Belgique

La Belgique prendra-t-elle le train de la blockchain? "BAx", une asbl, soutiendra les acteurs qui se lancent dans cette technologie

© Getty Images - Yuichiro Chino

La blockchain (chaîne de blocs) est une technologie apparue il y a un peu plus de dix ans. Elle permet de stocker et de transmettre des informations ou des transactions. C’est une sorte de base de données, dont la sécurité et l’efficacité reposent sur les utilisateurs. Utilisée pour créer, par exemple des cryptomonnaies, comme le Bitcoin, la blockchain trouve d’autres terrains d’applications et a de quoi révolutionner l’avenir de certains secteurs.

Au premier rang, la finance, mais pas seulement. Des milliards d’euros sont en jeu. En 2022, on estime que près de 12 milliards de dollars seront investis dans cette technologie et devraient générer d’importants revenus par la suite. 

Pour la Belgique et les acteurs qui monteront à bord de ce train de la blockchain, l’enjeu est important. C’est la raison pour laquelle BAx, l’association professionnelle belge de la blockchain a été lancée ce 15 décembre.

Faire de la Belgique une référence en matière de blockchain

Faire de la Belgique un pays leader en matière d’activités basées sur la blockchain. C’est l’ambition de cette association, BAx, lancée ce 15 décembre. Son but est d’aider toutes les entreprises belges qui pourraient tirer profit de l’utilisation de la blockchain. Car, à entendre les fondateurs de BAx, il y a des réticences autour de cette technologie. 

"En Belgique, lorsque des entrepreneurs veulent créer quelque chose dans la blockchain, il y a des réticences dans le monde financier qui ne permettent pas de se développer", constate Marc Toledo, cofondateur de BAx. "Aujourd’hui, ces gens sont obligés de se développer dans des pays comme les Pays-Bas, la Suisse ou l’Estonie. Devons-nous laisser fuir ce genre de projets ?", interroge Marc Toledo.

BAx prévoit donc de faire profiter de ses connaissances les entreprises tentées par la blockchain, organisera des formations et prodiguera des conseils. L’idée est aussi de faire de la Belgique un pays de référence en matière de blockchain, susceptible d’attirer les clients et les investisseurs d’autres pays.

BAx est une initiative de "Fintech", une fédération qui regroupe des entreprises actives dans les technologies digitales appliquées à la finance. On y retrouve notamment des sociétés impliquées dans les systèmes de paiements sécurisés.

Qu’est-ce que la blockchain ?

Cette technologie apparue en 2008 peut se traduire par "chaîne de blocs" en français. Elle permet de stocker et de transmettre des informations ou des transactions. Les informations, les données relatives à ces opérations sont conservées dans une sorte de base de données. 

L’originalité, c’est qu’il ne s’agit pas d’une base de données centralisée, appartenant à un opérateur qui en garantit la sécurité et le fonctionnement. Les données contenues dans la blockchain sont partagées et contrôlées par des utilisateurs. 

Le système de cryptage complexe permet aux utilisateurs -ou plutôt à leurs ordinateurs- de vérifier la validité des informations contenues dans la blockchain. 

Dans la chaîne, les informations stockées sont liées, attachées entre elles et forment des blocs de données qui ne peuvent plus être modifiées par la suite. La technologie est réputée sûre et rend, en principe, difficile le travail des hackers.

Les développements de la blockchain

La technologie est utilisée pour créer des cryptomonnaies, comme le Bitcoin. Les applications de la blockchain tendent à se multiplier dans d’autres domaines, finance et assurances en tête.

Selon les chiffres rassemblés par BAx, on estime qu’en 2022, 11,7 milliards de dollars seront dépensés dans des applications liées à la blockchain. Cela devrait générer, d’ici 2024 près de 20 milliards de dollars de revenus.

On estime aussi que, grâce aux technologies de la blockchain, le coût des infrastructures bancaires pourrait être réduit de 30%, selon les chiffres avancés par les promoteurs de BAx. Il est question de 12 milliards de dollars d’économie qui pourraient être réalisés dans le secteur financier.

La blockchain devrait aussi trouver des débouchés dans d’autres secteurs. Dans la Santé, d’ici 2025, 55% des applications commerciales crées reposeront sur la blockchain.

En effet, la blockchain ne sert pas qu’à faire circuler de l’argent, comme les cryptomonnaies, pour effectuer des paiements. Elle est, par exemple, comme l’explique Marc Toledo, cofondateur de BAx Belgium, utilisée en Jordanie dans un camp de réfugiés syriens. L’iris de ces réfugiés est scanné et enregistré dans la blockchain. Lorsque les réfugiés reçoivent de l’argent, c’est dans un porte-monnaie électronique. C’est la lecture de l’iris qui permet de valider une dépense dans un magasin, comme on le fait avec une carte de banque et un code. De l’argent "à l’œil", en quelque sorte.

"Nous pouvons nous projeter en Belgique dans un système où on disposera plus d’argent physique, dans quelques années, où nous aurons la possibilité pour les personnes qui n’ont pas accès la technologie de pouvoir effectuer des paiements et d’avoir leur identité digitale, leurs diplômes, leurs titres de propriété qui seront disponibles quand ils en auront besoin", prédit Marc Toledo, le cofondateur de BAx et dirigeant d’une plateforme belge d’échange de cryptomonnaies.

Un appel lancé aux autorités

Le rôle de BAx sera aussi de sensibiliser les autorités à la nécessité de "créer un suffisamment attrayant et protecteur pour les entreprises innovantes", selon les mots de David Szafran, spécialiste des aspects légaux et réglementaires. Il faudra aussi des garanties pour les consommateurs.

Du côté des autorités, le secrétaire d’Etat adjoint au Ministre des Finances, Mathieu Michel (MR) était présent à la présentation de l’asbl BAx. A propos de la blockchain, il a estimé être face à "des technologies qui vont impacter notre futur".

La blockchain aura des implications dans la finance, les cryptomonnaies, la gestion de données, la protection des données, les contrats. Il faut "rester lucide sur ce qu’elle permet de faire et sur la façon dont elle fonctionne", estime Mathieu Michel. 

Il a appelé à ne pas faire preuve de naïveté. "La blockchain est une technologie au potentiel immense, sous la réserve de ne pas tomber dans la naïveté", a-t-il précisé. Cela n’empêche pas les autorités de s’y intéresser.

"On est en train de travailler pour voir comment nous, en tant qu’administrations publiques, on peut intégrer les technologies de la blockchain", a déclaré le secrétaire d’Etat. "Travailler sur une plus grande disponibilité pour contrôler les données par le citoyen", est un exemple donné par Mathieu Michel.

Enfin, Mathieu Michel a souligné l’importance d’avoir un "cadre réglementaire" qui pourrait stimuler le déploiement d’une économie belge de la blockchain, "dans des technologies qui pourraient apporter une prospérité importante", selon le secrétaire d’Etat.

 

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