 60 ans, à la suite d'un cancer. Binchois de naissance, Thudinien par la suite, il avait connu une rapide ascension politique. Sa simplicité, son abord facile y étaient pour beaucoup.
Laissez-moi dormir !
Paul Furlan est un ministre sans cravate à une époque où elle s’impose encore. L’homme est ainsi : sportif accompli, simple, générant la sympathie auprès de ses interlocuteurs. Et il n’est pas le genre de personne que les honneurs émeuvent. Ainsi, le soir où, très tard, on apprend qu’il sera ministre, quand un journaliste l’appelle pour recueillir ses impressions, sa réponse fuse : " Là, je dors ! On en reparle demain matin si ça vous convient ".
Une carrière politique rapide
Il entame sa carrière politique au PS en 1994 à Thuin où il devient conseiller communal, dans l’opposition. En 1999, il se présente aux élections régionales. Il est élu député. A partir de là, tout s’enchaîne très vite. Il devient bourgmestre de Thuin en 2000. On le présente alors comme un de ces jeunes socialistes incarnant le renouveau du parti après les affaires carolos. En 2006, il préside l’Union des Villes et Communes de Wallonie. Trois ans plus tard, il cède le poste : il vient en effet d’être appelé au gouvernement wallon. Il y détiendra les portefeuilles des pouvoirs locaux, du logement, du tourisme, de l’énergie.
Ses chantiers
Sans beaucoup de bruit et sans vague, au Gouvernement wallon, il veille à la consolidation du fonds des communes, à la mue des provinces; il réforme les grades légaux; il met en place le décumul partiel des fonctions entre député wallon et membre d’un collège communal; il soutient le développement de sites touristiques et il initie une réforme des intercommunales, un domaine qu’il connaît bien.
L’écueil Publifin
C’est pourtant sur le cas de l’une intercommunale qu’il va chuter. Au moment où le scandale Publifin-Nethys éclate, on se rend compte que son chef de cabinet adjoint exerce dans le groupe liégeois un mandat rémunéré. Paul Furlan doit s’expliquer. Il le fera dans des termes simples qui suggèrent une forme de naïveté : " Etais-je au courant ? Non. Aurais-je pu savoir ? Oui. Ai-je cherché à savoir ? Non ". Il en tire les conclusions, démissionne et redevient député, fonction qu’il occupait jusqu’à aujourd’hui.
Député-bourgmestre
Le décret sur le décumul entre député wallon et bourgmestre tolérait une exception pour ceux qui réalisaient un fort taux de pénétration dans l’électorat. C’est ce qui avait permis à Paul Furlan de continuer à exercer les deux fonctions.
Pourtant, en 2020, il estime qu’il est temps pour lui de céder son écharpe maïorale pour, dit-il, se fixer d’autres défis. Thuin lui était acquis. Mais, disait-il, une vie sans risque c’est une vie sans sel et sans piment.