Les jeunes sont une cible électorale, les boomers aussi. Ce Week-end le jeune président du CD&V Sammy Madhi s’est profilé comme le parti de boomers. Avec une promesse au moins 20% des candidats des listes CD&V devront avoir plus de 60 ans.
La lutte des classes… d’âge.
Cette proposition reflète une tendance de fond de l’électorat, l’effet de l’âge se renforce. L’âge devient de plus en plus un facteur qui influence le vote. L’effet de génération prend de l’ampleur entre jeunes et vieux, nous avons, plus qu’avant, tendance à voter différemment. Et les partis l’ont bien compris, ils ciblent donc une classe d’âge, en espérant ne pas totalement s’aliéner les autres.
Le CD&V a axé son discours de rentrée sur les boomers, c’est-à-dire les personnes nées du baby-boom entre 1946 et 1964, des personnes qui sont depuis quelque temps à la pension ou ceux qui commencent à la voir arriver. Parmi leurs propositions : permettre de mieux cumuler travail et pension, réserver 20% des places sur les listes CD&V. Ce qui ne devrait pas être très compliqué puisque c’était déjà le cas presque partout.
OK Boomer ?
Le CD&V parti de boomer ? Il s’en défend. Sammy Madhi rappelle qu’il fait aussi des propositions pour les jeunes. Il est vrai que contrairement à ce qu’on pourrait croire, dans les derniers sondages, le CD&V n’était pas particulièrement marqué par l’effet de génération. Comment mesure-t-on ça ? On mesure l’écart des intentions de vote d’une catégorie d’âge avec le résultat général. Les sondeurs catégorisent généralement trois âges, 18-35 les jeunes, les 35-54 et les vieux, les plus de 55 ans.
Le CD&V semble ne pas avoir de problème particulier avec les 18-35 ni les plus de 55 ans. La ou le CD&V est en difficulté c’est sur les adultes 35-54. Sur le papier le CD&V n’est pas un parti de vieux au sens où ils seraient surreprésentés. On pourrait dire que les propositions du CD&V sont plutôt une tentative d’aller rechercher des boomers flamands qui sont partis voir ailleurs. Où sont-ils partis ? A la N-VA massivement où on remarque là un effet générationnel très fort. Les boomers votent beaucoup plus N-VA que les jeunes.
Les boomers sont donc au cœur d’une intense bataille électorale. Même si on parle beaucoup plus de la bataille des jeunes.
Ainsi l’effet de génération est puissant au Vlaams Belang qui attire surtout les 35-55 et 18-34. C’est la tendance lourde de ces dernières années. Le parti d’extrême droite a vraiment axé toute sa stratégie sur les jeunes. Groen et le PVDA ont un électorat jeune encore plus marqué même si évidemment ils recueillent moins de suffrages que le Vlaams Belang. Depuis quelques mois, Vooruit de Conner Rousseau s’est aussi invité dans la bataille des jeunes.
Les francophones
Côté francophone on remarque aussi qu’il y a une bataille des générations entre les partis ? En Wallonie PS et MR et les Engagés sont plutôt boomers, c’est là qu’ils ont le plus de succès. Ecolo et PTB surperforment chez les 18-35. C’est une constante chez Ecolo depuis les années 90, c’est nouveau pour le PTB qui vient siphonner l’électorat jeune des partis traditionnel. Comme le Belang en Flandre. Il y a un parallélisme entre PTB et Vlaams Belang dans les catégories d’âge, comme dans les catégories socioprofessionnelles des moins diplômés. Petite différence à Bruxelles ou le PS est moins un parti de boomers et parvient à mieux performer chez les jeunes qu’en Wallonie.
Revenons à la sortie de Sammy Madhi. Elle a un peu surpris parce qu’elle était très assumée. Généralement les partis évitent de catégoriser autant l’électorat dans leur communication publique. Mais cela démontre le souhait du CD&V de redevenir le parti des enfants du baby boom. Il y aura donc une bataille des boomers entre surtout le CD&V, le VLD et la N-VA au nord du pays. Il y aura aussi une bataille des jeunes entre le Vlaams Belang, le PTB Groen et Vooruit. Une lutte des classes… d’age.