Belgique

"La baisse des prix de l’énergie pourrait commencer au printemps et se concrétiser en été", selon le directeur des prix de la Creg

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Par Sandro Faes Parisi sur base de l'invité de Thomas Gadisseux

Il est censé être le garde-fou des prix qui s’envolent, le régulateur belge de l’électricité et du gaz sort ce mercredi une analyse approfondie de la hausse des prix. Pour en parler, au micro de Thomas Gadisseux, Laurent Jacquet, directeur des prix à la Creg (commission de régulation de l’électricité et du gaz).

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Selon le rapport publié ce mercredi, l’augmentation de la facture énergétique pourrait atteindre plus de 700 euros. Un chiffre qui fait peur mais que le directeur des prix de la Creg nuance : "Il faut être prudent avec ce chiffre car il y a environ 68% des ménages qui ont un contrat à prix fixe pour le gaz et 64% pour l’électricité. Autrement dit les prix sont fixés jusqu’à l’échéance du contrat et ces consommateurs sont donc protégés."

Il est prévu que le fournisseur puisse augmenter la provision

Alors, contrat fixe, contrat variable, le fournisseur peut-il augmenter l’acompte, la provision ? "Dans le cas d’un contrat à prix variable il est prudent d’augmenter sa provision pour ne pas avoir une mauvaise surprise à la facture de décompte après un an. Par contre sur les prix fixes, la question se pose. Comme ce prix n’est pas censé évoluer, en théorie le fournisseur ne peut pas vous demander d’augmenter les acomptes. Par contre, dans la législation, l’accord du consommateur, il est prévu que le fournisseur puisse augmenter la provision à condition de motiver, d’expliquer avec des éléments objectifs pourquoi il augmente la provision".

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Quoi qu’il en soit, pour les titulaires de contrats à tarif variable, le directeur des prix de la Creg recommande de comparer leur tarif avec les prix du marché, notamment via un site Internet de comparaison des prix ou le Creg Scan.

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Le prix du kilowattheure est fixé par la dernière unité de production

Comment sont fixés ces prix et jusque quand cette hausse durera-t-elle ? Pour Laurent Jacquet, la situation pourrait perdurer jusqu’en juillet 2022 : "La baisse des prix de l’énergie pourrait commencer au printemps et se concrétiser en été".

Quant au prix, il est fixé en fonction du coût de production du dernier kilowattheure en Europe. "C’est régi par l’équilibre entre l’offre et la demande. Par exemple, en ce moment la Belgique a besoin de 8000 mégawatts. Cette énergie sera produite par toute une série d’unités de production, et ce seront les moins chères qui seront d’abord activées pour fournir cette énergie, le nucléaire, les éoliennes, jusqu’aux centrales au gaz. Le prix du kilowattheure sera donc fixé en fonction du coût de production par la dernière unité (de production), dans le cas présent, la centrale au gaz". Or celle-ci est plus fortement impactée par la hausse de la demande du gaz et le prix de l’électricité s’en ressent aussi.

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Bénéfices des différents producteurs

Un prix qui s’applique à toute la chaîne donc. Ce qui interroge le gouvernement fédéral sur les bénéfices supplémentaires que pourrait retirer de cette situation le nucléaire et de l’éolien offshore (dont le fédéral a la gestion). Alors, ces bénéfices pourraient-ils servir à atténuer la facture des ménages ?

Pour Laurent Jacquet, la réponse est complexe. En cause les subsides variables et les situations du passé, notamment le fait qu’il n’y a pas si longtemps certaines centrales nucléaires étaient à l’arrêt et avaient des coûts importants sans générer de revenus.

Diverses mesures existent pour baisser la facture énergétique

Quelles solutions dès lors pour alléger la facture d’énergie des ménages et les entreprises ? Le ministre du Travail et de l’Economie, Pierre-Yves Dermagne prônait deux mesures principales. D’une part la prolongation du tarif social, et d’autre part, l’octroi d’un chèque énergie à l’ensemble des consommateurs.

Concernant le chèque de 100 euros, Laurent Jacquet considère qu’il s’agit là "d’une des possibilités pour limiter la hausse des prix. Il y en a d’autres. La Creg a analysé les mesures prises à l’étranger. Diverses mesures existent pour baisser la facture énergétique. Il y a la baisse de la TVA, les chèques énergie, aussi des mesures vis-à-vis des fournisseurs. Dans notre rapport, on établit les avantages et les inconvénients de chaque mesure, mais notre travail s’arrête là, c’est le gouvernement qui décide."

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Est-ce encore possible de réguler le marché ? De fixer un prix plafond ? "Dans un marché libéralisé, fixer un prix plafond c’est une mesure assez radicale. Cela s’est déjà produit en 2012, il y a eu un gel, mais la situation était différente."

Le réchauffement climatique en cause ?

Une augmentation des prix liée à l’urgence climatique ? Ici aussi le directeur des prix à la Creg est prudent. Si la politique de l’Europe vis-à-vis des émissions de CO2 a eu un impact, les raisons sont multiples : "Quand on regarde les raisons de cette augmentation des prix, il y a l’augmentation de la demande en Asie qui redémarre, l’augmentation du prix du CO2, les stockages relativement bas au niveau du gaz en Europe, et l’approvisionnement via certains gazoducs, venant notamment de Russie, qui posent question."

Avec l'hiver, qui s'annonce plus rude que prévu, les marchés se crispent et les prix bondissent un peu plus encore souligne Laurent Jacquet. Un moment difficile à passer avant le retour du printemps et de la chute des prix, normalement. 

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