Belgique

La Belgique se prépare pour d’éventuelles futures crises sanitaires, expliquent les ministres de la Santé et de l’Intérieur à la Chambre

© Getty Images – Peter Zelei Images

La Belgique doit être mieux armée contre les futures crises sanitaires.  La pandémie de Covid-19 a été brutale. Comme d’autres pays, la Belgique n’a pas été épargnée. Les pouvoirs publics ont dû gérer cette crise. Tout n’a pas été parfait. 

Il s’agit aujourd’hui de tirer les leçons de la gestion de la pandémie et de se préparer pour pouvoir faire face à de futures crises sanitaires.  C’est en tout cas l’objectif que se fixent les autorités. Comment la Belgique se prépare-t-elle ? Quelles sont les mesures mises en œuvre ou envisagées ? Elles ont été présentées aux parlementaires, ce mardi après-midi, en commission Santé et Intérieur, en présence des ministres de la Santé et de l’Intérieur.

Il est notamment question de mieux centraliser la gestion des crises sanitaires. 

Resserrer les boulons pour mieux gérer les crises sanitaires

Tant la société que les pouvoirs publics ont été mis à rude épreuve par la pandémie de Covid-19. Et on ne peut même pas encore dire que le risque "Covid" appartient au passé. La recrudescence de l’épidémie en Chine en est la preuve.

Près de trois ans après le début de l’épidémie en Belgique, les autorités soulignent que la campagne de vaccination a permis de retrouver une vie plus normale puisque de nombreuses mesures sanitaires ont pu être supprimées. Le secteur des soins de santé n’est plus submergé. Cependant, avec le recul, il apparaît que la législation n’était pas suffisamment adaptée à la gestion efficace d’une telle crise. De même, la coopération entre les différentes institutions publiques aurait pu être meilleure, note-t-on, aujourd’hui, du côté du SPF Santé Publique. En juillet 2021, la commission parlementaire "Covid" avait d’ailleurs déjà dressé une liste de recommandations.

C’est dans cette optique que le SPF Santé publique entend mettre en œuvre une série de réformes.

Il s’agit ainsi d’améliorer le pilotage des crises. On se souvient des différents organes qui ont coexisté au cours de la crise tels que le commissariat Corona, le Risk Management Group, le Risk Assessment Group. Le projet du SPF Santé publique resserre les boulons entre les différents étages de l’organigramme. Le Risk Management Group, qui rassemble des représentants des autorités sanitaires fédérales et régionales et qui met au point les mesures nécessaires à la protection de la santé publique se voit renforcé. Il jouera un rôle plus central pour piloter la gestion la crise.

La crise du Covid a aussi nécessité d’adapter certaines législations. Il a fallu aussi tenir compte de la répartition des compétences entre le fédéral et les entités fédérées. Le SPF Santé publique propose ainsi de faire évoluer l’organe de concertation entre ces niveaux de pouvoir vers une "Cellule de crise interfédérale" qui deviendrait, "en cas de crise sanitaire majeure, un organe central chargé de coordonner la mise en œuvre de la politique de crise", telle que décidée par le Risk Management Group.

Il est aussi important de mieux identifier les risques et de les évaluer afin de savoir ce qu’il y a lieu de faire en priorité lorsqu’une crise sanitaire éclate.

Il y a aussi des ressources qu’il faudra mieux gérer. On pense ici, par exemple, au stock pharmaceutique stratégique. Le gouvernement a d’ailleurs déjà prévu, récemment, de compléter ce stock stratégique.

Variole du singe, menace de conflit nucléaire : déjà une gestion plus efficace

Lors de son exposé à la Chambre, Dirk Ramaekers, président du SPF Santé publique est revenu sur quelques événements post-covid de type "crises" que les autorités ont eu à gérer.

La variole du singe, par exemple, a été gérée en tenant compte des enseignements de la crise du Covid. Au début, "personne ne savait ce qu’il se passait", explique Dirk Ramaekers. Pour lui, cette épidémie a constitué "un bon scénario de test", avec un "pic de la crise en plein été, pendant les vacances parlementaires". La Belgique, explique-t-il, a été "un des seuls pays européens à rapidement réussir à acquérir et injecter des grandes quantités de vaccins", de telle sorte le niveau de crise a été réduit en novembre.

Un autre exemple de crise à gérer a été la menace "CBRNe", c’est-à-dire le risque qu’un incident se produise impliquant des substances chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires, suite à la guerre en Ukraine. Dans ce cas-ci, il y a eu une phase de pré-alerte et de vigilance. On a préparé des stocks stratégiques, réalisés des achats, commencé à préparer les hôpitaux, selon Dirk Ramaekers.

Un dernier contexte de crise auquel la Belgique a dû faire face récemment, c’est celui né de l’afflux de réfugiés. "Assez rapidement, nous avons constaté que cela va de pair avec des risques médicaux", explique Dirk Ramaekers. On s’attendait à une augmentation des cas de tuberculose, mais c’est plutôt les cas de diphtérie qui ont inquiété. "On a pu acquérir rapidement, à l’étranger, des antitoxines contre cette diphtérie", explique le patron du SPF Santé Publique.

De son côté, la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, a rappelé les principes de la Loi Pandémie qui doit faciliter la gestion de crise et la mise en œuvre des mesures sanitaires qui seraient prises.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous