Gaëtan Bangisa vient de prêter serment comme député wallon. Pour en arriver là, après les élections régionales, il a fallu deux décès, une démission et trois défections sur la liste PS de la circonscription de Charleroi-Thuin pour que ce sixième suppléant accède au siège de député. Aux élections de 2019, il avait recueilli 2063 voix, soit bien moins que n’importe quel des candidats effectifs de sa liste.
En 2014, un jeune conseiller communal, pas très connu au-delà de sa région, devenait lui aussi député wallon grâce à la suppléance. Il allait rapidement s’affirmer sur les bancs de l’opposition, dans l’hémicycle namurois. Ce novice remplaçait Jacqueline Galant, devenue ministre et s’appelait Georges-Louis Bouchez (MR). Cette suppléance allait lancer sa carrière nationale !
Renouveau de campagne
Les mandats de ces deux députés (et de bien d’autres) n’en sont pas moins légitimes et ceux-ci disposent des compétences requises. Pourtant, comme cela se fait depuis longtemps sur les listes communales ou depuis 2019 au Parlement bruxellois, il était question de supprimer cette règle de la suppléance en Wallonie. Cela figurait même au programme du gouvernement wallon, dans cette volonté de rapprocher politique et citoyens, d’établir une règle simple : sont élus ceux qui ont obtenu le plus de voix.
Mais les marchandages entre partis n’ont pu faire aboutir cette réforme. D’ailleurs, cela reste souvent le cas pour les sujets de " renouveau politique " : il y a beaucoup d’effervescence en campagne électorale, voire dans la déclaration gouvernementale, bien moins en cours de législature.
La foire aux bonnes idées
En cette période déjà préélectorale, cela foisonne ! Entre la limitation du nombre des ministres ou députés, la réduction des émoluments, la prise en compte des votes blancs, le nombre de mandats successifs, les pensions, etc., du PTB au MR en passant par DéFI ou ECOLO, chacun y va de sa (ses) proposition(s).
Que restera-t-il de cette effervescence saisonnière, une fois les élections passées ? D’abord, il y aura un marchandage ; on n’acceptera la " bonne idée " de l’autre que si la sienne est également retenue. Principalement, il reste très difficile de remettre en cause ce bon vieux " on a toujours fait comme ça " ! Surtout pour les présidents de parti qui entendent bien rester à la manœuvre et que tout cela ne dérègle pas de grands équilibres invisibles.
Mais à force de s’empêcher de changer, de rafraîchir les pratiques, celles-ci se sclérosent et permettent aux formations populistes de jubiler.