Economie

La Belgique est-elle le mauvais élève économique de la classe européenne ?

Par Victor de Thier sur base du marché matinal de Simon Bourgeois via

Dans son dernier rapport paru cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) s’est penché sur les perspectives de l’économie mondiale pour les prochaines années. Il se base sur les données dont on dispose aujourd’hui : croissance, inflation, dette publique… tous ces indicateurs macroéconomiques scrutés par les décideurs et par les économistes.

Il en ressort que les perspectives de croissance de notre pays sont peu réjouissantes : 1,3% du produit intérieur brut par an d’ici 2028, soit la croissance la plus faible prévue en Europe, à l’exception de l’Italie. À noter que la moyenne de la croissance des autres économies industrialisées se situe autour de 2%.

En ce qui concerne la dette publique belge, pas de miracle. Celle-ci devrait continuer à se creuser. Selon le rapport du FMI, elle devrait frôler les 120% du produit intérieur brut d’ici cinq ans. Aujourd’hui, elle est plus ou moins à 105%. Avant le Covid, elle était juste en dessous de 100%. Il s’agit de la plus forte progression de la dette en Europe.

Prendre du recul

Néanmoins, il est nécessaire de ne pas prendre tous ces chiffres pour argent comptant. Il s’agit bien de "perspectives" économiques et non de "prévisions".

Un recul à prendre, d’autant plus à l’heure où l’économie mondiale est touchée par de multiples crises jusqu’ici imprévisibles : Covid-19, Ukraine, inflation, crise énergétique… Un nouvel évènement pourrait tout à fait venir contrecarrer ces perspectives.

D’ailleurs, le FMI prend lui-même des grosses pincettes dans l’introduction de ce rapport. "Avec la volatilité des marchés financiers aujourd’hui, le brouillard autour des perspectives économiques mondiales s’est épaissi", écrit-il, tout en précisant bien que ces perspectives se font à politique inchangée.

Or, un gouvernement qui garde une politique inchangée pendant cinq ans et qui ne s’adapte pas aux circonstances de la vie, cela n’existe pas.

Comme une boussole

L’exercice du FMI est donc ici très théorique, mais il a l’intérêt d’agir comme une boussole. Il donne un cap, une direction générale, mais ne prémunit pas des tempêtes, des orages et des imprévus de parcours.

En l’occurrence cette direction générale, nous la connaissions déjà. Ces perspectives du Fonds monétaire international ne sont pas une surprise, particulièrement concernant la dette publique belge qui se creuse. C’est tout à fait en accord avec toute une série d’autres perspectives et prévisions qui sont établies par d’autres institutions de notre pays comme le Bureau du Plan et la Banque Nationale ainsi que par les perspectives de l’Union européenne.

Raison de plus, dès lors, de ne pas minimiser ces données : le déficit public est important en Belgique et, oui, nous sommes parmi les pays dont la dette augmente le plus. C’est d’autant plus inquiétant que les taux d’intérêt remontent pour le moment et que s’endetter coûte de plus en plus cher.

Maintenant, comment faire pour y remédier ? Réduire les dépenses publiques avec un peu d’austérité ? Toucher à la fiscalité ? Ce sont des débats. Comment gère-t-on le coût du vieillissement qui pèse très lourd dans ces mauvaises perspectives, dans cette incertitude qui pèse sur les pensions chez nous ? Ce sont des décisions politiques, ce sont des choix de société.

Le problème, c’est que ce n’est pas le genre de décisions lourdes qui sont prises à un an des élections. Or, le temps presse. Si nous ne changeons rien, c’est là que nous risquons de devenir des mauvais élèves.

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