La présence de l’actuel président Ivan Duque, qui fut longtemps un adversaire de l’accord de 2016 car le jugeant trop favorable aux FARC, a ajouté à la force de la cérémonie organisée dans les locaux de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), tribunal créé pour rendre justice aux neuf millions de victimes du conflit : tués (260.000), mutilés, disparus et déplacés.
"Nous insistons pour demander pardon aux victimes de nos actions durant le conflit, nous comprenons chaque jour un peu plus leur douleur et cela nous remplit de tristesse et de honte", a déclaré Rodrigo Londoño, plus connu sous son nom de guerre de "Timochenko".
Rien ni personne ne peut ébranler notre conviction que la voie que nous avons empruntée est la bonne
"Rien ni personne ne peut ébranler notre conviction que la voie que nous avons empruntée est la bonne", a assuré celui qui fut à la tête de près de 13.000 combattants, aujourd’hui démobilisés et qui tentent de se réintégrer à la vie civile. Près de 300 d’entre eux ont néanmoins été assassinés depuis 2016.
L’ex-président Juan Manuel Santos, l’homme qui est parvenu à convaincre les FARC de s’asseoir à la table des négociations, a dressé un bilan "positif" des cinq années de l’accord signé avec Rodrigo Londoño, qui "a respecté ses engagements".
"Modèle pour le monde"
Avec l’accord de 2016, souvent loué par les diplomates comme un "modèle pour le monde", la guérilla des FARC, un mouvement de paysans ayant pris les armes dans les années 1960, en pleine Guerre froide, est devenue un parti politique légal (sous l’appellation "Comunes") avec une représentation garantie au parlement, mais sans réelle influence dans les urnes.
L’accord signé il y a cinq ans prévoyait des réformes politiques et agraires – la question de la terre est une clé du conflit – qui en théorie devraient être mises en oeuvre d’ici 2031.
S’il a permis de réduire considérablement la violence, de nombreux groupes armés continuent de sévir dans le pays, dont des dissidents des FARC ayant repris les armes, qui ont exploité à leur avantage le vide laissé dans les montagnes par le départ de l’ancienne guérilla marxiste.
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Ces groupes, comptant près de 10.000 membres, vivent du narcotrafic et de l’exploitation minière illégale, contribuant à la déforestation.
La situation sécuritaire dans ces zones éloignées et marginalisées reste critique, avec des violences à l’encontre des communautés locales, en particulier indigènes et d’origine africaine, des assassinats de leaders sociaux, de défenseurs des droits humains et de l’environnement.