Un disque Arvo Pärt par Renaud Capuçon ? Il a composé un concerto pour violon, Arvo Pärt ? Non, il n’en a pas composé. Mais l’infatigable Renaud Capuçon, que l’on sait défenseur tout aussi infatigable des compositeurs contemporains, a désormais une corde de plus à son arc : il est devenu directeur musical de l’excellent Orchestre de Chambre de Lausanne. Et ceci est son premier disque comme chef, et avec eux. Même s’il y reste aussi un peu comme violoniste.
Il y a de belles parties de violon dans Tabula Rasa, qui donne son titre à l’album, dans Fratres, dans Darf ich et dans Spiegel im Spiegel - ou en tout cas dans les versions qui en sont proposées ici, puisqu’on sait que plusieurs œuvres parmi les plus célèbres du compositeur estonien existent en diverses versions. Rien de virtuose pour le violon, mais c’est justement cette économie des effets que le Français admire chez le grand maître : "C’est ce minimalisme qui est bouleversant. Il n’y a pas des milliards de notes, au contraire c’est très sobre, néanmoins on percute l’essentiel – qui se révèle d’autant plus touchant." Touchant, le disque l’est sincèrement, avec également trois pièces pour orchestre à cordes : Summa, Silouan’s Song et Für Lennart in memoriam. C’est à raison que Capuçon ajoute : "Chez Pärt, quelque chose invite à la méditation, à l’introspection, quelle que soit votre religion d’ailleurs (…) l’émotion qu’il suscite me paraît universelle."
CD Erato/ Warner Classics