Les 193 pays membres de l'Assemblée générale des Nations unies sont appelés mardi à voter une résolution obligeant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à justifier leur recours au veto, une réforme rare et controversée relancée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Ciblant directement les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France et le Royaume-Uni, seuls détenteurs du veto, la mesure initiée par le Liechtenstein va permettre de leur "faire payer un prix politique plus élevé" lorsqu'ils y auront recours, estime un ambassadeur d'un pays n'en disposant pas et demandant à garder l'anonymat.
C'est une "simple réforme de procédure", rétorquent les détracteurs de l'initiative. Poussera-t-elle les cinq membres permanents à moins utiliser le veto? Ou aura-t-elle un effet incitatif à en provoquer sciemment contre des textes d'emblée inacceptables? Le débat n'est pas tranché.
Texte pas parrainé par la Russie
Avancée pour la première fois il y a deux ans et demi, la réforme prévoit une convocation de l'Assemblée générale "dans les dix jours ouvrables suivant l'opposition d'un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, pour tenir un débat sur la situation dans laquelle le veto a été exprimé", selon le texte proposé.
Une soixantaine de pays ont rejoint le Liechtenstein pour le co-parrainer, dont les Etats-Unis, un ralliement express qui a surpris à l'ONU, y compris parmi ses plus proches alliés. Si le Royaume-Uni et la France voteront pour la réforme, ils se sont abstenus de la co-parrainer.
La position de la Russie et de la Chine n'est pas connue mais elles ne figurent pas parmi les parrains du texte. Il va "diviser" encore davantage l'ONU, estime un diplomate d'un de ces deux pays sous couvert d'anonymat.