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La Belgique n’enverra pas de ministres à la conférence de l’ONU contre le racisme

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Par Fabien Van Eeckhaut avec Belga

A l’image de plusieurs pays occidentaux, notre pays n’enverra pas de ministres à la Conférence de l’ONU contre le racisme, dite "Conférence de Durban IV" prévue le 22 septembre, à New York. Un sommet organisé pour le vingtième anniversaire de la conférence mondiale tenue initialement à Durban en Afrique du Sud sur le même thème contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance. Elle s’était tenue du 2 au 9 septembre 2001 – quelques jours avant les attaques terroristes du 11 septembre – et avait réuni les délégations de 170 pays, sous la houlette de Mary Robinson, alors Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU.

Sauf que l’exercice, a priori ouvert et positif, avait surtout pris une connotation antisémite, après des jours de débats houleux, à la suite de l’appel de certains pays arabes soucieux de voir établi un lien entre "sionisme" et "racisme", entre d’autres divisions exprimées sur les questions de l’antisémitisme, du colonialisme et de l’esclavagisme. Les Etats-Unis et Israël quittaient la conférence… Même si une Déclaration finale était adoptée condamnant le racisme.

Mais dans le cadre de la deuxième conférence du genre, à Genève, en avril 2009, rebelote : le président iranien d’alors Mahmoud Ahmadinejad avait suscité l’indignation en taxant le gouvernement israélien de "cruel et raciste", provoquant à nouveau le départ de diplomates européens et de nombreuses condamnations de la part de la communauté internationale. "Durban III", à New York, en 2011, était marquée par le boycott de 14 pays occidentaux dont le Canada, les Etats-Unis, Israël, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France…

Ce qui explique que pour l’édition 2021, de nombreux pays, dont nos voisins directs (France, Pays-Bas, Allemagne), avaient déjà annoncé leur refus de participer. Et côté belge ? Pendant longtemps silence radio. Alors que, de son côté, par exemple, la N-VA, dans l’opposition au fédéral, avait réclamé dès fin août le boycott du sommet "Durban IV" par notre pays ; Bart de Wever, président du parti et bourgmestre d’Anvers, affirmant que les différentes conférences "ont été détournées par les pays arabes et les ONG d’extrême gauche et ont ainsi dégénéré en un festival de haine contre les Juifs et Israël".

La décision est finalement tombée ce vendredi matin, à l’issue du "Kern", le comité ministériel restreint : les principaux ministres fédéraux ont décidé que la Belgique n’enverrait aucun ministre à New York cette fois, précisément en signe de dénonciation des propos antisémites prononcés lors de précédentes éditions. Soit l’argumentaire développé par exemple par la France dès la mi-août. Selon la ministre MR des Affaires étrangères Sophie Wilmès, "il est évident que cette conférence est devenue un lieu où la parole antisémite et parfois révisionniste a tenu le haut du pavé. Nous ne souhaitons pas valider cela par une présence ministérielle." Il n’était par contre pas exclu qu’un diplomate – une représentation non politique est à l’étude – représente notre pays qui pourrait ainsi porter, lors de la conférence, un "message fort", nous glisse-t-on malgré tout, contre le racisme et l’antisémitisme. Pour Sophie Wilmès, "la Belgique tient très haut dans son agenda la question du racisme et de l’antisémitisme. L’accord de gouvernement prévoit un plan d’action interfédéral contre le racisme dans le cadre de la Conférence interministérielle chargée de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme que j’avais mise sur pied pendant mon mandat de Première ministre".

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