Est-ce un fantasme de ma génération ou de gens qui ont connu le choc des "Bronzés", et puis de "Trop belle pour toi", de dire qu’il y a eu avec le Splendid, et puis peut-être de façon un peu plus large un âge d’or, ou bien c’est vraiment un truc de vieux con de dire ça ? Aviez-vous conscience que c’était ça ?
Je me dis que chacun a son âge d’or parce que nous nous sommes beaucoup inspirés de la comédie italienne des années 60 et 70. Nous sommes arrivés juste après. Pratiquement fin 70 et c’était formidable ! Le cinéma italien était quasi mort, il a été tué par la télé et par Berlusconi, mais c’était un cinéma qui était un des plus riches, des plus inventifs, et bien sûr on se dit que c’était l’âge d’or. Exactement comme il y a eu l’âge d’or des cinémas indépendants américains et maintenant on a droit aux super héros. Voilà.
Vous n’aimez pas les super héros ?
J’aime bien de temps en temps. Il y a des films qui sont bons. D’autres sont absolument affligeants. Quand les effets-spéciaux prennent le pas sur le scénario, c’est un peu pénible.
Comme John Lasseter le disait, alors qu’il fait quand même des films à la technicité hallucinante, "un scénario, un scénario, un scénario, une histoire…" C’est votre crédo aussi ?
Je pense mais Hitchcock le disait aussi bien avant… Oui bien sûr après il y a des effets spéciaux et ça plait à un certain public. Il y a aussi un public d’amateurs de jeux vidéo puisque maintenant on adapte des jeux vidéo à l’écran. C’est un marché qui rapporte un fric hallucinant et qui touche je ne sais pas, des jeunes et des moins jeunes. Moi aussi je joue mais pas aux mêmes jeux.
Aujourd’hui, en tant que scénariste, réalisatrice, actrice, qu’est-ce qui vous pousse, qu’est-ce que vous avez envie de faire ?
Pour l’instant j’écris surtout des pièces. Je n’écris pas encore de scénario mais j’ai des idées. Mais j’attends surtout des propositions de rôles qui m’intéressent, parce que je suis un peu fainéante donc c’est beaucoup moins fatigant d’être actrice que d’être metteur en scène. Il se trouve que là ça va, j’ai des beaux rôles. Je vais tourner avec Isabelle Carré et Sergi Lopez pour Eric Besnard qui a fait "Mes héros", donc ça me plait aussi. Non, le cahier est rempli. Y’a plus qu’à bosser.
Pour revenir à "Retour chez ma mère", ça se voit à l’écran que vous avez pris un grand plaisir à le tourner. Ça vous a appris des choses sur vous, ou sur l’âge si je puis me permettre, parce que c’est aussi un film très beau sur le sujet.
Quel que soit l’âge, les parents aussi s’éclatent, parce que les enfants ne peuvent pas imaginer que leur mère ait une vie de femme à côté. Elle est la seule qui a pratiquement une vie à peu près heureuse. Ca ne va pas du tout pour ses filles. Mais elle ça va. Je crois que quand on est acteur, on apprend tout le temps. On n’a jamais fini d’apprendre. C’est ça qui est bien, on se bonifie fort heureusement. Se dire que plus on fait le métier, mieux ça va. Donc j’apprends tout le temps.
Et votre fille va bien ?
Elle va bien, elle a fait un très joli film qui a marché. Je pense qu’elle doit être en train d’écrire à l’heure qu’il est.
J’ai fait une interview d’elle à la sortie de "Joséphine s’arrondit", et je trouve ça beau, une fille qui réussit de la sorte. Elle ne marche pas sur vos pas même si c’est dans le même milieu que vous pour qui elle a une telle admiration. Quel est votre ressenti par rapport à ça ?
Il ne faut pas que ça soit quelque chose qui vous empêche de progresser. Elle a toujours été élevée dans le culte du travail surtout. Elle nous a vu bosser, je l’ai emmenée tout le temps sur les tournages, je voulais qu’elle voit, sans savoir qu’elle allait faire ce métier, que ce n’était pas du tout de la paillette, que si on vous maquillait, si on vous habillait, c’était dans un but précis. Elle allait au montage, elle allait au mixage, elle allait partout. Donc elle a su très vite que c’était du boulot et elle a compris qu’être acteur c’était du travail.