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L'Union Saint-Gilloise en visite à l'Union Berlin : radioscopie de deux clubs cousins au travers d'une famille bruxello-berlinoise

L'Union Saint-Gilloise en visite à l'Union Berlin : radioscopie de deux clubs cousins au travers d'une famille bruxello-berlinoise

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C’est pour eux un vrai déchirement. Mais aussi (et surtout) une double jubilation. Eux, ce sont les Fayoumi : il y a là Sayed, le papa (47 ans), Bruxellois libanais ayant quitté la Belgique il y a une vingtaine d’années par amour pour une Berlinoise, et ses deux fils Salim (15 ans) et Florentin (10 ans), tous deux nés en Allemagne. Leur univers commun : le foot… et l’Union. Ou plutôt les Unions. L’Union Berlin pour les kids, l’Union Saint-Gilloise pour le daron : ce duel des deux Unions est donc une aubaine pour eux. Plus qu’un match, c’est une manière de faire vivre le lien familial et de communier autour de deux clubs à l’ADN très, très proche.

Depuis Berlin, à l’autre bout du téléphone, on le devine, on le sent : ça s’agite, ça trépigne chez les Fayoumi. Ce tirage au sort Union/Union était le meilleur possible. " Ça monte, ça monte, ici à la maison " sourit Sayed, le papa : " Moi, mon cœur penche pour l’Union Saint-Gilloise, que j’allais voir quand j’habitais Bruxelles… mais mes fils, eux, sont pour Berlin. Donc ça promet une soirée chaude avec les garçons… " (clin d’œil)

On habite dans le quartier du stade et toute la communauté ici s’identifie à l’Union Berlin " explique Salim, le fils aîné (15 ans). " On parle avec les anciens qui ont travaillé dans les usines locales, tous mes copains d’école sont fans de l’Union, ce club est vraiment dans mon cœur. Il y a des entraîneurs du club qui viennent faire du recrutement à l’école, mais moi, ils ne m’ont pas pris : je ne suis pas assez fort… (Il marque un silence) Le premier match que j’ai vu dans ma vie, c’était au stade de l’Union, avec mon père et mon grand-père, et ça m’a marqué. Les gens chantent ensemble, il y a une chaleur qu’on ne voit nulle part : l’année passée, on est allé gagner 1-4 le derby contre le Hertha au Stade Olympique. Tout le monde s’embrassait sans se connaître, on sent un vrai esprit de famille. "

Et le cadet, Florentin (10 ans), d’interrompre son frère : " Le Hertha, on ne les aime pas du tout ! Eux, ils sont très riches et ils sont quand même derniers au classement ! Tandis que nous, on n’a pas d’argent, on est tout petit et on est quand même cinquièmes ! Avec ma classe, on a visité le stade et on a adoré ! Mon joueur préféré, c’est Taiwo Awoniyi (NDLA : ex-avant de La Gantoise et de Mouscron), mais il est parti à Nottingham Forest cet été. Maintenant, mes joueurs favoris sont l’attaquant Sheraldo Becker et le défenseur Robin Knoche. "

Salim, Sayed et Florentin Fayoumi, supporters berlinois... des deux Unions !
Salim, Sayed et Florentin Fayoumi, supporters berlinois... des deux Unions ! © Tous droits réservés

Deux clubs ancrés dans leur culture et leur environnement

Le duel des deux Unions est loin d’être anodin : les deux clubs se ressemblent par leur parcours, leur ambiance et leur philosophie. Club fondé dans l’ex-Berlin-Est, l’Union Berlin est le club des ouvriers, et ses supporters se sont toujours opposés au pouvoir communiste : au Parc Duden aussi, les franges du kop se mobilisent en front antifasciste. Plusieurs fois au bord de la banqueroute, l’Union Berlin a dû son salut… à ses fans, qui se sont coalisés pour rénover le vieux stade mais ont aussi, un jour, fait don massif de leur sang et reversé leur prime médicale à leur club chéri ! Revenu des divisions inférieures, le club joue aujourd’hui les premiers rôles… comme le fait l’Union Saint-Gilloise en Belgique.

" Le club a toujours incarné les soucis des petites gens " explique Sayed, le papa : " Il veut les faire exister et lutter contre cette sorte d’anonymat qui les menace dans ce monde globalisé déchiré par la crise économique. Mais aujourd’hui, avec les succès qui renflouent les caisses du club, les gens ont un peu peur que l’Union Berlin ne perde justement son âme. Le prix des tickets augmente, les sponsors affluent et de nombreux supporters n’ont plus accès aux tribunes. Cela nuit un peu à cet esprit de communauté. Il existe bien un projet de nouveau grand stade (NDLA : encore un point commun avec l’USG) de 37.000 places, alors que l’actuel dépasse à peine les 20.000 places avec une grande majorité de places debout (NDLA : 18.000 !), mais on se demande si l’esprit va persister : tout cela casse un peu le rêve… "

1. FC Union Berlin - Bayern Munich
1. FC Union Berlin - Bayern Munich © Tous droits réservés

La découverte du Parc Duden

Cette parenté de culture entre les deux Unions ne pouvait mieux tomber : après leur papa, les deux fistons ont aussi succombé à la magie des Jaune et Bleu saint-gillois.

J’ai découvert l’Union Saint-Gilloise il y a un an et demi, quand je suis allé rendre visite à ma tante à Bruxelles " reprend Salim. " Mon père m’avait déjà parlé de ce club : ma tante m’a aussi expliqué toutes les valeurs de l’USG et je suis allé voir le Stade Joseph Marien. Un ami de classe m’a parlé d’un joueur allemand qui venait des séries inférieures… et c’était Deniz Undav ! J’ai commencé à suivre cette équipe : j’aime bien ses joueurs, j’aime bien la fierté qu’ont les supporters de leurs joueurs et le lien qui les unit, ça me rappelle l’Union Berlin. "

Et le plus jeune d’embrayer : " Je regarde les matches de l’USG avec Salim, et il m’explique leur jeu " s’enthousiasme Florentin. " L’USG a un style très agressif, porté vers l’avant, mais avec aussi une très bonne défense ! On va devoir faire attention car Berlin peut être très bon à certains moments du match… mais parfois aussi nos joueurs se déconcentrent et font des gaffes ! "

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Bagarre dans la discothèque

Avant chaque match à domicile de l’Union Berlin, les enceintes du stade crachent l’hymne du club, entonné par l’icône punk des Eighties Nina Hagen : Immer weiter, ganz nach vorn ! (" Toujours plus loin, toujours vers l’avant ") qu’entonnent… par cœur les deux ados. Et ce sera encore le cas ce jeudi soir…

Je serai au stade, car un ami m’a offert le ticket pour mon anniversaire " explique Salim… " Mais ce sera difficile émotionnellement ! Mon cœur bat plus pour l’Union Berlin, mais quel que soit le score, je serai content. Je pense que Berlin est plus fort, mais je me méfie de la rage de vaincre de l’USG, surtout avec Teddy Teuma ! Allez, je me lance : je pronostique 2-1 pour Berlin ! Et j’espère être à Bruxelles au match retour ! "

Florentin : " Moi, malheureusement, je n’ai pas de place pour le stade, mais je regarderai à la télévision : je dis comme mon frère, aussi 2-1 ! "

Sayed : " Moi je vois un match très ouvert, car l’USG va venir jouer son jeu et Berlin jouera sans pression, avec le soutien de son public. Donc potentiellement, c’est un match où il y aura des buts : je dis 3-1 ou 3-2. Je suis sûr que l’USG va marquer ! Qu’elle joue son jeu habituel, si chatoyant… et qu’elle se qualifie pour la suite des poules : c’est ce que j’espère ! "

Au Stade Olympique de Berlin lors du derby face au Hertha
Au Stade Olympique de Berlin lors du derby face au Hertha © Tous droits réservés

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