La Belgique rend à la France plus de 550 archives volées, dont une lettre de Louis XIII

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Par Daphné Van Ossel avec Natacha Mann et Belga

Les archives de l’État ont remis mardi, à Liège, plus de 550 documents volés par une bande organisée à la France, dont une lettre de Louis XIII datant de 1628. "Un moment très émouvant, c’est l’issue de plusieurs années de chasse, de traque, vous êtes des traqueurs d’archives !", a commenté l’ambassadrice de l’Hexagone en Belgique, Hélène Farnaud-Defromont.

Après 25 ans d’enquête et de procédure judiciaire à rallonge, la dernière tranche de plus de deux tonnes de documents dérobés a été rendue à la France. Ces archives publiques avaient été volées entre 1980 et 2001. Durant 20 ans, une bande organisée qui faisait commerce de ces documents a écumé les archives publiques de France, d’Allemagne, ou de Belgique. C’est à Liège, que l’un des voleurs a finalement été arrêté.

Ces archives suscitent l’intérêt des criminels qui y voient un intérêt financier

Les documents dérobés datent des époques révolutionnaires, consulaire et impériale. Ces archives suscitent l’intérêt non seulement culturel des collectionneurs mais désormais également celui de criminels, qui y voient un intérêt financier, a expliqué, lors de la cérémonie de remise de ces archives, Claude de Moreau de Gerbehaye, chef honoraire du département des archives générales du Royaume de Belgique.


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"La financiarisation des archives est récente, datant de la fin des années 1990 et nous avons besoin de moyens pour lutter contre cette dérive", a-t-il plaidé. Une signature de Napoléon peut ainsi atteindre les 2000 euros au sein de milieux spécialisés. Des dizaines de milliers d’archives belges seraient d’ailleurs aujourd’hui dans la nature, souvent aux mains de particuliers.

Une véritable enquête

Depuis le début des années 2000, le travail est fastidieux pour identifier et restituer ces archives. Le processus a été long, notamment parce que les procédures judiciaires ont retardé le travail des archivistes. Certains documents ont aussi nécessité un véritable effort d’enquête pour déterminer qui en étaient les gestionnaires. "Il est très difficile d’identifier un document lorsqu’il est isolé", souligne Michel Trigalet, responsable des archives de l’État à Liège.

Une lettre de Louis XIII adressée, semble-t-il à Richelieu

La pièce maîtresse de l’ensemble des documents remis ce mardi est une lettre de la main de Louis XIII et datée de 1628. "On suppose qu’elle est adressée à Richelieu, le contexte nous le laisse penser" mais sans certitude, a expliqué M. Wilkin. Ce document, "plein de ratures et de fautes d’orthographe – on sait que le roi Louis XIII n’écrivait pas très bien – supplie le destinataire de ne pas se rendre au combat" à La Rochelle, qui était alors en état de siège.

Des passeports, une partition musicale…

Parmi ces documents se trouvent également une centaine d’actes de francisation de navires, qui datent de l’époque de la monarchie française jusqu’à la IIIe République. "Cela nous renseigne sur le commerce français ou encore les mesures taxatoires", a expliqué Bernard Wilkin, l’archiviste à Liège qui a mené ce travail d’identification depuis le début de l’année.


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On y trouve aussi 200 passeports de l’Intérieur, qui permettaient de circuler sur le territoire français, une partition musicale écrite pour Notre-Dame de la Treille ou encore un extrait mortuaire d’un prisonnier de guerre russe décédé à Strasbourg.

Un doute sur la légalité d’un document ? Contactez les archives

Ces documents sont désormais restitués aux archives publiques de France, leur gestionnaire légitime. La cérémonie organisée mardi était l’occasion de marquer la "bonne relation entre la France et la Belgique et la collaboration depuis plus de 15 ans entre les archives belges et françaises", a souligné Karel Velle, archiviste général du Royaume. Il s’agit d’un "événement particulier car les archives ont vocation à être discrètes et restent dans l’ombre pour être efficaces", a relevé M. de Moreau de Gerbehaye.

Les archives belges appellent toute personne qui aurait un doute sur la légalité de documents en sa possession à les contacter. Elles rappellent que les archives publiques appartiennent aux pouvoirs publics et sont de ce fait inaliénables.

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