Depuis plusieurs années déjà, ces forêts se meurent. Avec le réchauffement climatique, les conifères, dont le système racinaire est peu profond, manquent d'eau et sont incapables de produire la résine qui les protège des parasites. Et le scolyte, une sorte de mini-scarabée, ravage les épicéas fragilisés, laissant derrière lui des ossatures d'arbres gris-bruns, sans feuilles ni épines.
Un traumatisme dans un pays où la forêt revêt une dimension quasi mythique, servant de décor à nombre de contes et légendes. Avec ses immenses étendues de bois, le Brandebourg a commencé à abandonner la monoculture d'arbres dans les années 90 mais la tâche est titanesque.
Paradoxalement, l'intensité des feux de forêt peut accélérer le processus. A quelques kilomètres des squelettes d'arbres, Martin Schmitt montre une parcelle de forêt d'épicéas qui a brûlé en 2018. "Trois ans plus tard, nous y avons des arbres, certains font plus de six mètres de haut", poursuit-il en montrant les chênes et les trembles qui ont naturellement pris racine. Dans les mois suivant l'incendie, "tout était encore complètement brun, un désert complet, pas une feuille verte", se souvient-il.