Mais une limitation du cumul des mandats successifs est-elle souhaitable ? "La question voit s’opposer des points de vue parfois tranchés", affirme Benjamin Biard, chercheur au Crisp, le Centre de Recherches et d’Informations Socio-Politiques. "Certains considèrent important de procéder au renouvellement plus régulier du personnel politique. D’autres estiment que c’est à l’électeur de choisir s’il souhaite ou non prolonger le mandat d’un ou d’une élue dont il lui appartient encore d’apprécier le travail. Ces deux logiques relèvent de conceptions distinctes de la démocratie."
Mais si Les Engagés parvenaient à s’imposer, le système parlementaire et gouvernemental belge ressemblerait alors sur ce point au système présidentiel américain ou français. En effet, dans ces pays, les présidents ne peuvent être élus que pour deux mandats successifs. "Mais attention, cela ne vaut que pour les fonctions exécutives. Les parlementaires ou les membres du Congrès aux États-Unis ne sont pas soumis à cette limitation", précise Pierre Vercauteren. Et cela pour une raison bien précise : "Aux États-Unis comme en France, le président détient un pouvoir personnel fort et est élu au suffrage universel des électeurs", précise Benjamin Biard. "La limite du nombre de mandats successifs à une même fonction présidentielle peut être considérée comme un "garde-fou démocratique". En Belgique, le gouvernement n’est pas élu : ses membres sont nommés par le Roi. En revanche (comme c’est d’ailleurs aussi le cas en France), il est responsable devant le Parlement qui peut décider de le destituer par l’adoption d’une motion de méfiance."