Les gouvernements belge et français ont élargi lundi, lors d'une réunion à Bruxelles, leur concertation sécuritaire aux domaines des Affaires étrangères et de la Défense, reflet de l'évolution des questions sécuritaires face aux menaces hybrides et cybersécuritaires venues de l'extérieur de l'Union européenne.
"Notre collaboration se devait de s'élargir, car la sécurité évolue. Nous sommes davantage confrontés à des menaces hybrides, où les médias sociaux et les moyens technologiques jouent un rôle de plus en plus important. Et l'on voit aussi que ce qui se passe à l'extérieur (des frontières de l'UE), sur d'autres continents, peut souvent avoir un impact très rapide et direct sur nos pays", a commenté le Premier ministre belge Alexander De Croo.
Pour son collègue français Jean Castex, qui avait fait le déplacement à Bruxelles avec ses ministres de l'Intérieur (Gérald Darmanin), de la Justice (Eric Dupond-Moretti), des Armées (Florence Parly) et des Affaires européennes (le secrétaire d'État Clément Beaune), l'élargissement de ce format dit de "Val Duchesse" - la première rencontre avait eu lieu en 2016 dans ce château bruxellois après les attentats terroristes qui avaient endeuillé les deux pays - vise à rappeler "notre détermination commune à répondre, avec la communauté internationale, aux défis posés par le djihadisme au Levant, mais aussi en Afrique et notamment au Sahel".
Coopération contre le terrorisme
La France est en plein procès des attentats du 13 novembre 2015, tandis que la Belgique s'apprête à juger l'an prochain les accusés des attentats du 22 mars 2016.
"On est sorti plus fort de cette période, grâce à une excellente coopération qui s'est renforcée et se poursuivra", a estimé M. De Croo. Pour Jean Castex, ces deux procès "marquent la force de nos démocraties et de nos États de droit".
"La coopération de nos services de renseignement et judiciaires, étendue à la lutte contre la criminalité organisée - le trafic de stupéfiants en particulier - ont permis d'obtenir des résultats tout à fait tangibles", a assuré le Français.
La rencontre, qui a aussi associé des magistrats, des responsables des services de sécurité et de renseignement et des hauts fonctionnaires, a notamment porté sur l'échange de renseignements et la coordination de la menace (OCAM et DGSI) provenant notamment de la radicalisation djihadiste ou d'extrême droite.
À entendre les dirigeants, aucun manquement spécifique n'a été pointé du doigt. "On a surtout cherché à adapter nos dispositifs aux nouvelles menaces, mais vous ne connaîtrez pas les détails, par souci de confidentialité", a commenté M. Castex.
Lutte contre la migration clandestine vers le Royaume-Uni
La France avait par ailleurs demandé d'élargir la rencontre à la lutte contre la migration clandestine, les deux pays partageant désormais une frontière extérieure commune de l'UE avec le Royaume-Uni. Cette coopération est appelée à s'étendre à l'Allemagne et aux Pays-Bas sous peu, selon M. Castex.
Depuis le début de l'année, 22.000 personnes ont déjà tenté la traversée de la Manche de manière clandestine. À cet égard, France et Belgique plaident pour engager Frontex, l'agence européenne des gardes-frontières et gardes-côtes, dans la détection des tentatives de départ vers le Royaume-Uni par bateau.
L'approche européenne est clairement privilégiée. "La demande du Royaume-Uni de conclure un accord bilatéral pour le rapatriement des transmigrants en Belgique n'est pas judicieuse sans l'approche européenne coordonnée", a confirmé le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration, Sammy Mahdi, après sa rencontre avec M. Darmanin.