De nombreux musées, lieux historiques et parcs animaliers ont rouvert sous certaines conditions pour maintenir les efforts contre la lutte du virus : gestes barrière, billetterie en ligne ou par téléphone, gestion des flux de fréquentation...
Malgré les contraintes drastiques, on se réjouit au château de Modave, lové dans un paisible village condruzien. Chaque année, 35 000 touristes viennent visiter le château de plaine, l’un des plus prestigieux de Belgique. Edifié sur un piton rocheux, il culmine à 60 m la vallée du Houyoux. La région alimente en eau une partie de Bruxelles !
Les petites filles le qualifient de château de princesse, les visiteurs de bâtisse exceptionnelle qui laisse pantois et qui mérite d’être inscrite sur la liste exhaustive de Patrimoine Majeur de Wallonie.
Malgré ses origines féodales, le château a gardé des dimensions humaines. Seule l’épaisseur des murs des sous-sol subsistent. De place forte, il devient demeure de plaisance au 17ème à l’initiative du Comte de Marchin qui a à cœur de lui offrir la touche classique française du début du règne de Louis XIV.
Le château est entièrement meublé de pièces d’époque, choisies par les propriétaires. Un inventaire témoigne de l’authenticité de chaque meuble et de la place que lui avaient attribué les maîtres des lieux.
Au rez-de-chaussée, dans la salle de garde, le plafond armorier agrémenté de stucs retrace l’histoire des Marchin. Il a fallu plus d’un an pour finaliser l’imposant arbre généalogique excentrique et original ! De remarquables stucs du XVIIe siècle ornent les plafonds tandis qu’aux murs se déploient lambris sculptés, tapisseries et grandes toiles. Le mobilier XVIIIe et XIXe siècles créent un ensemble harmonieux. Les amateurs se déplacent parfois de très loin pour venir l’admirer.
Alors que Marchin s’adonnait à la rénovation du château, Rennequin Sualem, un charpentier de Jemeppe-sur-Meuse, fils spirituel de Léonard de Vinci, inventait une machine hydraulique destinée à élever dans la cour du château les eaux du Houyoux. Dans la partie supérieure du parc, on peut encore voir la tour au-dessus de laquelle les eaux étaient montées (50 m).
A l’époque, une machine d’une telle puissance était une œuvre de génie civil, une merveille qui inspira les architectes du château de Versailles pour alimenter les étages en eau.
Difficile d’imaginer qu’une partie de Bruxelles est alimentée par les eaux de Modave ! Depuis 1922, la Compagnie Intercommunales des Eaux capte l’or bleu. En 1941, le domaine est racheté par la compagnie qui aménage une réserve naturelle de 450 ha pour protéger les sources.