De moins en moins de bébés naissent à Bruxelles. Après un important boum de la natalité entre 2000 et 2014, la tendance s’est inversée. Et ce n’est pas sans conséquence, notamment dans le fonctionnement des écoles maternelles où forcément la population diminue aussi.
En 15 ans à la tête de l’école Saint Dominique à Schaerbeek, Ilir Strazimiri n’avait jamais connu ça. Cette année en maternelle, il reste quelques places. "Nous avons été surpris de ne comptabiliser que 199 enfants au lieu des 204 inscrits en juin".
Ça a eu un impact, peut-être moins sévère que dans d’autres écoles qui ont dû fermer des classes…
Cette différence est loin d’être anodine car elle a des répercussions directes sur l’organisation de la section maternelle. "Ça a eu un impact, peut-être moins sévère que dans d’autres écoles qui ont dû fermer des classes suite à cette diminution. Nous, on perd un mi-temps". Car le nombre d’enseignants est proportionnel au nombre d’enfants inscrits. "Concrètement, on perd 13 périodes de 50 minutes qui étaient destinées au soutien scolaire en maternelle avec des ateliers, une présence supplémentaire pour les encadrer, pour l’apprentissage de la langue, pour les ateliers philo que l’on organise aussi dès la première".
Il y a bien sûr le "zapping scolaire" qui explique en partie la différence entre le nombre d’inscrits et le nombre réel d’enfants à la rentrée. Mais ce loin d’être suffisant. Car Saint Dominique n’est pas la seule école concernée. Il faut dire que population scolaire en maternelle connaît une décroissance depuis 2015. "Effectivement, on constate un nombre moins important d’enfants en âge de fréquenter l’enseignement maternel pour le moment en Région bruxelloise", confirme Julie Lumen, facilitatrice Ecole pour la Région bruxelloise. En 2015-2016, on comptabilisait à Bruxelles 59.719 élèves en maternelle contre 57.365 en 2019-2020.
Baisse de la natalité
En cause principalement, la baisse de la natalité. Le nombre de naissance diminue pour la sixième année consécutive. Une diminution de 15 pour-cent entre 2014 et 2020. "On explique ça principalement par deux éléments. Le premier, ce seraient les conséquences socio-économiques de la crise économique de 2008 qui a des conséquences sur le calendrier de la fécondité. Autrement dit, les couples reportent le projet de naissance", précise Xavier Dehaibe, expert à l’IBSA, l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse. "Le deuxième élément qui explique cette baisse de la natalité, c’est l’incertitude quant à l’évolution future de la société. Donc on entend par là, l’insécurité économique, géopolitique ou climatique. Dans ce cas-ci, cela aurait un impact sur le nombre d’enfants désirés et on peut supposer que la crise sanitaire n’a pas nécessairement arrangé ce second élément". Les projections de population tablent sur une reprise partielle de la fécondité dans les années à venir.
Ne pas couper dans les investissements en matière d’infrastructure
En attendant, il y aura donc un peu moins d’enfants dans les écoles bruxelloises même si la situation reste très contrastée d’un quartier à l’autre. Ce n’est pas pour autant qu’il faut freiner les investissements dans les infrastructures planifiées avant le fléchissement de la courbe des naissances. "Sur les 20 dernières années, la Région bruxelloise a vraiment connu une croissance de sa population scolaire globale. On parle d’une augmentation de 13 à 15 pour-cent sur les 10 dernières années. Donc on a eu énormément de projets de création de places qui ont été financés par les Communautés. Certains sont déjà terminés. D’autres sont en encore en cours. Donc le message à faire passer, martèle Julie Lumen, c’est qu’il faut les mener à bien pour garantir la qualité d’accueil des enfants. Certaines écoles se sont retrouvées avec des taux d’occupation trop élevés. Ça va permettre d’avoir un rééquilibrage entre les établissements. Et puis aussi, cela va permettre de retirer certaines structures temporaires qui ont été placées dans des situations d’urgence".