"J’ai été déboutée. Les autorités ne doutent pas que j’ai subi un avortement illégal, je suis allée voir un gynécologue dès mon arrivée en Belgique, j’étais dans un sale état, j’avais très mal au ventre. Il y a donc des preuves que j’ai avorté. Ils doutent par contre que la police soit au courant. Pourquoi est-ce que j’aurais quitté mon travail et ma famille sinon ? Je vivais bien là-bas, ici ce ne sont pas des vacances. J’ai dormi à la rue", témoignait aux Grenades en 2019 Ndeye Khady Gueye, demandeuse d’asile qui avait dû quitter le Sénégal parce que son avortement avait été dénoncé aux autorités du pays.
Elle expliquait rencontrer des problèmes pour faire reconnaître les violences basées sur le genre comme un motif "valable" d’asile. Le Sénégal fait partie des pays les plus restrictifs au monde en matière d’avortement. Les IVG y sont interdites sans aucune exception, preuve pour Ndeye Khady Gueye du danger qu’elle court dans son pays d’origine.
Briser le silence sur ces réalités et obtenir l’application des Conventions internationales de protection des droits humains – ratifiées par la majorité des États de l’espace Schengen -, ce sont les objectifs de la pétition pour une reconnaissance effective des motifs d’asile propres aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTQIA +, qui a été déposée le 18 mai auprès de la Commission des pétitions du Parlement européen, à Bruxelles, par Feminist Asylum.
Il s’agit d’une campagne qui rassemble 261 organisations de 18 pays européens et une centaine de personnalités du monde culturel, sportif et politique. En Belgique, Vie Féminine, Le Monde selon les femmes ou encore le CIRE et le GAMS en font partie.