L'Inde sortie de la liste des "pays à très haut risque": malgré le variant Delta, les contaminations diminuent, comment l'expliquer?

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Par Sébastien Farcis avec X.L.

Depuis le 3 juillet, l'Inde ne fait plus partie des territoires classés "à très haut risque" par la Belgique, ces pays déconseillés, où le variant delta est très présent, et dont les voyageurs doivent respecter une quarantaine de 10 jours au retour, même si vaccinés.

Une décision qui peut paraître étonnante puisque le variant delta a été identifié pour la première fois en Inde, et qu'il y a fait des ravages, mais qui est justifiée par la diminution du nombre de cas détectés dans ce pays, où la vaccination patine pourtant.

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Après la tempête dévastatrice des mois d’avril et mai, une éclaircie semble en effet s’installer sur l’Inde: ce lundi 5 juillet, le nombre de cas de COVID-19 rapportés est tombé en dessous de la barre des 40.000 infections, pour la première fois en près de quatre mois. Après avoir dépassé les 400.000 cas officiels en mai, le pays assiste à une chute spectaculaire des infections depuis plusieurs semaines. Ce recul rapide, qui offre une courbe d’infections en forme de pic himalayen, a plusieurs explications. 

D’abord, la flambée de nouveaux cas, nourrie par la mutation du virus en variant Delta, a vite consommé les grands centres urbains, à la densité de population très élevée. Les régions de New Delhi, Bombay et Lucknow, qui comptent chacune plusieurs dizaines de millions de résidents, ont été prises de court par cette forme plus contagieuse et qui nécessite une plus grande assistance respiratoire.

Une immunité collective sauvage ?

En quelques jours, les services de santé ont été submergés, l’infection s’est propagée comme un vrai feu de forêt. Au pic de cette deuxième vague nationale, un test sur trois était positif dans la capitale, ce qui indique que le virus était hors de contrôle. Une proportion importante de la population de ces villes aurait donc été infectée, ce qui aurait formé un début d’immunité collective sauvage, et ralenti la course du virus.

Une première étude sérologique, menée entre avril et juin dans le centre de Bombay, vient confirmer cette hypothèse: 51% des enfants testés possédaient des anti-corps contre le COVID-19. Les nouveaux variants étant très contagieux, leurs parents ont certainement également été contaminés. 

Meilleur contrôle ?

Ces derniers jours, le nombre de nouveaux cas quotidiens à New Delhi se compte par dizaines, pour une population de plus de 20 millions d’habitants. Et presque toutes les restrictions ont été levées. Les régions urbanisées du Maharashtra, où se trouve Bombay, et du Kérala, qui ne comptent à elles deux que 12% de la population nationale, enregistrent par contre près de la moitié des nouvelles infections. La décrue est ici bien plus lente, ceci pour plusieurs raisons: un pic mieux contrôlé et moins dévastateur, une densité très élevée de population et une politique intensive de dépistage.   

Une vaccination qui piétine

Qu’en est-il alors des autres régions, plus rurales ? Officiellement, la tempête leur est passée dessus sans causer trop de dégâts. Dans la réalité, le virus a pu s’y propager, et pourrait toujours le faire, sans être vraiment détecté. Le gouvernement nationaliste-hindou du BJP a du reste intérêt à garder ces chiffres officiels au plus bas, pour sortir rapidement de cet épisode désastreux, qui a révélé son manque de préparation et a enragé la population. 

Pour reprendre la main, le Premier ministre Narendra Modi essaie de relancer la campagne de vaccination, qui a piétiné ces derniers mois à cause d’une mauvaise logistique. Environ 4 millions de doses sont inoculées chaque jour, soit deux fois plus qu’il y a six semaines, mais cela reste  relativement faible pour le deuxième pays le plus peuplé du monde, qui doit administrer deux doses à 940 millions d’adultes. A l’heure actuelle, seulement 23% des adultes indiens ont reçu une injection et 6,6% sont complètement vaccinés contre le COVID-19. A ce rythme, l’ensemble de cette catégorie ne sera couverte que vers le milieu de l’année prochaine. 

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Or le temps presse : tant que la population n’est pas vaccinée, le virus peut continuer à se transmettre et à muter, encore plus rapidement dans un si grand bassin, comme on l’a vu avec l’émergence du variant Delta en Inde.


►►► A lire aussi : Comment le variant delta se répand en Belgique ? Ce que l’analyse génomique nous apprend


Les scientifiques indiens ont d’ailleurs déjà repéré une nouvelle sous-mutation, appelée Delta Plus, qui aurait la capacité à s’accrocher davantage aux cellules pulmonaires. Sa propagation demeure extrêmement minoritaire et l’Organisation mondiale de la santé ne s’en inquiète pas encore, mais les autorités locales, critiquées pour leur passivité d’il y a quelques mois, ont déjà pris les devants et l’ont classé comme un variant " préoccupant ".  

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