BD

La BD belge se renouvelle mais les auteurs et autrices souffrent

L'invitée: Bénédicte Linard, ministre de la Culture

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

C’est le rendez-vous mondial de la bande dessinée. Le festival international d’Angoulême démarre ce jeudi et les Belges y ont une place de choix. Comment investit encore dans le 9e art en Belgique ? Quel est le soutien au monde du livre, aux libraires, aux auteurs ? Ils lancent un cri d’alerte face à la précarité de leur statut.

La bande dessinée belge, entre le patrimoine et l’avenir

Les Belges ont toujours une excellente réputation dans le domaine de la bande dessinée, même si c’est un français, l’excellent Riad Sattouf qui vient de remporter le Grand Prix de cette édition 2023. Le directeur éditorial des éditions Dupuis, rencontré à Angoulême confirme : "La bande dessinée belge est toujours extrêmement vivante, se réjouit Stéphane Beaujean, que ce soit sur le plan de l’académisme, où historiquement, c’est elle qui a installé le vocabulaire de la BD en Europe ; mais aussi pour toutes les jeunes générations, avec des auteurs qui amènent des nouvelles écritures. C’est vraiment une bande dessinée BD extrêmement vivante et dynamique. "

Il n’empêche, comme beaucoup d’autres secteurs artistiques, celui de la BD souffre. Mais le neuvième art reste un secteur où l’on investit : "Plus que jamais, assène Bénédicte Linard, la Ministre de la culture. C’est important pour moi que la culture puisse aller vers le plus de monde possible et pour cela, il faut pouvoir soutenir tous les arts, toutes les disciplines, dont la bande dessinée. Depuis 2020, on a fortement augmenté les budgets en soutien à la bande dessinée, plus de 30% dans les différentes subventions. C’est un art qui prend vraiment beaucoup d’ampleur dans notre pays. Tant à Bruxelles, avec ses fresques dans les rues, mais aussi Charleroi, ou l’on fête d’ailleurs les 100 ans de Dupuis, la bande dessinée a sa place dans notre paysage culturel. "

La Belgique de la BD, c’est donc un "patrimoine" à préserver, les grandes maisons et aussi l’arrivée de toute une série de jeunes auteurs, qui cartonnent d’ailleurs à Angoulême. "Et de jeunes autrices, tient à préciser la ministre de la Culture. Qui prennent de plus en plus de place, à juste titre. Elles n’ont pas encore les mêmes accès que les auteurs dans les maisons d’édition plus établies mais elles ont une qualité et un talent incroyables, Alix Garin, Emilie Plateau, par exemple. Il y a une place pour ces auteurs et autrices et c’est important de les soutenir."

Les auteurs en crise en Communauté Wallonie Bruxelles : moins de 1000 euros mensuels pour un quart d’entre eux

Il y a les paillettes d’Angoulême mais il y a aussi une réalité plus dure qui touche de nombreux auteurs et autrices, que ce soit dans le domaine de bande dessinée ou de l’écriture : une étude récente commandée par la ministre de la Culture illustre leur précarité : moins de 500 euros mensuels, déclarent 66% d’entre eux.

Toutes sources de revenus confondues, 24% indiquent un revenu mensuel inférieur à mille euros, c’est en dessous du seuil de pauvreté. "La réalité pour ces auteurs et autrices, commente Bénédicte Linard, c’est qu’ils dépendent de lois et de législation fédérales, on sait à quel point la Belgique est compliquée, notamment sur le droit d’auteur et le statut d’artiste. Ce que j’ai comme leviers, c’est de fonctionner avec des bourses, avec des projets à soutenir. Et ça, on le fait. J’essaie chaque fois de relayer le point de vue et les réalités des auteurs et des autrices, dans le monde du livre mais aussi les photographes, les journalistes, qui dépendent de ces droits d’auteur.

"On a aujourd’hui un écosystème du livre en général, ça dépasse le cadre de la BD, qui doit être soutenu. Et pour la première fois, en Fédération Wallonie Bruxelles, on a développé un outil qui s’appelle le contrat de filière, pour la chaîne du livre. On a travaillé main dans la main avec tous les maillons de la chaîne, des auteurs jusqu’aux bibliothèques, jusqu’aux librairies, avec les maisons d"édition, en essayant de voir comment on peut travailler ensemble pour soutenir le secteur du début jusqu’à la fin."

Que faire de cette étude ? Au-delà du constat, quelles sont les actions à mener ? C’était important d’objectiver les choses, précise Bénédicte Linard. On doit rendre visible ce qui est invisible. C’est pour cela que cette étude est importante. Il faut pouvoir mettre le doigt sur ce qui ne va pas pour pouvoir donner les bonnes réponses. Du côté de la Fédération Wallonie Bruxelles, on a activé les différents leviers qui soutiennent les différents maillons de la chaîne : en augmentant les budgets pour la BD, pour la littérature de jeunesse, en soutenant les revues littéraires, en augmentant de 15% les conventions avec les maisons d’éditions. Pour 2023, je vois comment mieux soutenir le dispositif auteurs et autrices en classe qui est aussi chaque fois une manière non seulement de soutenir financièrement… "

"L’étude vient avec des recommandations qui vont dans deux sens : comment mieux accompagner et informer les auteurs et autrices sur la réalité de leur métier et comment mieux financer. En Fédération Wallonie-Bruxelles, on a déjà initié, insiste la ministre, différentes mesures pour aller et travailler dans ces deux axes. Mais tous les leviers ne sont bien sûr pas dans mes mains, il y a aussi des leviers au fédéral et chaque niveau en Belgique doit prendre sa part."

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous