La scène se passe dans une buvette. Pas celle, devenue célèbre, de Benjamin Deceuninck et de son équipe, mais une buvette traditionnelle, avec un comptoir, des verres plus vides que pleins et une foule de gens qui regardent un match de football. En l’occurrence, France-Suisse. Kylian Mbappé rate son peno. Les gens exultent, crient et se sautent dans les bras. Très honnêtement, nous avions rarement vu une telle liesse en Belgique pour un résultat qui n’est pas un succès des Diables.
Nous n’allons pas ici revenir sur les mécanismes de cette rivalité, ni sur le seum, ni sur les frites. Mais posons-nous simplement une question : quel est l’impact de cette élimination des Bleus sur les Diables ? Sportivement, elle n’en a aucun. Il nous semble tout à fait prématuré, voire inopportun, de se réjouir d’éventuellement éviter la France en demi-finale… alors qu’un quart de finale extrêmement compliqué attend la Belgique face à l’Italie. Une Squadra Azzura bien plus solide que l’équipe de France pendant cet Euro. La revanche du Mondial ? Il faudra attendre le 7 octobre et la demi-finale de Ligue des Nations à Milan. L’enjeu sera moindre et tant mieux : on pourra, on l’espère, se focaliser sur le jeu.
Pour tout le reste, qui ne concerne pas le terrain, oui, l’élimination française peut être une bonne chose pour les Diables. Il était naturel pour les médias de suivre avec beaucoup d’attention les déboires des Bleus : cela correspondait à une attente du public. Mais ici, on va enfin pouvoir casser le lien – légitime – qui unissait les deux équipes sur le plan médiatique. Fini de regarder l’Euro sous le prisme du regard de la bande à DD. Les hommes de Roberto Martinez vont enfin sortir de l’ombre de la France et du poids de cette rivalité. On ne se débarrassera pas du jour au lendemain des comparaisons. Et d’ailleurs, en voyant la Belgique face au Portugal, il était impossible de ne pas penser à la France de 2018. Mais les Diables doivent écrire leur propre histoire. En lettres rouges, plutôt que bleues.