Ce séisme change donc considérablement la donne pour l’Europe. Et il tombe à un très mauvais moment. Certes, un séisme ne tombe jamais au bon moment, mais dans le narratif de l’UE, celui-ci est survenu au pire moment.
Il y a parfois des conjonctions d’événements "malheureuses". Le séisme s’est produit dans la nuit du 5 au 6 février. A peine 4 jours plus tard, les dirigeants européens étaient réunis en sommet à Bruxelles. Ils étaient là, notamment, pour parler migration, pour écrire une nouvelle page dans l’histoire de la migration en Europe.
Deux événements qui se croisent, et deux récits qui vont s’écrire en parallèle. Presqu’en négatif…
Alors que des murs viennent de s’effondrer en Turquie et en Syrie, les 27 réunis en sommet, parlent de construire des murs. Pas pour les sans-abri, mais pour se protéger, pour empêcher l’immigration illégale.
Alors que des citoyens meurent étouffés sous les décombres, les Européens parlent d’asphyxie. Leurs structures d’accueil sont saturées. En un an, les passages illégaux détectés aux frontières européennes ont augmenté de plus de 60%… dont une grande partie via la route des Balkans, celle le plus souvent empruntée par les Syriens.
Bref, à l’issue de ce sommet, dans la nuit du 9 au 10 février, l’Europe annonce solennellement qu’elle va durcir sa politique migratoire et renforcer ses frontières extérieures. C’est le retour de l’Europe forteresse. Et tant pis pour le ou les drames qui se jouent à quelques milliers de kilomètres de là.