La Chine, partenaire et rival majeur de l’Union européenne

Pour le duo européen, c’était tout sauf un voyage de courtoisie. C’était une visite sur fond de guerre en Ukraine. Depuis plus d’un an, la Chine refuse de condamner l’agression russe. Il y a quelques jours à Moscou, le président chinois Xi Jinping a réaffirmé son amitié "sans limites" avec le chef du Kremlin, Vladimir Poutine.

Les Européens redoutent un plus grand soutien de Xi Jinping à son allié. Par exemple, en lui fournissant des armes et des munitions. Ils voudraient, au contraire, que la Chine fasse pression sur la Russie pour mettre fin au conflit.

D’où le défilé continu de dirigeants européens à Pékin : le chancelier allemand Olaf Scholz et le président du Conseil européen Charles Michel fin de l’année dernière, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez la semaine dernière et maintenant Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen.

La Chine est devenue un incontournable et de plus en plus difficile à gérer pour les Européens. C’est la deuxième puissance économique mondiale. C’est un champion dans les technologies de pointe. C’est le deuxième partenaire commercial de l’Union européenne.

Voilà pourquoi, malgré les tensions provoquées par la guerre en Ukraine, le président français Emmanuel Macron considère qu’il ne faut pas se distancier, "se découpler" de la Chine. Il est d’ailleurs venu à Pékin avec une cinquantaine de patrons, comme celui d’Airbus. L’avionneur européen va doubler sa capacité de production en Chine. Des accords ont également été signés dans les secteurs nucléaire, éolien, dans la gestion de l’eau ou encore dans l’agroalimentaire.

Pour l’Union européenne, la Chine est et restera un partenaire commercial majeur. Mais avec quelques nuances de point de vue entre Européens. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen juge elle aussi, je la cite, "qu’il n’est ni viable, ni dans l’intérêt de l’Europe de se distancier de la Chine". Mais la responsable allemande insiste également sur un autre point. Il faut, dit-elle, réduire les faiblesses de l’Union européenne face à la Chine.

Ursula von der Leyen fait des constats préoccupants. "La Chine, dit-elle, devient plus répressive à l’intérieur et plus ferme à l’étranger". Pékin "fusionne ses secteurs militaire et commercial". Les échanges commerciaux sont importants mais de plus en plus déséquilibrés à l’avantage de la Chine. Enfin, l’Europe est trop dépendante de la Chine dans l’approvisionnement en terres rares, en magnésium, en lithium. Des matériaux indispensables pour assurer la transition numérique et écologique de l’Europe.

Conclusion de la présidente de la Commission : l’Europe a déjà des outils de défense commerciale. Elle doit les utiliser. Mais elle doit maintenant se doter d’une nouvelle stratégie de réduction des risques dans des domaines spécifiques comme les technologies de pointe qui pourraient être utilisées à des fins militaires par la Chine.

Parmi les 27, il y a des pragmatiques comme la France ou l’Allemagne. D’autres suivent la ligne d’Ursula von der Leyen, qui, comme les Pays-Bas, se rapprochent de l’intransigeance des Etats-Unis à l’égard de la Chine.

Mais il ne faut pas oublier que la Chine, de son côté, a ses propres objectifs évidemment. Elle fera tout pour diviser les Européens et les éloigner de leurs alliés américains. C’est la stratégie ancestrale du "diviser pour mieux régner".

En attendant, hier, malgré l’insistance de ses invités européens, le président Xi Jinping n’a – toujours – pas condamné l’invasion de l’Ukraine par son vieil ami Vladimir Poutine.