Le petit gamin dénudé qui ne sait se contenir a toujours alimenté les conversations des passionnés de patrimoine. Certains affirment que le Manneken-Pis de Grammont est le premier du pays. Les Bruxellois de pure souche réfutent l’idée. Qui a raison ? Quel est le plus ancien Manneken-Pis du Pays ? D’autant plus qu’une autre ville revendique aussi la présence d’une fontaine similaire, Enghien mais aujourd’hui, il a disparu de la ville et de la mémoire de la plupart des Enghiennois.
Par les lignes générales de sa composition, l'architecture du monument grammontois s'apparente au monument bruxellois, à l’exception de l'adjonction d'une vasque supplémentaire qui alourdit l'ensemble. Les figures, la pose et le mouvement sont assez semblables mais le personnage bruxellois a une anatomie grassouillette, la face florissante et heureuse d'un bébé en bonne santé tandis que son cousin de Grammont a l'aspect d'un enfant triste et souffreteux.
Qui aurait pu donc amener le petit personnage à Grammont ? A maintes reprises, Manneken- Pis attira les convoitises et fut plusieurs fois volés.
Selon une des hypothèses, vers 1745, des soldats anglais l'emportèrent subrepticement mais les Bruxellois les rattrapèrent à Grammont grâce au concours bienveillant des habitants de la ville, auxquels ils donnèrent en témoignage de leur reconnaissance, une réplique de la statuette.
En 1459, les habitants de Grammont ont placé un petit garçon qui se soulage sur une fontaine, pour remplacer la statue d'un lion dérobée. L'actuel Manneken-Pis dans la fontaine n'est pas l'original, il date de 1985. La statue d'origine de 1459 a été vraisemblablement perdue. Au musée de La Permanensje, on peut y voir un ancien Manneken-Pis datant du 18ème siècle.
En 1984, des passionnés du petit bonhomme sans gêne forment une confrérie qui veillera à promouvoir le Manneken-Pis de la ville dans le monde entier. En 1999, ils ont fêté ses 540 ans. Malgré leurs efforts sans relâche, la fontaine flamande restera toujours dans l’ombre de celle de la capitale. Peu de Belges la connaissent et nous sommes peu nombreux à nous déplacer pour la photographier.
Le 25 février, on fête le feu et le pain de la fin de l’hiver.
L’événement est singulier, ce qui lui vaut depuis 2010 une inscription au prestigieux Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Les Krakelingen et le Tonnekensbrand attirent la foule, les habitants de la ville, les natifs pure souche et les amoureux du patrimoine et du folklore. Le premier lundi de mars, la ville organise sa braderie annuelle. Huit jours plus tôt, on fête le feu et le pain. Les commerçants décorent leurs vitrines de petits pains en forment d’anneau, les krakelingen.
Le jour de la fête, un millier de personnes défilent dans la ville. Les participants apportent le pain, le vin, les poissons et le feu. Ils se dirigent vers le haut de la colline Oudenberg.
Dix mille krakelingen sont lancés dans la foule ; un seul renferme un billet gagnant. Le trophée est un bijou en or spécialement créé pour l’occasion. À la tombée de la nuit, les gens se rassemblent à nouveau en haut de la colline où ils allument un tonneau en bois, le Tonnekensbrand, pour célébrer l’arrivée du printemps. Les spectateurs redescendent une torche brûlante à la main, pour amener la lumière au cœur de la ville. Le rituel festif donne à ses participants un sens aigu de la continuité et une conscience du passé, en évoquant des événements et des légendes historiques qui se transmettent de génération en génération.
Aussi à l’agenda
D’avril à octobre, on chine le dimanche matin. Le 4 mars, il y aura aussi un grand marché d’antiquité et de brocante.