Peut-on dire, pour autant, que ce sont des emplois perdus, pour la Belgique ?
Ça, c’est beaucoup plus compliqué à établir. Pour le savoir, il faudrait presque aller interroger chaque patron et patronne d’entreprise concernée et leur demander s’ils auraient fait le choix de s’installer en Belgique, si les conditions avaient été différentes…
Et ce n’est pas évident. Car, quand on regarde le détail des entreprises concernées, on constate qu’au Pays Bas, par exemple, il y a à la fois les centres de distributions de grandes entreprises internationales : Amazon, Primark, Microsoft, Tommy Hilfiger… mais il y a aussi les centres de toute une série d’enseignes néerlandaises, ce qui représente tout de même 4000 emplois, sur un peu plus de 10.000 créés (détails dans la vidéo ci-dessus).
De 20.000 à 13.500
De même, l’Allemagne compte un grand centre de distribution de Zalando… qui est une plateforme Allemande. La France peut compter, à Roubaix, sur le centre de La Redoute, mais Roubaix est son siège historique.
Les estimations de COMEOS sont donc à prendre avec grande prudence. Si l’on décompte tous les emplois de centres d’entreprises issues du pays où elles se sont installées… on passe de 20.000 à 13.500.
Sans compter que certains centres sont assez loin de nos frontières ou semblent davantage tournés vers l’Allemagne (autour d’Eindhoven, en particulier). Sans compter non plus, dans l’autre sens, les emplois indirects liés à ces centres de distributions qui auraient pu par contre, faire monter le compteur.
Les Pays-Bas, paradis des centres de distributions ?
Ce qui ressort le plus nettement de l’analyse de tout cela, c’est la grande attractivité des Pays-Bas pour ce type de centres. Renseignement pris auprès de plusieurs spécialistes, c’est lié au coût moindre de l’heure de travail (36,419 €/h en Belgique contre 33,884 € aux Pays-Bas), c’est lié au recours très répandu aux étudiants sur le marché du travail néerlandais ainsi qu’à une plus grande flexibilité.
Sur ce dernier point COMEOS estime que "le problème c’est qu’en Belgique, toute avancée vers une flexibilisation du travail, toute modification de l’organisation du travail, fait l’objet de négociations très longues entre patrons et syndicats qui demandent des compensations très élevées à cette flexibilisation".
Les syndicats, eux, insistent sur le fait que ce modèle de négociation paritaire, au niveau des entreprises mais aussi au niveau des secteurs, c’est ce qui empêche de détricoter les conditions de travail. Ils pointent aussi les effets néfastes pour la santé des horaires très décalés…
Une course vers le bas
Plus largement, on est aussi, dans une logique désormais bien connue au niveau européen. Celle qui permet aux multinationales de mettre les états en concurrences : sur les salaires, sur la flexibilité, sur la fiscalité… Ce qui pousse les états dans une sorte de course vers le bas pour se rendre toujours plus attractifs que leurs voisins.