Plusieurs organisations s'inquiètent de ne pouvoir aider toutes les personnes démunies cet hiver alors que la crise énergétique et l'inflation s'installent dans la durée. Ainsi, la Croix-Rouge tire, vendredi dans un communiqué, la sonnette d'alarme face aux demandes d'aide alimentaire qui explosent. La fédération belge des banques alimentaires (FBBA) partage ce constat.
À l'approche de la journée mondiale de l'alimentation le 16 octobre, la Croix Rouge exprime sa crainte de ne pas pouvoir combler toutes les demandes cet hiver. La crise énergétique couplée à l'inflation accentue en effet les besoins d'aide alimentaire de nombreuses familles, qui sont de plus en plus contraintes de choisir entre se chauffer ou se nourrir. En 2021, "19,3% de la population, soit 2,2 millions de Belges, étaient menacés de pauvreté", rappelle la Croix Rouge, qui cite des données provenant du Bureau du Plan.
Au vu de la conjoncture actuelle, l'organisation s'attend à ce que le nombre de ses bénéficiaires augmente sensiblement ces prochaines semaines. L'année dernière, l'organisation avait accueilli 254.540 personnes dans les bars à soupe et distribué près de 35.000 repas auprès des personnes sans abri.
La Croix Rouge redouble d'efforts
Pour faire face à la demande, la Croix Rouge va redoubler d'efforts et activer ses partenariats. L'organisation récupère notamment les invendus alimentaires frais dans des supermarchés, procède à des achats centralisés via la plate-forme Soli-Food (dont les prix sont 20 à 25% moins chers qu'en magasin) et recueille des denrées non périssables fournies par le Fonds Européen d'Aide aux plus Démunis (FEAD).
La fédération belge des banques alimentaires se retrouve aussi confrontée à un défi de taille. A l'instar de la Croix Rouge, la FFBA constate une augmentation du nombre de personnes recourant à l'aide alimentaire, avec une hausse "d'environ 15% sur les quatre derniers mois", estime Piet Vanthemsche, son président. "Quelque 200.000 personnes font appel à l'aide alimentaire chaque semaine", indique-t-il.
Diminution de dons
À l'augmentation de la demande, s'ajoute par ailleurs la diminution des dons de l'industrie alimentaire. "Les entreprises du secteur alimentaire deviennent plus strictes avec leurs surplus à cause de l'augmentation des coûts de production", remarque Piet Vanthemsche. "Nous essayons de compenser cela en achetant nous-mêmes des vivres, ce qui pèse sur le budget, mais la situation reste compliquée".
La question de la suffisance de l'offre face à la demande grandissante interpelle les acteurs de l'aide alimentaire. "Nous avons pris des initiatives notamment en contactant le gouvernement fédéral qui nous a octroyé un budget de 1,6 million d'euros pour l'achat de denrées alimentaires. Nous avons également mobilisé nos moyens propres pour maintenir l'offre à un niveau acceptable", conclut le président de la FBBA.